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Enseignant décapité : Emmanuel Macron dénonce un «attentat terroriste caractérisé»
Publié dans El Watan le 18 - 10 - 2020

Emotion, effroi, interrogations et condamnation unanime à la suite de l'attentat terroriste à l'arme blanche, vendredi après-midi, dont l'auteur présumé est un Russe d'origine tchétchène de 18 ans. Le président Macron a parlé d'«attentat terroriste islamiste caractérisé». L'enquête est en cours.
Vendredi, dans l'après-midi, un enseignant du collège du Bois-d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, Samuel Paty, âgé de 47 ans, a été attaqué au couteau et décapité par un jeune homme de 18 ans, abattu par la police quelques rues plus loin.
La victime, professeur d'histoire, avait montré le 5 octobre à ses élèves, lors d'un cours sur la liberté d'expression, des caricatures du prophète Mohamed publiées par Charlie Hebdo. Il avait proposé auparavant aux élèves qui le souhaitaient de sortir de la classe. Son cours avait néanmoins suscité des remous et des réactions de parents d'élèves. Selon les premiers éléments de l'enquête, c'est en représailles que cet enseignant a été attaqué et décapité. D'après le maire de la commune voisine d'Eragny, sur laquelle a été abattu le tueur, ce professeur «avait été menacé» après son cours sur la liberté d'expression, et avait même «porté plainte». En effet, un père d'élève, dont la fille n'avait pourtant pas assisté au fameux cours, avait diffusé par la suite une vidéo dans laquelle il dénonçait l'enseignant. Il avait même publié son nom, ce qui avait motivé la plainte du professeur.
«Des faits extrêmement graves» selon le procureur de la République antiterroriste
Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est auto-saisi de l'affaire et a ouvert une enquête pour «assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste criminelle». «Neuf personnes ont été placées en garde à vue. Il s'agit de proches de l'entourage familial de l'assaillant», selon les policiers. Hier matin, cinq autres personnes ont été placées en garde à vue. Ces cinq nouvelles personnes ont été interpellées dans la nuit de vendredi à samedi. Parmi elles, figurent deux parents d'élèves du collège où travaillait la victime, notamment le père qui avait diffusé la vidéo dénonçant le professeur après son cours.
Le présumé assassin, d'origine tchétchène, est né à Moscou en 2002, selon une pièce d'identité qui a été retrouvée sur lui. Il était inconnu des services de renseignement, ses parents sont des réfugiés tchétchènes. Lui avait obtenu sa carte de séjour à sa majorité en mars dernier. «Il avait sur lui un couteau de type poignard, une arme de poing de type airsoft et cinq cartouches», a indiqué le procureur antiterroriste dans sa conférence de presse. L'acte terroriste – prémédité et préparé – a été revendiqué sur internet par un message et une photo de la victime. Le texte a été authentifié par les services de renseignement.
Dans sa conférence de presse dans le courant de l'après-midi, le procureur de la République antiterroriste Jean-François Ricard, qui a confirmé des faits déjà connus, a décrit le contexte dans lequel l'attentat a été commis, son mode opératoire et fait le point sur les premiers éléments de l'enquête en cours. Il a évoqué «des faits extrêmement graves», allant jusqu'à des menaces contre le président Macron. Le procureur a aussi évoqué un très haut niveau de menace terroriste sur le pays. C'est au moins un attentat qui est déjoué par mois. Cet attentat intervient trois semaines après l'attaque au hachoir perpétrée par un jeune Pakistanais de 25 ans près des ex-locaux de Charlie Hebdo à Paris qui avait fait deux blessés graves en plein procès des attentats de 2015, lequel doit se poursuivre jusqu'au 10 novembre.
Depuis la vague d'attentats djihadistes sans précédent amorcée en 2015 en France, qui a fait 259 morts avec ce professeur, plusieurs attaques ont été perpétrées à l'arme blanche, notamment à la préfecture de police de Paris en octobre 2019, ou à Romans-sur-Isère en avril dernier.
«Ce sont les valeurs les plus fondamentales de la République qui sont touchées»
Arrivé sur place vendredi vers 21h, le président Emmanuel Macron a qualifié la décapitation de l'enseignant d'«attentat terroriste islamiste caractérisé». «Tous et toutes nous ferons bloc. Ils ne passeront pas. L'obscurantisme et la violence qui l'accompagne ne gagneront pas. Ils ne nous diviseront pas. C'est ce qu'ils cherchent et nous devons nous tenir tous ensemble», a ajouté le chef de l'Etat français, en affirmant que «la nation toute entière sera là à leurs côtés, aujourd'hui et demain pour les protéger et les défendre».Un Conseil de défense présidé par le chef de l'Etat se tiendra aujourd'hui.
Hier, c'est le Premier ministre, Jean Castex, qui a fait part de son indignation, dénonçant des «agissements barbares» au cours d'une réunion au ministère de l'Education nationale. «Compte tenu des éléments dont je dispose, ce sont des actes qui sont imputables au terrorisme islamique», a-t-il déclaré.
«Je veux vous faire part de ma totale indignation. La laïcité, colonne vertébrale de la République a été, à travers cet acte ignoble, visée.» «Nous n'avons pas l'intention de ne pas réagir face à ces agissements inadmissibles.» Et d'ajouter : «Je veux vous faire part de ma totale indignation, de celle du président de la République, de celle du Gouvernement, et du pays tout entier. Evidemment, au-delà de la personne de M. Paty, vous avez tous conscience que ce sont les valeurs les plus fondamentales de la République qui sont touchées : après la liberté de la presse, et Charlie Hebdo, la liberté d'enseigner, bref, la République.» La classe politique a largement réagi à cette attaque, dénonçant qui un «ignoble crime», qui un «assassinat barbare».
La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, et le député LR Eric Ciotti ont tout deux évoqué une «guerre contre l'islamisme». «Le séparatisme islamiste doit être combattu sans relâche, sans jamais faiblir», a réagi de son côté la députée La République en marche des Yvelines Aurore Bergé, alors qu'un projet de loi sur le sujet doit être présenté le 9 décembre en Conseil des ministres.
A l'Assemblée nationale, les députés se sont levés pour «saluer la mémoire» de l'enseignant décapité et dénoncer un «abominable attentat». Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en déplacement au Maroc, est aussitôt rentré à Paris et a ouvert une cellule de crise «en lien avec le président de la République et le Premier ministre». Sur les réseaux sociaux, des personnalités politiques de tous bords, des journalistes mais aussi des anonymes, ont donc été nombreux à republier les caricatures controversées de Charlie Hebdo. Des messages appelant les quotidiens à mettre à la Une demain les dessins ont également été partagés.
Des marches et rassemblements ont eu lieu à travers le pays hier. L'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, conjointement avec Dessinez Créez Liberté, SOS Racisme et des syndicats de professeurs, ont lancé un appel à se rassembler cet après-midi à 15h sur la place de la République à Paris pour rendre hommage à la victime. Un hommage national sera rendu à l'enseignant victime de l'attentat terroriste.
Les Musulmans «entre le marteau et l'enclume»
Du côté des Musulmans de France, le choc et l'indignation font écho à ceux du reste de la communauté française. «Je suis abattu parce que c'est un acte inqualifiable qui est perpétré au nom d'une religion qui n'a rien à voir avec un acte ignoble», a réagi vendredi 16 octobre sur franceinfo Tareq Oubrou, l'imam de la grande mosquée de Bordeaux. «La religion musulmane est en otage de ces comportements ignobles», a-t-il ajouté. «Quelles que soient la pensée, la croyance, même l'insulte, la caricature de l'autre, rien ne justifie le fait de tuer une âme. C'est un péché mortel, capital que de tuer une personne comme ça, d'égorger comme ça, sous prétexte qu'il a montré les caricatures du prophète», déplore Tareq Oubrou. Il se dit «doublement affecté, en tant que citoyen, en tant que musulman. Il n'y a aucune guerre des civilisations. Il y a des actes qui n'incombent qu'aux hommes qui les ont perpétrés». La communauté musulmane «est dans un mauvais état», estime l'imam. «Nous sommes très affectés parce que chaque jour qui passe sans incident nous louons Le Seigneur. C'est devenu insupportable. On est entre le marteau et l'enclume.»
A noter que dans une tribune dans Le Monde suite à l'annonce du projet de loi du président Emmanuel Macron visant à combattre le «séparatisme islamiste» en France, le Recteur de la Grande mosquée de Paris et vice-président du Conseil français du culte musulman, Chems-Eddine Hafiz, a rappelé que La Grande Mosquée de Paris a mis en place un «contre-discours qui vise à la fois à porter la contradiction aux milieux extrémistes, à délivrer le vrai message islamique, y compris sur les réseaux sociaux, et à faire de la pédagogie afin de réenchanter la République et ses valeurs, en rappelant que celles-ci ne sont en rien en opposition avec l'éthique islamique. Bien au contraire».
Paris
De notre bureau
Nadjia Bouzeghrane
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