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Le FLN doit aller au musée !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 10 - 2020


Par Kamel Bouchama Auteur
Le nouveau secrétaire général du FLN a entamé son discours d'ouverture de la rencontre régionale de son «désormais parti», le 3 octobre, à Oran, par ce «replay insipide» auquel s'adonnent, depuis 20 ans, tous les nouveaux chefs cooptés pour diriger ce qui reste, hélas, de notre FLN, hier glorieusement respecté. Dans son subconscient, il venait présenter un discours apologique – parce que tout nouveau, tout beau – en s'essayant dans un style fougueux, pétillant. Ainsi, de sa haute tribune, décorée dans le look de cet atavisme éculé, personnifié par cette tendance qui redéployait honteusement la culture du légendaire cadre du Président.., tendance fort heureusement avortée le 22 février, il lançait péremptoirement, en s'investissant comme «imperator» à la tête de légions de centurions, au courage et au sacrifice éprouvés : «À ceux qui appellent à faire entrer le parti du FLN au musée, nous leur répondrons sur le terrain, et ils verront la force de notre parti lors des prochaines élections où seuls les intègres seront maintenus, renforcés par une assise populaire.»
Mais, franchement, il s'adressait à qui ? Dirait celui qui a grandi dans le parti du sacrifice et du dévouement. En tout cas pas aux authentiques militants du FLN qui ont compris, depuis la venue de «Fakhamatouhou», d'autres bien avant, depuis Octobre 88, que leur FLN, le vrai, pas celui des voyous et des stipendiés, n'existe plus. Oui, parce que ce FLN originel qui attend son transfert officiel au panthéon de l'Histoire était bel et bien là, il fut un temps, depuis la Révolution de Novembre. Mais il demeure aujourd'hui, seulement, dans l'hymne national et dans le cœur de la base militante, en tout cas pas à la «rue du Stade...»
Excusez-moi, Monsieur le SG du FLN..., ne m'en veuillez pas pour ce langage direct et non moins sincère et honnête, que je tiens depuis longtemps, parce que j'ai grandi dans ce FLN.
Ainsi, je sais de quoi je parle, quand je relance le débat sur le plus vieux parti algérien, non sans demander pardon à ceux, avant moi, qui avaient réclamé sa restitution à la mémoire collective, notamment les Boudiaf, Ali Haroun et Mehri. Oui, je leur ai demandé pardon, officiellement par écrit, en faisant mon mea-culpa, parce qu'aujourd'hui, le parti du FLN, auquel je croyais, est devenu honteusement un creuset où ne se rencontrent que les opportunistes sans vision, sans idée, sans passé et sans avenir. Le FLN vit présentement le moment le plus difficile de son histoire, après que des tentatives que nous croyions salutaires, notamment celles entreprises depuis l'avènement du multipartisme, ont été vouées à l'échec. Car, à chaque fois que les cadres du parti qui osaient, ont essayé de lui restituer son autonomie, sous Mehri, sous Benhamouda ou Benflis, ils ont été «marginalisés», «brimés», «maltraités».
Ainsi, je ne redouble pas d'attaques contre le FLN qui demeure pour moi le symbole de la lutte de tout un peuple et de son engagement indéfectible. Mais si j'ai réagi plus d'une fois, avec des positions claires, mais qui semblaient «bizarres» pour d'aucuns, je persisterai encore à aller à l'encontre de «personnes» qui n'ont pas compris que c'en est fini de la «dolce vita», que c'en est fini, une fois pour toutes, de ces personnes qui portent préjudice, voire qui souillent le FLN par leurs comportements inconcevables et, pour le moins, répréhensibles. Il faut qu'ils comprennent que notre peuple en a marre de voir d'indécrottables et inamovibles responsables se succéder à eux-mêmes.
Pour ma part, il faut avoir ce courage d'exprimer, au vu du délabrement qu'il vit depuis ces dernières années, entre les mains de gens exaltés, agités par la course au pouvoir et, de surcroît, sans classe et sans épaisseur politique, des positions claires, bénéfiques pour le futur. Alors, ma réflexion est tout autre aujourd'hui, elle est plus sereine, car je suis convaincu qu'il faut aller au-devant de solutions radicales pour s'accrocher au wagon du développement afin de mener la bataille de la construction de la démocratie. Ainsi, la solution du musée est la seule «alternative» pour le FLN, après un enterrement de première classe, comme le disait si bien Si Slimane, Kaïd Ahmed, déjà en 1972.
Car, franchement, pouvons-nous cacher, à présent, après cette sacrée déflagration d'Octobre 88 où les jeunes ont dit, hautement, ce que nous recelions, hypocritement, en notre for intérieur qui n'arrive plus à supporter le poids de notre hantise ? Ceux-là nous ont dit en clair : «Nous voulons d'autres responsables que vous ! Vous êtes tous érodés, détériorés, périmés, non valables en quelque sorte. Vous avez montré vos limites, c'est-à-dire votre incompétence à juguler toutes sortes de problèmes. Le peuple demande le changement radical... Il veut d'autres responsables, il exige en fait que se matérialisent la rupture et... l'alternance.»
Oui, les jeunes ont poussé pratiquement le même slogan, mais plus déterminé concernant le FLN, des années après, lors de ce Hirak historique. Ils ont
scandé : «FLN, dégage ! »
Là, j'ai eu très mal, au point d'en pleurer à chaudes larmes. Non pas parce que les manifestants ont cadencé cette infortunée sentence «FLN dégage !», mais parce que cela a réveillé en moi tous les démons de cette période de triste mémoire, où l'Histoire, les valeurs et les principes fondamentaux du pays ont été bafoués. Et cette période, malheureusement, persiste à nous pourrir l'existence en tentant de nous avilir, puisque confisquée par de sinistres individus aux actes malfaisants que la morale réprouve. Ainsi, comment ne pas pleurer, comment ne pas avoir mal, quand un parti créé par des géants est foulé aux pieds par des minus, des avortons, des gueux..., et je mesure mes mots ?
Oui, je n'en veux pas à la jeunesse d'avoir contesté, abhorré et vilipendé le FLN ; elle a tous les droits parce qu'on lui a présenté un FLN de «baltadjia», de pilleurs de terrains, de malfrats expérimentés dans les affaires louches, des amateurs de «la chkara», enfin de ceux qui ont troqué un immense capital moral contre un capital bassement matériel... J'en veux au pouvoir, de ces vingt années écoulées, qui n'a pas respecté l'Histoire, les idéaux du 1er Novembre, les hommes qui ont présidé au déclenchement de la lutte de Libération nationale et à tous ceux qui ont arrosé cette terre de leur sang pur, pour que vive l'Algérie...
J'en veux à tous ceux-là, qui n'ont pas révéré le martyre des Ben M'hidi, Ben Boulaïd, Amirouche, Zabana, Lotfi, Hassiba Ben Bouali, Malika Gaïd, Zouleikha Oudaï, et des centaines de milliers d'autres qui se sont engagés dans la bataille du destin sous l'emblème du FLN. Je leur en veux également de n'avoir pas respecté l'engagement, la détermination et l'honnêteté des vrais militants de Novembre et des authentiques leaders du FLN qui se sont succédé, depuis l'indépendance jusqu'à Octobre 1988, pour nous avoir imposé des hommes «réduits bon gré mal gré à la condition de potiches de décorum» pour régenter, à leur guise, ce FLN qui ne s'est jamais autant «mal porté» que pendant cette période, à cause de leur pusillanimité, de leur servilité à toute épreuve pour combler les desiderata des tenants du pouvoir et de l'absence de programme résumé en un slogan passe-partout : «Le programme de Fakhamatouhou.»
Oui, je n'en veux pas à la jeunesse qui, encore une fois, avait raison de crier, haut et fort : «FLN dégage !», parce qu'en fait, il s'agit d'un FLN qui, selon les nécessités de la démocratie, n'est pas «en harmonie avec les exigences des temps nouveaux et surtout avec les besoins de la jeunesse algérienne qui a mûri et évolué, parce qu'elle a beaucoup d'aspirations et... d'espoir ».
Alors, de tout ce qui précède, je vous dis, Monsieur le Secrétaire général, le FLN que vous avez trouvé dans les locaux de la rue du Stade ou ailleurs, dans l'étendue du territoire national, est bel et bien dans l'Au-delà, depuis longtemps. Je peux vous donner énormément de preuves et d'exemples pour vous convaincre qu'il n'est plus de ce monde, parce que trucidé par ceux qui ont osé cette intrusion dans ses rangs et se doter, avec une telle arrogance, de leur appartenance à ce parti, après avoir liquidé, par des pratiques pernicieuses et nuisibles, de véritables cadres ayant démontré leur fidélité au FLN. Mais vous, tout feu, tout flamme, dans votre nouvelle responsabilité vous ne voyez que le décor, comme ceux à qui vous avez succédé et, ainsi, saisi par ce vertige des cimes, comme eux, vous risquez de tomber du pinacle.
Le FLN, l'authentique, Monsieur le Secrétaire général, pour lequel je ne pense pas que vous ayez cette capacité de contenir sa propre valeur, ne peut être concerné par «vos affirmations osées et non moins provocantes» à l'encontre de ceux qui ont toujours préféré le voir dans ses bonnes dispositions que lui a attribuées la Révolution de Novembre, avec l'ardeur et le sacrifice des colonnes de chouhada. Car, le FLN, aujourd'hui, vidé hélas de sa substance – je le répète souvent – de même qu'avachi et indolent, ce monument qu'il fut et que vous pensez sérieusement représenter, après une tenue d'instance pour le moins hypothétique, hétérogène, également sans âme, insipide et sans saveur, comme disait l'ancien patron du FLN, Kaïd Ahmed, ne vous donne aucun droit de jouer dans la «cour des grands», en ces moments où les dés sont jetés et les choix doivent s'orienter inévitablement vers de nouveaux horizons faits de réformes profondes que concrétiseraient des entrepreneurs au sang neuf et aux idées fraîches. La société civile s'y attache fermement pour laver tous les affronts du passé.
Ne vous étonnez pas en lisant cette contribution, car venant de ma part, je ne peux m'abstenir de donner mon avis d'une façon ostensible, manifeste, mais surtout audacieuse, à travers les médias ou dans mes livres que j'ai déjà publiés. Je ne peux m'arrêter, tant que le FLN, même dans sa «fausse copie», comme c'est le cas aujourd'hui, est encore là, dans des conditions lamentables, qui lui ont été imposées par tant de magouilles et de projets douteux, à l'intérieur de clans où font fortune, hélas, la confusion, l'hypocrisie, la magouille et l'adversité...
Ainsi, en refaisant pour la énième fois l'état des lieux dans un style dénué de toute complaisance, parfois amer, mais toujours objectif et sans préjugé aucun car chaque mot est une vérité, l'enfant de l'authentique FLN que je suis me permet de m'exprimer et d'aller clairement au but. Oui, je m'accroche à mes convictions et avec le naturel du connaisseur des arcanes du pouvoir, j'affirme que les mêmes problèmes reviennent chaque fois avec de nouveaux responsables prédestinés qui s'installent au sommet de ce qui reste du FLN, parce que ce dernier est érodé et vit ses derniers moments de désarroi. Et ces problèmes existent à profusion, inutile de les citer. Je reste uniquement sur les résultats qui, franchement, ne nous permettent pas d'aller parader, surtout lorsque nous savons que les changements qualitatifs prédits n'ont été et ne seront qu'un leurre et que les fameux slogans, hissés très haut sur les podiums, n'ont été et ne seront, en définitive, que de l'esbroufe.
Oui, dans ces conditions, le FLN ira au musée, et d'ailleurs nous ne devons pas nous offusquer puisqu'en réalité, c'est lui le «musée» où les jeunes devront venir pour apprendre un important épisode de leur Histoire, celle qui a été, à travers les siècles, un long processus de décolonisation et de participation remarquable à la civilisation du Bassin méditerranéen. C'est pour cela, que le FLN doit accepter la sentence du destin, d'autant qu'il est le patrimoine commun que l'on doit restituer à la mémoire collective du peuple algérien. D'ailleurs, mon dernier ouvrage intitulé : Le FLN, la refondation ou... le Musée, édité en 2008, en dit long sur cet aspect, de même que sur ma défense acharnée du véritable FLN, pas celui des hommes de paille qui n'ont pas su le régénérer et lui redonner son lustre d'antan.
Enfin, les véritables enfants du FLN, dont certains parmi les nostalgiques, qui demeurent peut-être contre cette sentence, comprendront que ce sera assurément le seul endroit qui lui permettra de laver les stigmates qui lui ont été infligés par le temps et par les hommes. Ce sera le seul endroit où il se portera certainement bien, comparativement à son destin d'aujourd'hui, parce qu'au moins, là-bas, il côtoiera les objets d'art et les reliques de l'Histoire, d'augustes témoins qui affrontent inlassablement le présent et le futur à travers les vicissitudes du temps et les parodies du passé, assurément glorieux quand il ne fut pas tumultueux.
K. B.


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