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Ici, Alger
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 09 - 2020


Par Naoufel Brahimi El Mili
Depuis quelques jours, je me sens bête, presque très bête. Tout le monde en parle, surtout sur la toile. Je n'ai pas vu un documentaire diffusé sur une chaîne privée française, pourtant dans le titre l'Algérie est évoquée et mise dans un contexte de révolte. Notre révolte, nous Algériens. Même la très sobre agence de presse APS avait dénoncé avec une inutile violence la petite chaîne qui monte ou qui mente, c'est selon. Je n'ai pas vu ce documentaire pour une bonne raison et une très bonne raison. La première je regarde très peu la télévision et encore moins les émissions animées par un journaliste bardé de diplômes mais qui veut faire des buzz encore plus trash que ceux de Cyril Hanouna dont les émissions sont bien déjantées. C'est dire. Aussi avais-je refusé de rencontrer le journaliste au nom à particule, aristocratie d'empire. Alors bien que sa production voulait m'allécher par la promotion de mon dernier livre qui, selon ses dires, parlait du Hirak. Assez mauvaise lecture, peu importe. L'autre raison, je voulais suivre l'entretien du Président Abdelmadjid Tebboune car je m'intéresse à sa prise de parole devant les journalistes algériens, comme je l'ai fait à chaque fois mais ce soir encore plus. Je suis beaucoup plus qu'intéressé par l'annonce de l'ouverture de l'espace aérien de notre pays. J'ai particulièrement apprécié ce format avec deux patrons de presse, l'un arabophone et l'autre francophone. Une stéréophonie qui représente l'Algérie dans laquelle je me retrouve pleinement et indépendamment de mes affinités personnelles que le lecteur devine aisément. Donc ce dimanche je n'ai pas tourné mon doigt sept fois avant de cliquer sur ma télécommande pour avoir la chaîne algérienne. Du coup, j'ai raté Bernard de Lavillardière et son micro sur la place de la République et ses caméras cachées en Algérie. Donc je ne commente pas une émission que je n'ai pas vue.
Cependant, il m'est difficile de ne pas commenter les retombées de ce documentaire. Grande était ma stupeur de lire le communiqué de l'APS qui annonce l'interdiction à cette chaîne de tourner sous une forme ou une autre en Algérie. Officiellement, l'Algérie fait une publicité plus que subliminale à une des entités mineures du paysage audiovisuel français. Mais au-delà de mes états d'âme du moment, la question cruciale et qui me taraude est celle liée à une déficience de la communication politique algérienne. Puisque on est entre nous, je vous avoue que j'ai failli écrire le mot d'absence pour qualifier la faiblesse d'une réaction adéquate.
Je reviens à l'intervention télévisée du Président Abdelmadjid Tebboune. Il a été interrogé en langue française par Nacer Belhadjoudja sur le cas du journaliste Drareni. La réponse présidentielle était claire mais non étayée. C'est au procureur de la République de communiquer sur les décisions de justice. Sa communication a dû m'échapper comme à tant d'autres. Dommage. A l'heure où l'exécutif algérien est attaqué sur ce cas aussi bien en interne que sur le plan international, le silence de la justice algérienne est préjudiciable, en termes d'image, pour le pays. Même de Gaulle, alors que son pays était occupé par les nazis, avait réagi en disant : « Ici, Londres .» Il est temps pour le pouvoir algérien de s'affirmer par un « Ici, Alger ». De la communication, pardi !
Il est vrai que la chancellerie algérienne à Paris est en situation de quasi-vacance, avec un ambassadeur toujours en poste mais partant vers des Alpes souvent enneigées, couleur assortie à ses cheveux grisonnants, il fera de nouveau passe-muraille. Il va s'installer dans une capitale fédérale d'un Etat historiquement neutre pour occuper une autre chancellerie plus adaptée aux somnolences propres aux jeunes de son âge et à sa résilience de fin de carrière. Un autre ambassadeur, plus au fait des enjeux géopolitiques, est accrédité mais toujours attendu à la chancellerie algérienne. La mission du nouvel ambassadeur sera simple et compliquée à la fois. Simple car la succession d'une vacance de fait est aisée. Compliquée car il doit mettre enfin en place une véritable stratégie de communication, hormis la gestion extinctive des visas des journalistes français. Je dois aussi rappeler que le nouvel ambassadeur dans son vécu lointain connaît très bien le monde de la presse. Aussi dois-je rappeler, avec peut-être un peu de mauvaise foi, que depuis le rappel violent et incompréhensible de Son Excellence Amar Bendjama, la chancellerie algérienne en France n'a eu qu'un espace de présence digne et efficace assuré par un chargé d'affaires brillant. Depuis son départ de Paris, les affaires courantes se limitent aux plaisirs des puissants du moment. Souvent aux ordres de l'Elysée. Les Algériens de France, plus particulièrement ceux de la capitale française, se souviennent des images diffusées sur internet, de leur ambassadeur, casquette vissée sur une tête peu chevelue portant un blouson de camionneur lors d'une pause-pipi. Son Excellence s'introduit incognito au consulat général à Paris et, assis sur un banc aux côtés d'un citoyen qui, ticket à la main, s'entend dire par son voisin : « Je suis l'ambassadeur d'Algérie, comment cela se passe au consulat ?» Stupéfait, notre compatriote se lève pour signaler la présence d'un fou aux services de protection. C'est fin, subtile et glorieux pour un ambassadeur en poste. Le consul général, une fois informé par cette comédie ridicule, a modérément apprécié. Et l'image de l'Algérie dans tout cela, dans You tube notamment ?
Toutes les chancelleries dans les grandes capitales, surtout celles des pays membres permanents du Conseil permanent de l'ONU, ont des cellules de communication bien étoffées. Celle de l'Algérie à Paris repose sur un homme, un très jeune homme, presque plus jeune que les journaux online, soit. Aussi brillant soit-il, il ne peut faire face à RSF (Reporters sans frontières) et aux autres journalistes, fussent-ils d'origine algérienne. Pour lui et son chef, l'affaire Drareni est une affaire de la justice algérienne, une simple affaire interne et qui ne peut concerner la diplomatie algérienne en France, semble-t-il. La contre-offensive n'est donc pas du ressort de l'ambassade dont les plus brillants diplomates s'emploient à gérer leur carrière fût-elle finissante. Au moment où leur pays, attaqué par les médias, peuvent-ils prendre un ton gaullien et dire : « Ici Alger » ? Pas du tout.
Quand un pitbull mord quelqu'un, la justice française accable le propriétaire du chien. L'attaque contre l'Algérie n'est pas donc du fait d'une chaîne de télévision privée mais de son maître réel. En face, à l'ambassade avec vue sur le parc Monceau, des caniches édentés, que peut être la réaction ? Riposte attendez-vous ! La Centrale, à Alger, doit faire réagir intelligemment ses services déployés et payés. Elle le fera, très certainement mais son rythme semble, en l'absence d'un véritable chef, être assez peu rapide. Mon propos n'est pas d'accabler des diplomates qui ont réussi, très certainement et brillamment, des examens et concours. Je veux tout simplement montrer du doigt l'absence d'une communication diplomatique adaptée au contexte français, fût-il non officiel. Bien sûr, ont-ils réagi avec brio par la rédaction de notes brillantissimes destinées au Quai d'Orsay et à ses archives ou broyeuses ? Je suis sévère car je n'en sais rien. Seulement, après la rédaction de deux livres sur l'histoire secrète des relations franco-algériennes plus tard, je suis convaincu qu'une Algérie nouvelle libérée de la tutelle française, impulsera une diplomatie nouvelle vis-à-vis de l'ancienne métropole. La voie est tracée, un référendum pour une nouvelle Constitution est programmé. Pour ma part, je vais fréquenter, pour une fois, l'isoloir, comme tant d'autres. J'applaudis à la dissolution d'une Assemblée nationale discréditée mais je ne peux m'empêcher de m'interroger sur le profil du député nouveau qui sera élu bien après les vendanges du territoire du Beaujolais ? Quelle cuvée aurons-nous ? Frelaté, hallal à cent pour cent ?
Il est temps de parler des partis politiques ou de leur inexistence. Je suis sévère de nouveau. Le FLN, grand parti historique qui est passé de parti de légende à parti de brocante, une vraie prouesse ! Le RND, l'un des partis uniques dont le chef est arrivé en très bas du podium à la dernière élection présidentielle ? Soyons sérieux, seul ou presque, le RCD sort du lot mais à condition qu'il fasse son aggiornamento, à commencer par changer son nom et donc acronyme, trop lié à un contexte tumultueux.
Oui, je crois en une nouvelle Algérie, surtout si j'entends un chef annoncer : « Ici, Alger .» Certes, après une quarantaine d'années de résidence à Paris, j'ai peut-être trop de références françaises mais je m'inspire de l'Histoire. Ceux qui me connaissent savent mon attachement au vieux patrimoine algérien et à ses proverbes berbères, particulièrement chaouis. Ils ont toujours fait partie intégrante de ma rhétorique. Oui, Chaoui un jour, Chaoui toujours.
N. B. E. M.


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