Comme chaque année, l'anniversaire du décès du compositeur Mohamed Iguerbouchène est passé inaperçu. Seul l'écrivain et musicologue Abdelkader Bendamèche en a parlé, au passage, dans l'émission Tv «Noujoum khalida» (étoiles éternelles), consacrée au musicien Merzak Boudjemia. Mohamed Iguerbouchène, né le 13 novembre 1907 à Aït Ouchène, région d'Azeffoun, dans l'actuelle wilaya de Tizi-Ouzou, est décédé le 23 août 1966 à Alger. Le 23 août 2020, c'est donc, le 54e anniversaire de la mort du compositeur algérien de musique classique universelle, universellement connu et reconnu. Ses premiers pas dans l'instruction, Iguerbouchène les effectuera à l'âge de 6 ans à l'école de Sarrouy, située au quartier de Soustara, à Alger. À l'âge de 12 ans, il se met à s'intéresser à la musique et à suivre des cours de solfège. Un jour, Iguerbouchène rencontra le comte écossais Fraser Roth qui, séduit par le potentiel du jeune algérien alors âgé de 15 ans, décida de l'aider dans sa formation artistique. Grâce à l'aide (financière) de Roth, Mohamed Iguerbouchène rejoint la ville de Manchester, en Angleterre, où il intégra le Royal Northern College of Music en 1922. Grâce à ses nouvelles relations en Angleterre, Mohamed Iguerbouchène intègre la Royal Academy of Music où le professeur Livingston l'aida à se perfectionner davantage dans la musique. En 1924, et toujours grâce au soutien de Fraser Roth, il se rend à Vienne, en Autriche, parfaire son art auprès d'Alfred Kronfeld. Une année plus tard, à l'âge de 18 ans à peine, il donne son premier concert à Bregenz, sur le lac de Constance, en Autriche. Il y joue les œuvres de son propre répertoire comme Rapsodie Kabilia ou Arabic Rapsodie. Il remporta même le premier prix de composition d'harmonie et contrepoint ainsi que le premier prix d'instrumentation et de piano. En 1934, Mohamed Iguerbouchène est admis à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) comme auteur-compositeur. La même année, il devient membre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (Sacd). Avec le temps, Iguerbouchène se détache un peu de la musique symphonique et tend vers la musique des films. Après quelques documentaires et un court métrage, Julien Duvivier lui propose de collaborer à la bande son du film Pépé le Moko dans lequel le rôle principal est joué par Jean Gabin. Pépé le Moko sera le grand début de la carrière d'Iguerbouchène en tant que compositeur pour le cinéma. En 1937, il écrira notamment la partition du film Terre idéale. En 1938, il fait, à Paris, la rencontre du chanteur Salim Hallali, originaire de Annaba pour qui il va écrire une cinquantaine de titres, la plupart interprétés dans un style flamenco en langue arabe. Ce répertoire sera, plus tard, enrichi d'une vingtaine de chansons en kabyle. En 1938, il composera, avec Vincent Scotto, la musique du film américain Algiers, réalisé par Charles Cromwell, un remake de Pépé le Moko, cette fois avec Charles Boyer et Hedy Lamarr, dans les rôles principaux. À la BBC, il a diffusé en 1939 une de ses œuvres orchestrales, une Rhapsodie maure, dirigée par Charles Brill. En 1940, la radio Paris Mondial lui confie sa direction musicale. C'est ainsi qu'il composera pour une vingtaine de courts métrages de la maison Mercier Films Inc. Mohamed Iguerbouchene a écrit plus de 160 rapsodies toutes d'inspiration de l'héritage artistique algérien. Celui que les œuvres et le génie garderont à jamais vivant dans la mémoire universelle s'est éteint en 1966 à l'âge de 59 ans après une longue maladie et dans un «anonymat» quasi total. L'émission Tv «Noujoum khalida» de la Télévision algérienne pourrait lui rendre hommage cette semaine ou prochainement... Kader B.