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Hassan II nous l'avait dit : il tenait au référendum
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 11 - 2020

Casablanca, début août 1988. C'était l'un des étés les plus torrides. De mémoire de Casablancais, on n'avait jamais vu une telle canicule. Nous avons laissé Alger dans sa moiteur, écrasée par un ciel chauffé à blanc et nous pensions que l'Atlantique allait nous offrir un temps plus clément. Il n'en fut rien. À peine descendus du Boeing d'Air Algérie, nous avions hâte de rejoindre nos chambres pour une douche bienfaisante et une sieste réparatrice. Mais, protocole oblige, il nous fallait répondre à l'invitation des Marocains qui tenaient à nous fêter dès les premières heures de notre présence. Une sympathique réception nous attendait dans une salle de l'hôtel où nous fûmes reçus par des cadres du ministère de l'Information et des confrères.
C'était la première visite de journalistes algériens après la reprise des relations diplomatiques. C'était même le premier déplacement de cadres algériens. Les Marocains avaient prévu de nous intégrer dans le cortège royal pour une tournée que devait effectuer, le lendemain, le roi Hassan II à travers certains quartiers de Casablanca. Mais la canicule en décida autrement : elle fut annulée.
Par la suite, nous visitâmes la corniche de Casa, Rabat, Marrakech, Beni Mellal, Fès, Ifrane et, dans chaque étape, nos hôtes firent preuve de courtoisie et d'hospitalité, confirmant tout le bien que nous pensions du peuple marocain. Retour sur Casablanca. Il ne restait plus que quelques jours avant notre retour quand nous reçûmes une invitation pour assister à l'inauguration de la nouvelle villa du directeur de la MAP (agence de presse officielle du royaume). Et c'est au cours de cette réception que l'inamovible ministre Driss El Basri nous rendit visite en coup de vent pour prendre le verre de l'amitié et avoir de nos nouvelles. Avant de partir, il nous recommanda de nous habiller correctement pour le programme du lendemain.
Que voulait dire cette «recommandation» ? Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner qu'une rencontre avec le roi devait avoir lieu le jour suivant. Certainement au palais de Skhirat situé sur la côte atlantique, entre Casa et Rabat, où le roi passe l'été.
Le roi allait nous recevoir, mais certainement pas pour prendre le thé avec nous. Et si c'était pour une interview ? Et dans ce cas, que dire ? Que poser comme questions ? Les relations venaient à peine de reprendre et l'on ne savait pas encore si l'Algérie maintenait sa position sur le Sahara Occidental ? Des rumeurs faisaient état du poids grandissant d'un certain Larbi Belkheir à la présidence qui poussait dans le sens d'un rapprochement avec le Maroc, quitte à «oublier» momentanément le dossier saharien. Nous étions révoltés. Pas seulement les boumediénistes. Une grande partie de la classe politique et des intellectuels voyaient d'un mauvais œil cette proximité douteuse avec un régime pourri, connu pour ses pratiques maffieuses et sa féroce répression contre les patriotes, sans parler de son orientation économique à mille lieues de nos convictions socialistes. Et la goutte de trop fut ce coup de force imposé par Hassan II au Sahara Occidental qu'il occupa après la sinistre marche verte. Mais il fallait la connaître cette position algérienne avant de rencontrer cet animal médiatique redoutable qu'est Hassan II.
Direction : l'ambassade algérienne. Le pauvre Mehri, ambassadeur fraîchement installé, n'avait rien à nous refiler comme renseignements. Suggestion d'un membre de l'équipe : appeler le ministère de l'Information. Silence radio. Appelons Larbi Belkheir à la présidence ! Il est en congé.
Il fallait nous débrouiller sans l'aide des représentants de l'Etat algérien. Le chef de mission, directeur de l'information au ministère, proposa de tenir une réunion à l'hôtel pour discuter les questions à poser. Je n'aime pas trop ces mises au pas et, d'ailleurs, en posant ma question au roi, j'étais largement sorti du texte. Le chef de mission rejeta l'idée de se réunir dans sa chambre. «Il doit y avoir des micros. Allons dans la chambre de Maâmar.» Bienvenue camarades ! Oh, les micros, je crois qu'il y en avait plus chez moi. Il n'y a pas longtemps, Radio Tanger me tombait dessus chaque nuit... J'ai même entendu que je n'existais pas ! Que mes éditos à la Une d'El Moudjahid étaient, en réalité, des communiqués du Conseil de la Révolution !
On discuta les questions et, évidemment, le Sahara Occidental figurait au premier plan. Le lendemain, un minibus climatisé nous déposa devant le palais de Skhirat. Le temps était clément. On nous conduisit à la terrasse de la piscine. Grand moment d'émotion en jetant un coup d'œil sur l'eau limpide qui fut un jour rouge du sang des invités à l'anniversaire du roi lorsque des soldats surgirent pour ouvrir le feu sur les ministres, ambassadeurs et autres cadres. Mon regard se porta sur les cabines alignées et un autre moment dramatique surgit de mes souvenirs de lecture : le djoundi devant exécuter Hassan II le conduisit dans l'un de ces cagibis mais au moment de tirer, il se produisit un miracle et l'exécuteur lâcha son pistolet. C'est ce que racontait la presse de l'époque. Ajoutée à celle d'un autre miracle, lorsque l'avion royal échappa aux tirs nourris d'avions de chasse de l'armée marocaine, cette version alimentait les croyances populaires sur l'invincibilité du monarque, protégé par un «pouvoir divin !»
Le roi s'excusa et nous donna rendez-vous pour plus tard. Nous fûmes invités à déjeuner dans un petit restaurant sympathique ayant les pieds dans l'eau. Pourquoi ce changement de programme ? «Vu le décalage horaire, Sa Majesté n'a pas encore le détail d'une réunion importante à l'ONU où se trouve notre ministre des A.E. Le Sahara Occidental est au centre de cette rencontre.»
En milieu d'après-midi, nous rencontrâmes enfin le roi. Teint de bronze, l'épuisement se lisait sur son visage lessivé. Je passe sur le détail des questions-réponses pour m'arrêter au sujet qui nous intéressait : le Sahara. Le roi nous informa qu'un référendum devait avoir lieu et qu'il ne voyait aucun inconvénient à ce qu'il se tienne. Hassan II précisait qu'il était le premier à respecter la légalité internationale. Il restait à fixer la date de ce référendum. Etait-il
sincère ? Je ne le pense pas. Oui, il tenait à ce référendum pour rester dans le politiquement correct. Mais, il travaillait en coulisses pour que le résultat de la consultation soit favorable aux thèses marocaines. Comment ? En envoyant le maximum de Rguibet marocains au Sahara pour faire pencher le vote de son côté.
En réalité, c'était un plan voué à l'échec dans la mesure où les tribus du Sahara Occidental sont connues et répertoriées. Le Polisario découvrit le pot aux roses et fit appel à ses chefs de tribus pour recenser les vrais Sahraouis. Les Marocains ne l'entendaient pas de cette oreille. Débats byzantins. Une année plus tard, l'Algérie entrait dans une zone de turbulence qui s'aggrava en événements dramatiques nécessitant la mobilisation de l'armée et des forces patriotiques pour terrasser l'intégrisme armé. La priorité allait à la défense de la République en danger. L'occasion était trop belle pour Hassan 2 qui continua à louvoyer. Mais la vérité nous oblige à reconnaître qu'il n'avait jamais remis en cause le référendum, ni pensé à une éventuelle autonomie. Il travaillait en sourdine pour que la majorité des votants adopte le choix de la nationalité marocaine. L'arrivée de Mohammed VI changea totalement la donne. Encouragé par la France, il repoussera l'idée du référendum et inventera le stratagème de l'autonomie. Les derniers événements dans la zone montrent à l'évidence que le peuple sahraoui a fini par comprendre que la liberté s'arrache et qu'elle ne se donne pas. Mais la tâche est difficile. Outre la France, ce sont maintenant les puissances du Golfe, menées par les Emirats, qui se liguent contre le Polisario. L'inauguration d'un consulat émirati à Laâyoune quelques semaines après la normalisation avec Israël aurait dû ouvrir les yeux à beaucoup d'observateurs. On sait d'où vient le coup et qui est réellement visé.
Enfin, pour l'anecdote, ma question sur les conditions de vie pitoyables des masses rurales déplut énormément au roi. L'interview fut diffusée à Rabat et à Alger. Ma question a été effacée à la télé algérienne, certainement sur ordre de Larbi Belkheir, alors qu'elle est passée le plus normalement du monde à la RTM !
M. F.


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