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L'Algérie des pétrodollars aux agrodollars
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 07 - 2020


Par Dr Boudjemâa Haichour(*)
Il y a quelques années, je me suis penché, en soutenant mon mémoire de licence en sciences économiques, sur ce que veut dire «pétrodollar, est-ce une unité monétaire ou une quantification physique pour décrire les rentes pétrolières des pays exportateurs de pétrole ? Au cours de ma soutenance de magister en agroalimentaire, l'idée m'est venue de réfléchir sur le concept d'«agro-dollar», pour signifier la richesse à partir des avoirs en devises provenant des recettes des exportations agricoles.
Depuis des décennies, l'Algérie n'a cessé d'envisager l'après-pétrole pour voir d'autres ressources exportables susceptibles de nous procurer des avoirs non pétroliers. Lors des différents Conseils des ministres et les récentes rencontres avec la presse, le Président Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé son intention d'aller vers l'exploration des mines aurifères, du fer, du phosphate et autres...
La ruée de la jeunesse vers l'eldorado
Mais aussi créer les conditions idoines pour la jeunesse d'aller en pionniers vers cet eldorado, afin de faire de notre Sud le grenier à blé de notre pays grâce l'irrigation par les puits artésiens de cette eau frémissante dont la nappe de l'Albien regorge, créant des prairies verdoyantes couvertes de végétations pour l'élevage de la race bovine, le lait frais des camelins, etc. L'Algérie doit-elle rester indéfiniment dépendante des marchés céréalier (78% de blé tendre et 45% de blé dur) et laitier mondiaux ?
Premier consommateur de blé dur dans le monde, notre pays consomme de par le modèle de consommation quelque 200 kg de blé par an et par habitant, et 134 litres en équivalent lait en moyenne par habitant et par an nous plaçant comme 1er consommateur de lait dans la région Maghreb.
Alors que les statistiques avancent une production nationale annuelle de lait d'un peu plus d'un milliard de litres, soit le tiers de la demande exprimée, c'est-à-dire que nous consommons 3,7 milliards de litres/an dont 2 milliards de lait cru, 500 millions de lait en poudre et 1,2 milliard de lait en sachet.
Le pipeline du lait en contrepartie du pipeline du gaz
L'Algérie fait face à un marché laitier où la poudre de lait, dont une partie transformée, est exportée vers l'étranger. La transformation dans les complexes laitiers de la poudre revient à plus de 2 000 dollars la tonne. Tandis que la tonne de blé varie entre 227 et 229 dollars transport inclus.
Ajoutons aux blé et lait la consommation des huiles alimentaires qui sont de l'ordre de 400 000 tonnes environ, soit 360 millions de litres d'huiles brutes transformées par an. Quant au sucre, l'Algérie en consomme 1,1 million de tonnes dont le raffinage du sucre roux est assuré également par le groupe Cevital.
L'offre globale des fruits et légumes frais est de 9 millions de tonnes environ dont 5,5 millions de tonnes de fruits frais, 3,5 millions de légumes (production nationale) et 250 000 tonnes de fruits exotiques (bananes et autres) provenant du marché international. Pour ce qui est de la consommation de viande rouge : 340 000 tonnes, de viande blanche : 240 000 tonnes) et quelque 40 000 tonnes de viande congelée (12%).
Sans compter la filière avicole composée de 1950 producteurs qui approvisionnent le marché par 240 000 tonnes de viande, poulet, et dinde de production locale.
La population qui a atteint environ 44 millions d'habitants pourrait-elle subvenir à ses besoins alimentaires lorsque le modèle de consommation est biaisé par un gaspillage énorme ?
La sécurité et l'autosuffisance face l'arme alimentaire
L'autosuffisance alimentaire est bien différente de la sécurité alimentaire. Car ce qui importe c'est de pouvoir produire de la nourriture capable de faire face à la demande quels que soient les paramètres démographiques et les éléments du revenu national. L'aggravation extrême du problème alimentaire dans le monde et la question de l'équilibre entre la population et les ressources alimentaires sont les fondamentaux dans la recherche de l'indépendance alimentaire.
L'arme alimentaire appelée communément «le pouvoir vert» est de plus en plus brandie dans les négociations inter-Etats. La concurrence entre la bio-alimentation et la bio-énergie, si elle se développe, conduira à une inflation immaîtrisable. Aujourd'hui encore le marché mondial du grain reste dominé par les multinationales qui dirigent le négoce des céréales.
Il existe les cinq grandes compagnies telles Cargill, Continental, Nestlé, Bunge, Dreyfus, André, ces grandes firmes ne sont pas cotées en Bourse et ne publient pas leurs résultats financiers. Elles gèrent la distribution et la transformation du grain à l'échelle mondiale. Ces géants du grain sont de véritables raffineries de céréales. Elles contrôlent tous les «pipelines» du grain du cultivateur au consommateur.
Quant à la Bourse de Chicago, celle-ci détermine les fluctuations des prix de la tonne. Les nouveaux défis seront ceux des performances à apporter au secteur de l'agriculture pour préserver notre sécurité alimentaire. Selon les estimations de l'ONS, l'Algérie connaîtra le seuil des 51 millions d'habitants en 2030 et 70 millions d'habitants en 2050.
Aujourd'hui la Surface agricole utile est de 8,5 millions d'hectares (terres cultivables) soit 19,7% de la superficie agricole totale avec une jachère de l'ordre de 37,5% de la SAU dont 10% pour l'arboriculture (oliviers, figuiers, palmiers dattiers... et 5% de la SAU de cultures maraîchères. La partie désertique couvre 84% de toute la superficie soit 2 millions de km2. L'urbanisation concentre plus de 72% de la population et que 12 wilayas du Sud algérien avec une densité de 20hab/km2 représentent 89% de la superficie du pays pour à peine 13% de la population.
Par contre 36 wilayas du Nord avec une densité supérieure à 20 hab/km2 représentent 11% de la superficie du pays regroupant 87% de la population selon les données de l'ONS. On a toujours constaté que l'économie algérienne est tributaire de la rente pétrolière et gazière qui détermine à ce jour l'architecture des lois des finances reposant sur les fluctuations du prix du baril.
L'après-pétrole, est-ce un mirage ou une réalité ?
Il faut signaler que malgré les efforts de l'Etat, les exportations des hydrocarbures représentent 96% de nos recettes en devises qui impactent selon le prix du baril toute notre politique sociale et économique. En 2019, le FMI avait prévu un PIB de 200 milliards de dollars alors que le taux de croissance était de 2,7%. Le dollar s'échangeait au voisinage de 117 DA et l'euro pour 138 DA. Le dinar a chuté tant en dollar qu'en euro. Cette dépréciation s'est encore accrue en cette crise du Covid-19. Sur le marché parallèle, la dépréciation est encore plus forte. L'Etat continue d'apporter son soutien à travers les transferts sociaux budgétisés qui ont atteint 1772,5 milliards de DA, soit plus de 22,8% du budget de l'Etat en 2019 qui est de 8 560 milliards de DA.
Les réserves de change et la valeur du dinar
Les réserves de change du pays telles qu'annoncées par le gouverneur de la Banque et ministre des Finances se situent à 62 millards de dollars en ce mi-juillet 2020, confirmées par le président de la République lors de sa rencontre avec la presse. Il faut noter qu'un montant d'environ 66 milliards de dinars a été consacré à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Elles seront au voisinage de 51 milliards de dollars d'ici fin décembre 2020. À moins d'une remontée fulgurante du baril où les réserves connaîtront une progression. La vache locale reste tributaire des ressources fourragères naturelles disponibles que nous importons. Le rendement par vache où l'élevage traditionnel bovin, ovin, caprin sans une couverture sanitaire et sans aliment de bétail adéquat ne peut satisfaire les besoins de la population.
Cette défaillance est due notamment au déficit chronique de la balance commerciale suite à la hausse considérable de la surfacturation des importations et une faible contribution des exportations hors hydrocarbures. Ceci a grandement affecté les équilibres.
Développer les zones d'ombre
D'abord comment éradiquer le phénomène de la surfacturation à l'importation pour pouvoir assurer l'équilibre de la balance des paiements ? Pour nous assurer l'autosuffisance et la sécurité alimentaires, il faut aller développer les territoires ruraux où émergent encore des zones d'ombre, source de précarisation et de sous-développement.
Il faut aller au plus vite à l'initiative privée créatrice de richesse et d'emploi par l'encouragement d'une nouvelle génération de producteurs par l'offre de crédits, de contrôle et de suivi conséquents de l'Etat jusqu'à la maturation et la mise en marche des projets de la jeunesse. Ce qui nous ramène à un nouveau système de financement agricole au bénéfice des jeunes dans la mise sur pied des petites et moyennes exploitations soutenues par un dispositif d'assurance et de risques. Il faut envisager des grands projets en partenariat avec des IDE dans le Sud et les Hauts-Plateaux, y compris dans le raffinage. Sans le développement des capacités des chambres froides pour le stockage et les centres de conditionnement, tous les produits céréaliers, agrumes et maraîchers risquent de pourrir. D'où la valorisation et la réhabilitation des périmètres agricoles et les systèmes oasiens traditionnels ainsi que l'élevage du camelin. Quant aux régions montagnardes l'extension de l'arboriculture fruitière et la culture du miel génèrent de nouveaux emplois pour les jeunes. La pêche et les ressources halieutiques sont la parent pauvre de notre économie agro-industrielle surtout que nous possédons 1200 km de côtes et le poisson «noble» meurt de vieillesse sans que le citoyen en profite et parfois vendu en haute mer laissant la sardine au pauvre à 600 DA le kg.
Vers un plan de relance économique rationnel
L'année 2020, impactée par la pandémie, a connu des difficultés propres à tous les pays du Nord et du Sud. La décision a été prise par le président de la République d'anticiper grâce à un effort de maîtrise de nos finances en réserves de change et en épargne par les dividendes tirés de nos avoirs pétroliers, de préparer un plan de relance économique pour faire face à des crises systémiques monétaires et financières. Les exportations limitées aux exportations représentant un prix de 50 dollars le baril (hypothèse haute) soit 33 milliards de dollars/an alors que les importations sont de l'ordre de 45 milliards de dollars/an.
Ceci a engendré un déficit de 12 milliards de dollars très maîtrisable, sauf s'il y a effondrement des cours du brut, nous risquerons d'aller piocher dans les réserves de change. Il faut se rappeler qu'en 2013 le montant des réserves de change était de 194 milliards de dollars. En six ans, soit fin 2019, ces réserves ont régressé pour atteindre le chiffre de 72 milliards de dollars pour s'arrêter à 62 milliards de dollars selon le ministre des Finances, Aymen Benabderahmane.
En l'espace de six ans, 137 milliards de dollars se sont évaporés. C'est en ce sens que le président de la République a instruit ses ministres pour préparer un plan de relance socioéconomique vers la mi-août.
Ce programme sera soutenu par des mesures rationnelles par l'exploitation optimale et transparente de toutes nos richesses naturelles. Il faut réduire notre train de vie en supprimant toutes les dépenses inutiles. Ce plan de relance, qui sera la feuille de route une fois adopté, doit préserver le caractère social de l'Etat et le pouvoir d'achat du citoyen dans l'esprit de Novembre et d'une gouvernance économique saine. La stratégie qui sera élaborée doit tenir compte de notre réalité sociale et financière. Elle ne peut être efficiente et pérenne si elle n'est pas soutenue par une politique de gestion de la ressource humaine et des compétences qui auront la charge de l'appliquer, de la contrôler et de l'évaluer.
B. H.
(*) Chercheur-universitaire, docteur d'Etat en sciences économiques, modèles de régulation (système monétaire et financier international).


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