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La liberté dans le respect de l'autre
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 10 - 2020

C'est un terrorisme de type nouveau qui semble prendre forme et prospérer en Europe. Nous n'avons plus affaire à ces puissantes organisations aux ramifications s'étendant sur plusieurs régions du monde ; des mouvements bien organisés, structurés et qui mettent des mois, voire des années, à préparer des attentats spectaculaires. Combattus et acculés à leurs derniers retranchements, ces groupuscules ont fini par pratiquement disparaître. Les attentats qui ont succédé à cette période ont pris pour cible les grandes foules attaquées à l'aide de camions et voitures béliers. Mais ce type d'attaques connaît lui aussi son déclin et l'on assiste maintenant à des assailles individuelles, commises par des personnes isolées.
Le Tchétchène incriminé dans ce monstrueux assassinat ne peut trouver aucune justification. C'est de la barbarie à l'état pur. C'est un acte qui nous rappelle les abominations innombrables commises par les terroristes islamistes en Algérie qui ont tué, massacré, violé, enfourné des bébés, etc. Mais ces atrocités n'émouvaient guère un monde hypocrite et indifférent.
Comment et pourquoi ce gamin de 18 ans, sans artillerie, ni bombes sophistiquées, ni même un petit revolver est-il parvenu à effrayer une puissance mondiale dotée de l'arme nucléaire ? Parce que ce terrorisme-là est le plus dangereux ! Faciles et sans grande préparation, ces opérations, décidées la nuit et exécutées le lendemain, sont à la portée de n'importe quel fou de Dieu tenté par un passage rapide au... paradis. Pour y faire face, les moyens font défaut. Les belles paroles s'envolent rapidement, les pétales des roses s'assèchent ou volent au vent d'automne, les ambiances solennelles et la ferveur patriotique disparaissent mais le danger demeure.
Nous l'avons dit, ce gamin n'a aucune relation avec les organisations terroristes. Intoxiqué par les prêches incendiaires, il a agi en choisissant le plus cruel des aboutissements, le plus radical, le plus atroce. Mais si lui n'a aucun lien avec les mouvements islamistes armés, on ne peut pas dire la même chose de son pays d'accueil, cette France qui aidait les terroristes à tuer et massacrer en Syrie pour je ne sais quelle cause « démocratique » ! Ce n'est pas le Tchétchène qui a sorti l'argent de la République pour financer ces mouvements ; ce n'est pas lui qui a puisé dans l'arsenal de la République pour les armer. Infecté par des idées malsaines, il a sorti son couteau et a commis l'irréparable. Mais il ne connaît pas le Front Al Nosra, variante d'Al Qaïda en Syrie. Les officiels français, si. N'est-ce pas un ancien ministre des Affaires étrangères de ce pays qui se félicitait du « bon travail » d'Al Nosra au Cham ? Que l'on ne vienne pas aujourd'hui réinventer l'histoire du terrorisme en France en exploitant cette sinistre affaire pour jouer aux vierges effarouchées. Si le gosse porte l'entière responsabilité du crime barbare qu'il a commis, il ne faut pas oublier certaines relations troubles avec le terrorisme. Jusqu'à cette toute dernière libération de 200 terroristes à nos portes Sud pour libérer une otage... radicalisée durant sa détention ! Tout ça pour ça !
Sur le plan politique, cette affaire semble prendre des proportions qui dépassent de loin la simple dénonciation du terrorisme et la défense des valeurs républicaines. Trop d'éléments montrent qu'elle est exploitée politiquement en faveur des forces de droite et d'extrême droite pour répondre aux besoins d'un agenda courant jusqu'aux prochaines élections. Sa proximité avec la sortie surprenante de Macron sur le « séparatisme musulman » pose plus d'une question. Nous n'irons pas jusqu'à parler de « coup monté » car nous avons assez souffert du « qui-tue-qui ?» de mauvais aloi fabriqué par les intellectuels de la nouvelle pensée rétrograde parisienne, pour en user nous-mêmes. Ce serait tuer une deuxième fois cet enseignant que pleurent les Français. Mais poser certaines questions, ce n'est ni justifier ce crime ni incriminer qui que ce soit.
La France est dans son droit de défendre ses valeurs et il serait inopportun de discuter ce droit qui est aussi un devoir. Mais franchement, ces valeurs, pour s'exprimer de la manière la plus déterminante, jusque dans les écoles de la République, ont-elles besoin de farfouiller dans ces dessins de mauvais goût ? La liberté est une notion trop noble pour jouer dans l'arrière-cour des basses provocations. Ces « œuvres » sont certes libres de toucher au sacré mais quand on les utilise pour provoquer la haine, sachant qu'elles sont mal acceptées, agit-on toujours dans le respect des valeurs, dans la sagesse ; est-on à la hauteur des exigences d'une éducation qui forme des citoyens responsables ? Le problème n'est pas celui de la liberté. Cette dernière est bafouée des milliers de fois chaque jour et personne ne s'en émeut. Des inégalités sociales à la mainmise de l'oligarchie sur les affaires de la Nation, il y a tant et tant de domaines où elle doit s'exercer, tant d'administrations, d'usines et de quartiers où elle est en attente de parole.
Quant à la liberté de la presse qui semble ne reposer que sur la nudité choquante d'un prophète, — sa représentation graphique est déjà mal acceptée par les musulmans —, parlons-en ! Qu'en reste-t-il dans un pays où la télévision appartient aux grands groupes qui possèdent déjà entreprises de travaux publics, hypermarchés, géants de la téléphonie et de la communication, usines d'armements, autoroutes, aéroports, etc. ? Et depuis peu, les grands titres de la presse écrite.
La liberté repose sur les valeurs de droit et de responsabilité. Elle s'arrête là où commence celle des autres, c'est ce que nous a appris l'école francophone. Et la petite liberté des musulmans, communauté qui souffre déjà de tant d'autres difficultés, n'est-elle pas aussi en danger quand elle subit la provocation, voire le harcèlement cyclique de ces maudits dessins ? Je ne crois pas que l'on fait avancer la cause de la liberté ou que l'on éveille la conscience d'un collégien en lui montrant les caricatures d'un prophète nu ! Si cela ne choque plus dans un pays qui a instauré le mariage légal entre hommes, que l'on comprenne que de telles choses peuvent encore offusquer certains en France et dans ce vaste monde ? Et ça choque des milliards d'êtres humains. C'est leur religion. C'est leur civilisation. Ils ne demandent pas à la France de changer sa laïcité ou de céder sur ses valeurs. Mais simplement de ne pas heurter leur grande civilisation.
Cette liberté si indulgente avec les provocateurs aux crayons acides devient inaccessible à un humoriste noir qui ose le plus grand des péchés : s'attaquer au sionisme, ce mal profond qui gangrène les pouvoirs politiques et économiques occidentaux. Dieudonné n'a pas le droit à la parole. Lui, ne peut pas critiquer une nation qui repose sur la suprématie raciale et la négation des droits d'un peuple. Il va en prison quand il monte un spectacle où il dit les vérités sur le peuple palestinien et ses souffrances. Non, la liberté c'est juste publier des dessins qui emmerdent les musulmans, ni plus, ni moins.
C'est de sagesse qu'ont besoin les grandes nations en ces moments de doute et de tensions, surtout celles où les équilibres communautaires semblent reposer sur des édifices fragiles. Cette sagesse ne veut pas dire censure, ni justification des crimes monstrueux, ni encouragement des extrémismes. Elle veut dire comprendre l'autre, le respecter, à défaut de l'aimer. Simplement. Et ça commence par une toute petite
chose : la tolérance. Comme, par exemple, dans une salle de classe, choisir, parmi mille et un sujets, ceux qui illustrent parfaitement la liberté d'expression sans stigmatiser qui que ce soit, ni troubler les esprits d'autres êtres humains qui ont leurs croyances propres. Pourquoi, bon sang, ne privilégier toujours que le sujet qui divise et incite à la haine ?
M. F.


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