Sur le toit de l'Afrique depuis juillet 2019, et ce sacre sur le bord du Nil, les Verts continuent de dominer le continent en alignant un nouvel exploit, celui d'une sélection invaincue depuis déjà 27 matchs. La Tunisie, 2e au classement Fifa n'a pas (non plus) pesé lourd devant Belmadi et ses hommes. Dans un derby atypique qui ne manquait pas d'enjeux malgré son cachet amical, l'Algérie a joué, dominé et gagné. Et n'était-ce un arbitrage incompréhensible de l'égyptien Mohamed Maârouf, les Aigles de Carthage ne s'en seraient pas sortis avec une défaite si «clémente» au vu de l'outrageuse emprise des camarades de Feghouli sur le cuir. Vendredi à Radès, sans public il est vrai, le derby a tenu ses promesses. Presque comme d'habitude, doit-on écrire. Sauf que cette fois, la chanson chère aux Tunisiens, «Bercha bercha ya medelel», pour les mélomanes, s'accommodait parfaitement à cette équipe d'Algérie qui prenait à la gorge son hôte du jour. Les capés de Mondher Kebaier ne savaient plus respirer, prendre leur souffle et reprendre du terrain face à un invité qui n'a pas respecté les coutumes. Si bien que Bounedjah et Belaïli qui enchantaient il n'y a pas si longtemps les foules de l'ES Tunis et de l'ES Sahel allaient griller cette politesse si algérienne à un ensemble tunisien qui filait du mauvais coton depuis l'entame de cette 47e copie du derby maghrébin centre-est. Un coup franc botté par Benlamri qui déposera le cuir sur le crâne de Belaïli lequel remisait en pointe où Bounedjah, profitant d'une feinte de tir de Zerrouki, propulsera le ballon d'une belle reprise de volée en douce dans le coin opposé du portier Mouez Hassen. Du grand art après une vingtaine de minutes de domination que les Algériens matérialisaient par des buts précoces, n'était-ce une certaine maladresse dans la zone de vérité des Aigles de Carthage. La danse oranaise ne sera alors qu'à ses premiers pas. Le duo formé au RCGO allait créer une peur panique sans précédent dans le camp défendu par Bronn, Meriah, Haddadi et autre Dragger. Mahrez, le «perfore-mur» ! Le succès algérien prendra de la hauteur avant le terme du premier acte. Alors que l'équipe tunisienne n'arrivait pas à enchaîner ses mouvements, ne parvenant guère à sortir le ballon de leur périmètre, les Algériens appuyaient davantage sur l'accélérateur, mettant en œuvre leurs hommes de couloir défensifs (Atal et Bensebaïni) et offensifs (Mahrez et Belaïli) mais surtout un entrejeu dans lequel Sofiane Feghouli a apporté beaucoup d'énergie et d'explosivité. Le sociétaire de Galatasaray était vendredi l'incontestable l'homme du match, l'homme à tout faire au sein d'un groupe Algérie compact défensivement et très rigoureux dans son secteur médian. Un milieu où l'expérimentale paire Zerrouki-Belkebla a fait beaucoup de bien à l'équipe de par l'activité inlassable de ce duo et la justesse de son jeu. En de rares occasions, les joueurs de Twente et de Brest distillaient des balles à l'adversaire ou perdaient les duels. L'agressivité de Laidouni n'aura, en tout cas, pas influé sur le comportement du trio mis en place par Belmadi au milieu de terrain. La défense algérienne pas inquiétée, le front offensif s'est déployé promptement en pressant le bloc de Mondher-Kebaier dans ses derniers retranchements. Pour le faire craquer (à nouveau) sur un raid de Feghouli victime d'un tacle assassin par derrière de Bronn alors qu'il se dirigeait droit vers le but tunisien. Le coup franc sifflé par le referee égyptien, qui a oublié de brandir le rouge au défenseur tunisien du FC Metz, à l'entrée des 18 yards, allait sceller un derby entièrement dominé par les Verts. Une balle de 0-2, en définitive : Mahrez trouvera, à sa manière, le moyen de creuser un trou dans le mur tunisien pour doubler la mise. Magistral coup de pied d'un capitaine qui avait mis le feu dans le derby en affirmant que les Tunisiens sont difficiles à jouer, comme l'Atlético Madrid, comparaison qui a déchaîné les passions chez nos voisins de l'Est qui, pour certains, ont promis l'enfer aux Champions d'Afrique. En fin de compte, l'Atlético Madrid n'aura pas tenu le coup face à une équipe d'Algérie qui empile les résultats positifs. Et fait durer le plaisir de ses admirateurs et la jalousie de ses concurrents et détracteurs. M. B. En attendant des adversaires européens 32 mois d'invincibilité, quatre Confédérations et 19 adversaires raisonnés ! Quand les éléphants de Côte-d'Ivoire emmenés par Drogba, les frères Touré et autres Gervinho et frères Kalou ne pensaient guère que leur record tomberait un jour. Eux qui ont mis 26 mois après leur défaite en amical face à la Pologne en novembre 2010 jusqu'à leur échec en février 2013 contre le Nigeria en quart de finale de la CAN en Afrique du Sud, pour réaliser cet exploit. Avec cette précision que ledit record ne prend pas en considération la défaite aux tab en finale de la CAN-2012 contre la Zambie (0-0, 8-7 tab pour la Zambie). Désormais, les Algériens sont à leur 27e match sans défaite avec un bilan éloquent de 21 victoires et 6 nuls obtenus depuis la défaite à Cotonou contre le Togo, en octobre 2018. Soit 32 mois d'invincibilité d'un ensemble refaçonné par Djamel Belmadi et qui force le respect. Une performance arrachée de haute lutte face à des sélections d'Asie (Qatar), d'Amérique du Sud (Colombie), de la Concacaf (Mexique), et bien entendu d'Afrique. En 27 sorties, les Verts ont remporté 20 victoires dont 11 en matchs officiels et concédé 7 nuls dont 4 en matchs officiels. Ce sont aussi 19 différents adversaires représentant quatre confédérations (voir encadré). Durant cette longue série en cours, les Verts ont inscrit 58 buts et encaissé 17 buts. Sur les 29 matchs dont 11 amicaux sous la férule de Djamel Belmadi, l'EN a remporté 21 matchs dont 8 en joutes amicales, perdu 1 (face au Bénin en qualifications de la CAN-2019) et fait 7 nuls parmi lesquels 3 en amical. Elle a marqué 61 buts dont 40 en matchs officiels et a encaissé 19 réalisations dont 6 en amical. M. B. Les adversaires de l'EN dans les 27 matchs CAF (24 matchs, 18 victoires et 6 nuls) : Togo, Kenya, Gambie, Burundi, Tanzanie, Mauritanie, RD Congo, Côte-d'Ivoire, Mali (2), Zambie (2), Zimbabwe (2), Bénin (2), Nigéria (2), Sénégal (2), Tunisie (2), Botswana (2). AFC (1 match, 1 victoire) : Qatar Conmebol (1 match, 1 victoire) : Colombie Concacaf (1 match, 1 nul) : Mexique. Djamel Belmadi, sélectionneur Algérien : «On a arraché ce qu'on était venus chercher» «C'est un vrai derby. On savait que ça allait être un match difficile, contre une bonne équipe tunisienne. On a pris ce qu'on est venus chercher, c'est-à-dire la victoire. C'est bon pour nous pour plusieurs raisons. Pour la confiance, pour cette invincibilité et pour récompenser le travail de ces joueurs. Depuis 3 ans que je suis avec eux, ils continuent d'avoir faim de vouloir toujours progresser. Ce n'est pas la Tunisie qui a perdu 30 minutes, c'est nous qui avions mis un système tactique en place, notamment pour contrer leurs sorties de balle. On a su comment les presser, marquer des buts et aller les chercher et les mettre en difficulté. On sait que la Tunisie est une équipe qui aime sortir court, avec cette confiance et les joueurs qu'ils ont, ils le font assez bien. On était décidés à leur faire ce que ne leur a pas fait le Congo par exemple, qui a trop laissé cette équipe tunisienne sortir. Nous, on ne voulait pas de ça. On a été la chercher dans plusieurs situations. C'est vrai qu'en 2e mi-temps, dans des situations, ils ont eu un peu la possession de balle, mais elle était stérile, puisqu'il n'y a pas eu d'occasions franches de leur part. Nous, on avait en face des situations pour tuer le match avec un 3-0 ou un 4-0. Il faudrait revoir le match, il y a des situations où on était à côté, mais dans l'ensemble, on a eu ce qu'on voulait. On avait une bonne équipe en face, c'était un bon match âpre, on continue.» Mondher Kebaier, sélectionneur tunisien : «Les Algériens ont gagné tous les duels» «On n'a pas été bons lors des 30 premières minutes. Les Algériens ont gagné tous les duels. Et ils ont été dangereux sur les balles arrêtées.» «En première mi-temps, ils ont été meilleurs et plus dangereux dans notre moitié de terrain. On n'était pas au point en défense. En seconde période, il nous a manqué un but pour revenir à 1-2 et les mettre en doute et bien finir les dernières 20 minutes. On a beaucoup d'enseignements à tirer de ce match sur le plan collectif et individuel pour être meilleurs à l'avenir.» Sofiane Feghouli, milieu de terrain de l'EN algérienne : «Une belle équipe de Tunisie mais...» «On savait que ça allait être difficile. La Tunisie est une grande équipe en Afrique. Une équipe régulière ces dernières années et qui se bat. On est venu ici pour gagner. On est très heureux. On est bien rentré dans le match. On savait que la Tunisie essaierait de faire de même. On a tout donné et je pense qu'on mérite la victoire. On a affronté une belle équipe de Tunisie. Une équipe solide. Aujourd'hui je pense qu'on a mérité de gagner.»
