Un groupe de militaires a tenté de renverser le gouvernement dans la nuit de mardi à mercredi, alors que le Président Mohamed Bazoum, élu en février dernier, qu'on dit très proche du chef de l'Etat sortant Mahamadou Issoufou, doit prêter serment demain vendredi. Des riverains du quartier de la présidence à Niamey ont raconté avoir été réveillés par des tirs : «Les tirs étaient intenses, il y avait des armes lourdes et des armes légères.» Une source sécuritaire a déclaré qu'il y avait eu «des arrestations parmi les quelques éléments de l'armée qui sont à l'origine de cette tentative de coup d'Etat. Ce groupe de militaires n'a pas pu s'approcher du palais présidentiel, lorsque la garde présidentielle a riposté», a ajouté cette source en affirmant que la situation était «sous contrôle». Le quartier présidentiel a été quadrillé par les forces de l'ordre, mais dans le reste de la ville, la situation était normale mercredi, et les gens vaquaient à leurs occupations comme si rien ne s'était passé, ont constaté des témoins sur place. Allié hier, rival aujourd'hui Paradoxalement, c'est l'ex-Président Mahamane Ousmane qui conteste les résultats du scrutin et a revendiqué la victoire, appelant à «des manifestations pacifiques» dans tout le pays. Celle prévue mercredi dernier à Niamey a été interdite. L'histoire du Niger, pays sahélien parmi les plus pauvres du monde et en proie à de récentes attaques terroristes particulièrement meurtrières, est jalonnée par les coups d'Etat. Depuis l'indépendance, en 1960, il y en a eu quatre: le premier en avril 1974 contre le Président Diori Hamani, le dernier en février 2010 qui a renversé le Président Mahamadou Tandja. Sans compter les tentatives de putsch, nombreuses. Le passage de relais entre Mahamadou Issoufou et Mohamed Bazoum est le premier entre deux Présidents démocratiquement élus. Evolution inattendue, l'ancien allié de Bazoum s'est transformé en farouche opposant, il conteste les résultats du scrutin de février, où il a été battu au deuxième tour par Mohamed Bazoum. Mais aujourd'hui, l'ex-candidat de la coalition CAP2021 demande à la Cour constitutionnelle de revoir sa copie, et appelle encore ses partisans à des marches pacifiques. L'ancien Président Mahamane Ousmane a gouverné le Niger de 1993 à 1996. Au plan sécuritaire, le pays est confronté aux attaques contre des civils qui se sont multipliées depuis le début de l'année: plus de 300 personnes ont été tuées dans trois séries d'attaques contre des villages et des campements de l'ouest du pays, frontalier du Mali. Aucune n'a été revendiquée. La dernière de ces attaques de grande ampleur a eu lieu le 21 mars dans la région de Tahoua, faisant 141 morts en quelques heures dans trois villages touaregs et des campements alentour. R. I.
