Le Dr L. Ould Kablia, directrice générale de l'Agence nationale du sang (ANS), lance un appel, « plutôt un défi», réajuste-t-elle, aux jeunes de s'impliquer davantage » et de se mobiliser en donnant un peu de leur sang pour « faire battre le cœur du monde ». C'est d'ailleurs la thématique adoptée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), cette année, pour célébrer le 18e anniversaire de la Journée mondiale du don de sang, coïncidant avec le 14 juin de chaque année. Ahmed Kessi - Alger (Le Soir) - « Le besoin se fait sentir dans les structures de santé et les hôpitaux, en cette période de grandes vacances. La transfusion sanguine constitue un aspect essentiel des soins de santé publique. Il faut compter avec les accidents de la circulation et les accouchements », nous dit, d'emblée, notre interlocutrice. Le Dr Ould Kablia explique au bout du fil qu'en tant que professionnelle de la santé, « je tiens fort à ce geste symbolique, marque de reconnaissance à tous ceux et celles qui se sont mobilisés pour le don de sang en cette conjoncture difficile », allusion faite aux préparatifs de la cérémonie qui leur est dédiée aujourd'hui. Une cérémonie en guise de reconnaissance à ceux qui ne se sont pas ménagés lors de cette pandémie de Covid. Aussi, un écho qui exprime le manque de sensibilisation et de culture du don de sang dans la société. « Il faut que le don de sang devienne un acte spontané, dénué de toutes ces appréhensions injustifiées et infondées sur le plan scientifique », ajoute-t-elle. Une période, celle de la pandémie, qui a vu presque tout le monde confiné, planqué chez soi, laissant les « soldats de l'armée blanche » face à leur solitude, face à l'angoisse de l'ennemi, qui leur est désormais intime. Sans compter ce sentiment d'impuissance qui les étreint devant un manque de disponibilité de sang, ou d'un quelconque autre moyen qui fait défaut, au moment où on en a le plus besoin. « Même nos partenaires les plus habituels ont fait, pour certains, dans la compression d'effectifs et le télétravail pour d'autres, il était quasiment impossible d'organiser.» Garder le cap en permanence L'expérience de la période du Covid-19 est d'un apport considérable pour les responsables des structures de santé, publiques notamment. Ce qui équivaut à toute une formation, d'un apport certain. « Cela équivaut à anticiper, planifier et organiser tout à la fois avec un esprit de coordination et de synthèse », nous résume un chef de service d'un CHU. L'ANS a établi une feuille de route qu'elle met en œuvre avec le mouvement associatif et les différents partenaires : entreprises, administrations, universités, opérateurs de téléphonie, etc. Une campagne nationale de trois jours est prévue avec les structures de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) sur le territoire national. « L'agence compte se redéployer constamment pour maintenir l'élan et rester mobilisée, tant les centres de transfusion ont besoin de nous », note Ould Kablia. «Maintenir les réserves et le stock est déterminant. Ce qui ne peut se faire sans un travail de proximité et de sensibilisation en continu auprès des jeunes », ajoute-t-elle. Du nouveau pour cette année ? «Oui, en effet, la reprise du don de sang s'est faite, mais pas comme on le souhaite », nous lance la directrice de l'ANS avec une note d'optimisme. « À la veille de la saison estivale, la demande de sang s'accentue dans les structures de santé, alors que le don baisse considérablement », enchaîne-t-elle. Qualifiant ses partenaires d' «incontournables », le Dr Ould Kablia n'y va pas avec le dos de la cuillère : « Il n'y a pas de recette magique, il faut donner, donner et donner sans relâche... Au moins en parler autour de soi, jusqu'à ce que cela soit intégré dans notre culture. Surtout les franges juvéniles qui ne sont pas en grand nombre à faire ce geste noble, pour ''faire battre le cœur du monde ''. C'est pour cela qu'on leur lance un challenge .» A. K.