L'interpellation d'El Wafi Ould-Abbès par des agents d'Interpol à Caracas a fait grand bruit en Algérie. Le fait survient surtout à l'heure où la justice algérienne fait le forcing pour tenter d'obtenir l'extradition des personnes condamnées dans des affaires de corruption et la récupération des fonds transférés à l'étranger. Ce jeudi 10 juin, une information se répand comme une traînée de poudre : El Wafi Bachir Ould-Abbès, fils de Djamel Ould-Abbès, ancien secrétaire général du FLN, se trouve depuis la veille (mercredi) entre les mains des agents d'Interpol au Venezuela. Ces derniers sont d'ailleurs à l'origine de la diffusion d'une publication parue dans un média local, El Carabobeno, qui a fourni le numéro de la carte d'identité, du passeport, et a fourni des indications effectuées par ces agents à travers un système international qui a permis d'établir la véritable identité du mis en cause. On apprend ainsi qu'il circulait sous le nom de Blanco Ould-Abbès et qu'il était ciblé depuis le 15 janvier 2020 par un mandat d'arrêt international émis par la justice algérienne. À cette date, il avait été condamné successivement à vingt ans puis à dix ans de prison dans l'affaire de Baha-Eddine Tliba, puis dans l'affaire pour laquelle ont été jugés son père Djamel Ould-Abbès et Saïd Barkat, son prédécesseur au ministère de la Solidarité. Les faits pour lesquels a été condamné El Wafi Ould-Abbès remontent cependant à 2017, date à laquelle l'Algérie, alors en pleine crise de gouvernance, tente d'organiser des élections législatives sur lesquelles pèse lourdement la main de la «chkara», appellation désigant l'intrusion de l'argent sale en politique. Le fils Ould-Abbès en est un symbole, car il effectue à cette époque une opération «commerciale» d'un genre nouveau qui consiste à vendre des places à la députation à de riches hommes d'affaires sur les listes qui se dressent au sein du parti que gère son père. Tliba en fait partie. Durant son procès, il affirme que les fils Ould-Abbès lui ont demandé 70 millions de DA pour accéder à une place de député. L'affaire est éventée en 2017, El Wafi quitte précipitemment le territoire national. Des informations persistantes laissent entendre qu'il s'est réfugié au Venezuela où séjourne sa mère, première épouse de Djamel Ould-Abbès. Des sources proches de son entourage font aussi savoir que son père entre dans une colère noire et le renie. Ses avocats tiennent également à informer les journalistes que leur client (condamné à huit ans pour mauvaise gestion) n'a aucun lien avec la vente des places à la députation. Plusieurs sources qui suivent de près l'évolution de l'affaire s'attendent à une probable extradition du mis en cause (sauf surprise). Ce qui est sûr, c'est que cette affaire intervient au moment où l'Algérie fait preuve d'une grande insistance pour l'extradition des personnes recherchées pour leur implication dans des affaires de corruption mais aussi la récupération des fonds issus de cette corruption transférés à l'étranger et des biens générés par ce crime. A. C.