Un comité d'amitié avec le peuple sahraoui en Nouvelle-Zélande a été créé vendredi dernier, lors d'un forum en ligne, en présence du représentant du Front Polisario en Australie et en Nouvelle-Zélande, Mohamed Fadel Kamal, et de la députée du Parti des travailleurs au pouvoir, Louisa Wall, a rapporté hier samedi l'Agence de presse sahraouie, SPS. Cette réunion officielle de lancement du comité de solidarité à laquelle a également pris part la députée et chargée des relations extérieures du Parti vert, Golriz Ghahraman, a été transmise en direct via les réseaux sociaux, alors que des dizaines de citoyens néo-zélandais et d'amis du peuple sahraoui l'ont suivi à travers le monde. Le forum a été inauguré par Matthew Galloway, l'un des fondateurs du Comité d'amitié néo-zélandais avec le peuple sahraoui, qui a indiqué dans son discours que les participants à l'initiative «annoncent aujourd'hui la création du comité d'amitié néo-zélandais avec le peuple sahraoui, qui inclut dans ses membres des citoyens de toute la Nouvelle-Zélande, se soucient de sa situation et soutiennent sa juste cause». Il a fait savoir que «la mission du comité est la sensibilisation à la question du Sahara Occidental, et exhorter le gouvernement néo-zélandais à contribuer positivement à la décolonisation du Sahara Occidental, et à exercer des pressions sur les entreprises néo-zélandaises pour mettre fin au pillage des ressources du peuple sahraoui et mettre un terme à son soutien à l'occupation illégale marocaine». Dans une brève rétrospective sur l'histoire de la décolonisation du Sahara Occidental et les derniers développements qu'a connus cette région, le représentant du Front Polisario, Mohamed Fadel Kamal, a rappelé «qu'en raison des obstacles marocains et des violations répétées du cessez-le-feu, la guerre a repris en novembre de l'année dernière». Il a expliqué, dans ce cadre, que l'une des raisons de la reprise de la guerre est également le manque de réactivité des Nations-Unies et de la communauté internationale vis-à-vis de la question sahraouie, déplorant «qu'aucune pression réelle n'ait été exercée sur le Maroc alors que la Minurso est devenue l'otage des autorités d'occupation marocaines». Le diplomate sahraoui a également rappelé que la région connaît actuellement «un état de guerre et que les opérations militaires se poursuivent quotidiennement le long du mur de la honte que l'armée marocaine a construit», mettant en garde contre «la dégradation de la situation» qui risque, selon lui, de «s'aggraver davantage». Il a, en outre, dénoncé le fait que «de nombreux militants sahraouis des droits de l'Homme vivent en résidence surveillée. Il cite le cas de la militante sahraouie Sultana Khaya qui est assignée à résidence depuis novembre 2020». Par ailleurs, la représentante du Front Polisario a assuré que «la Nouvelle-Zélande peut jouer un rôle plus positif dans le dossier du Sahara Occidental en encourageant l'ONU et les deux parties au conflit, à savoir le Maroc et le Front Polisario, à trouver une solution juste et durable à la décolonisation du Sahara Occidental». Evoquant le rôle prépondérant de la Nouvelle-Zélande dans l'indépendance du Timor oriental, il a notamment estimé qu'il y a «beaucoup de similitudes entre le cas du Timor oriental et du Sahara Occidental», notant que la résolution du conflit au Sahara Occidental «est dans l'intérêt de la Nouvelle-Zélande de par les critiques constantes dont elle fait l'objet pour son rôle controversé dans l'importation de phosphates du territoire occupé». Pour sa part, la députée Golriz Ghahraman a déclaré que son intérêt pour la question sahraouie «n'était pas seulement dû au fait qu'elle était membre de la Commission des affaires étrangères, de la défense et du commerce au Parlement, mais parce qu'elle est avocate spécialisée en droit international». Dénonçant l'implication des entreprises néo-zélandaises dans le pillage des ressources du peuple sahraoui, elle a exhorté la Nouvelle-Zélande à «soutenir la cause sahraouie, de par sa responsabilité dans le soutien de la décolonisation dans le monde». La députée néo-zélandaise a assuré que «la Commission des relations extérieures du Parlement néo-zélandais continuera à faire pression sur le gouvernement pour l'inciter à prendre ses responsabilités dans cette affaire et s'acquitter de ses obligations de respecter le droit international». De son côté, la députée du parti au pouvoir, Mme Louisa Wall, a salué le peuple sahraoui «qui se bat pour la décolonisation de son pays et a évoqué l'engagement de son parti à soutenir l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental». «Nous devons travailler pour forcer le gouvernement et les entreprises néo-zélandaises à adhérer au droit international, et nous devons soutenir l'organisation du référendum et la décolonisation du Sahara Occidental», a-t-elle ajouté. La France, principal obstacle, Trump, l'irresponsable Pour le président de la Commission permanente des Affaires juridiques du CNDH «le problème entravant l'application de la légalité internationale au Sahara Occidental, c'est la position de la France au sein du Conseil de sécurité». Affirmant que la position de l'Algérie à l'égard de la cause sahraouie «est en phase avec les principes de la Révolution de Novembre 54 en faveur du soutien aux mouvements de libération», il a déclaré que l'Algérie «connaît très bien, après 132 ans d'occupation française, les souffrances des déplacements et du colonialisme». Cette position «toute naturelle», a-t-il rappelé, «est dépourvue de tous calculs ou intérêts». Pour M. Fadli, l'Etat sahraoui «est victime d'un monde unipolaire impérialiste après le retrait du camp communiste de la scène politique internationale», précisant que le camp communiste constituait «une source d'appui à indépendance des peuples». Evoquant la conviction, il y a quelques années, que le Maroc allait quitter le Sahara Occidental, sur la base du partage avec la Mauritanie des territoires sahraouis, après le retrait de l'Espagne, il a relevé que «c'est là une preuve que ces territoires n'appartiennent pas au Royaume marocain comme il prétend». Il a abordé dans le même ordre d'idées un autre facteur, à savoir la confiance en l'application de la promesse de Hassan II d'organiser un référendum d'autodétermination, en vertu de l'accord de cessez-le-feu, signé avec le Front Polisario en septembre 1991 sous l'égide de l'ONU. Le Conseil de sécurité avait appelé alors au recensement des Sahraouis en prévision de l'organisation du référendum, a-t-il rappelé. «Ces deux facteurs avaient donné au Front Polisario l'espoir de parachever sa souveraineté sur tous les territoires occupés à la faveur d'un référendum d'autodétermination, mais les atermoiements du régime du Makhzen et les transgressions de la légalité internationale ont fait éterniser ce conflit, qui menace la paix et la sécurité internationales», a-t-il expliqué. Estimant que la cause sahraouie «est sortie victorieuse», après le désengagement du Maroc de l'organisation d'un référendum d'autodétermination et la violation, le 13 novembre dernier, de l'accord de cessez-le-feu, il a relevé «la dimension internationale conférée à la question sahraouie, revenue en force au-devant de la scène politique internationale, après des années de gel». S'agissant de l'annonce de Trump et la position de l'administration du nouveau Président américain à son égard, M. Fadli a estimé que la récente affirmation du porte-parole du département d'Etat, Ned Price , que son pays continuera à soutenir le processus onusien pour «une solution permanente» au Sahara Occidental à travers un l'appui de la Minurso constitue «un revirement indirect» quant à la reconnaissance de Trump. Pour cet expert juridique, la reconnaissance par l'ancien Président américain Donald Trump de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, «est un grave dérapage d'un homme des transactions, venu acheter et vendre... et qui par son comportement irresponsable, a insulté la plus grande puissance du monde». Relevant, par ailleurs, que la France «est le plus grand obstacle à la décolonisation au Sahara Occidental, en utilisant en tant que membre du Conseil de sécurité son droit de veto». APS Pillage du phosphate sahraoui L'Aren dénonce L'Association pour le contrôle des richesses naturelles et la protection de l'environnement du Sahara Occidental (Aren) a condamné l'implication du navire britannique Cambria dans le pillage du phosphate sahraoui par le régime marocain, rappelant le statut légal du Sahara Occidental, sur lequel le Maroc n'a aucune souveraineté. À cet égard, l'Aren a mis en garde contre ces opérations de pillage illégales impliquant ces navires, menées dans la partie occupée du Sahara Occidental, d'autant plus que le Sahara Occidental est un «territoire non autonome dont le peuple n'a pas pu encore exercer son droit à l'autodétermination». «Pillage et l'épuisement des ressources sahraouies par l'occupant marocain constituent une violation flagrante des chartes et traités internationaux», insiste l'association. Une étude de la Commission européenne, publiée en décembre dernier, avait révélé que le Maroc avait exporté vers l'Union européenne des produits originaires du Sahara Occidental, particulièrement du poisson, d'une valeur de 435 millions d'euros, au cours de la seule année de 2019, sans compter les sommes générées par les autorités d'occupation du pillage du phosphate, l'une des principales ressources du territoire occupé. R. I.