Au-delà de l'arithmétique sans cesse actualisée liée au nombre de demandes de dossiers de candidature aux élections législatives anticipées du 12 juin prochain, l'interrogation subsiste quant à la capacité de tout ce beau monde à intéresser une opinion publique qui semble tout bonnement déconnectée de la chose politique, engluée qu'elle est dans des problèmes quotidiens inextricables. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Le président de l'Autorité nationale indépendante des élections semble prendre du plaisir à actualiser sans cesse les chiffres liés à l'opération de retrait des dossiers de candidature aux élections législatives anticipées prévues le 12 juin prochain. Une arithmétique arrêtée avant-hier à 3 270 dossiers de candidature retirés, dont 1 420 dossiers retirés par 55 partis politiques, 1 863 dossiers retirés par les listes indépendantes et 1 275 500 imprimés des souscriptions retirés. Une comptabilité brandie par Mohamed Charfi comme étant la preuve d'un engouement et d'un intérêt pour ce scrutin de la part pas que des partis mais également d'indépendants nombreux à vouloir candidater. Voire d'une plus large adhésion populaire à cette phase de la feuille de route du pouvoir, contrairement à ce qui a prévalu lors de l'élection présidentielle du 12 décembre 2019 et du référendum du 1er novembre dernier, portant sur le projet de révision constitutionnelle ; deux scrutins marqués du sceau d'un taux de boycott record, notamment pour le second. Seulement, ces données concernant l'opération de retrait des dossiers de candidature et des formulaires de parrainage des électeurs «ne se matérialisent pas» sur le terrain, du moins pour le moment. Autrement dit, cette arithmétique n'a pas encore sa traduction sur le terrain, en termes de mobilisation militante et autre engouement populaire autour de ces candidatures. Et les rencontres tenues ces derniers temps par certains chefs de parti ne sont pas de nature à conforter ces chiffres qui, plutôt, les contredisent. C'est dans des salles faiblement garnies que ces leaders politiques se sont évertués à prêcher la bonne parole en faisant la promotion de ces prochaines élections législatives anticipées. Et ce ne sont certainement pas les présidents de Jil Jadid et du mouvement El Binaa qui nous contrediront, sans parler des chefs de cette kyrielle de nouveaux partis et autres formations « saisonnières » dont les meetings ont pris la triste forme de prêches dans le désert, de par l'insignifiance de l'assistance. Un constat qu'un cadre d'un parti qui prend part à ces élections partage, avouant que le mot d'ordre de participation arrêté est loin d'être une «partie de plaisir». S'exprimant sous le couvert de l'anonymat, notre interlocuteur affirme que l'opération de collecte des parrainages des électeurs est «laborieuse, voire très délicate au vu, explique-t-il, de l'hostilité ambiante envers ce scrutin déjà que nous éprouvons d'énormes difficultés à impliquer nos propres militants et sympathisants». Un état de fait que corrobore un cadre d'un autre parti, certes de moindre envergure. Pour ce dernier qui, lui aussi, a requis l'anonymat, cette bataille électorale s'annonce «incertaine», avouant qu'il y a un risque sérieux à ce que le parti ne puisse pas honorer la condition liée au parrainage des électeurs nécessaire à la présentation des listes de candidatures. Et de tout ce beau monde, seul, pour le moment, en attendant l'implication de certains «poids lourds» que sont le FLN et le RND notamment, le MSP semble évoluer à l'aise, lui dont les rencontres du chef drainent beaucoup plus de monde. Un Abderrezak Makri qui met à profit ces sorties publiques pour avertir contre des velléités de fraude dont il dit avoir décelé bien des exemples, accusant notamment des responsables, voire des diplomates d'inspirer et d'encourager bien des candidatures indépendantes. Il faudra peut-être «attendre l'entame de la campagne électorale pour se fixer sur le degré d'adhésion et de répondant populaire à ces élections», comme le soulignent nos deux interlocuteurs. M. K.
