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Etat des lieux
Onomastique algérienne et identité amazighe
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 07 - 2021

Le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) a organisé, à Boumerdès, durant trois jours, des activités socio-culturelles mais surtout académiques portant, en grande partie, sur l'aspect identitaire du peuple et du territoire. Une pincée de patriotisme a été ajoutée à ce programme puisque ces activités ont été accolées aux festivités célébrant le 59e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie. Elle ont été, par ailleurs, placées sous le slogan «L'Algérie dans le cœur».
Le moment fort de ce programme fut le colloque national qui s'est déroulé deux jours durant à la nouvelle bibliothèque centrale de la wilaya de Boumerdès. Ce séminaire de haut niveau, planifié par le HCA et le Crasc (Centre de recherche d'anthropologie sociale et culturelle) d'Oran, s'intitulait «onomastique algérienne : état des lieux et societé savante d'onomastique».
Le colloque a permis aux observateurs de voir une partie du travail de fond que réalise le HCA pour la réhabilitation de l'amazighité de l'Algérie. Un grand nombre d'universitaires venus de plusieurs établissements universitaires du pays, des chercheurs du Crasc/Rasyd ont apporté leur contribution par des conférences portant sur un thème extrêmement sensible et d'actualité.
L'onomastique intéresse, en effet, la filiation de chaque Algérien et chaque Algérienne, ainsi que les tribus et les aârchs qui ont constitué cette nation depuis des millénaires. Professeur à l'université M'hamed-Bougara, Farid Benramdane, également chercheur associé au Crasc, nous explique brièvement l'objet de ce colloque : «Le colloque d'aujourd'hui aborde la problématique de l'onomastique. L'onomastique est l'étude scientifique des noms propres.
Ce colloque va faire le point sur les travaux d'une vingtaine d'années de recherche en Algérie sur la dénomination des lieux, la toponymie, et des personnes : il s'agit là de l'anthroponymie (prénom, patronyme, surnom, sobriquet ou pseudonyme). L'onomastique en Algérie porte sur un patrimoine de noms.
Ce patrimoine est issu de l'histoire du pays. Ce patrimoine est riche du fait que l'espace algérien est situé à l'intersection de plusieurs courants civilisationnels. Il a été, en effet, soumis à plusieurs périodes de colonisation, décolonisation et recolonisation. Donc, l'homme algérien, l'homme amazigh ou la race amazighe, comme l'a dit Ibn Khaldoun, existe dans un temps tellement éloigné que Dieu seul connaît l'origine.
Aujourd'hui, nous avons en usage des noms vieux de plusieurs milliers d'années. La démonstration a été faite sur des noms comme Senhadji, Zenati, Youghourathen, Massinissa, Houara qui a donné Houari ou Benhouar, Senoussi qui vient de Asnous, Médiéne, qui a donné Bemedine puis Boumediene. Donc les noms algériens ont été d'origine berbère, ensuite latinisés, puis arabisés, etc. Nous, chercheurs, devons démêler l'écheveau parce que nous, Algériens, avons subi des morphologies à travers l'histoire. En fait, notre pays est à la recherche de son identité collective.
C'est à la fois identifié et identificatoire. Parce nous nous posons la question de savoir qui sommes-nous. Vous donnez votre nom, celui de votre père et votre grand-père, c'est votre généalogie, vous donnez donc votre identité. Le nom propre cristallise un processus qui date de la nuit des temps. Dans ma communication, j'ai cité des noms comme Makri, qui date du IVe siècle, des noms comme Grina et Bengrina du VIe siècle, Médiéne du IVe siècle... Nous, scientifiques, avons répertorié tous ces résultats et nous faisons des analyses académiques. Nous travaillons sur la signification portée par les noms.»
De manière académique, et avec sérénité, le professeur Benramdane répond aux détracteurs de tamazight, qui se recrutent généralement chez les islamistes, et aux responsables politiques qui avaient ordonné ou tu la répression contre les activistes de tamazight, qui avaient porté longtemps ce combat identitaire. Le professeur dit insidieusement aux uns et aux autres : «Vous êtes des Amazighs, de par votre dénégation, vous reniez vos aïeux.»
De son côté, Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, revient sur ce colloque national et rappelle les actions de l'instance qu'il dirige et qui vise la réhabilitation de l'usage de tamazight dans les espaces publics. S'agissant des pourfendeurs de tamazight, M. Assad se dit ne pas être dans la réplique, mais dans l'effort constant en faveur de cette langue et culture. Il dira en substance : «Le colloque national a fait l'objet d'une large concertation avec notre partenaire, le Crasc, avec lequel nous sommes liés par une convention de partenariat, comme on le fait avec la radio en ce qui concerne la formation des journalistes.
La convention est donc là, et il faut la traduire par des actions concrètes qui cadrent avec nos missions. L'une des principales missions du HCA est de réhabiliter l'amazighité et d'assumer son encrage et sa dimension nationale. Nous sommes sur une problématique, mais avant ce rendez-vous, il y a eu deux étapes importantes. Il y a eu un séminaire au niveau de l'APS au sujet de la dénomination des nouvelles wilayas du Sud, qui nous a permis de revenir au toponyme authentique, d'où la parution d'un décret portant respect des dénominations d'origine, In Amenas, In Guezzam, etc. Il y a eu également le travail d'expertise du professeur Cheriguen, avec le soutien du HCA, concernant la réalisation d'un grand dictionnaire de toponymie édité par le HCA, qui devient donc un document de référence et de travail.
Enfin, cette rencontre émane du séminaire de l'APS. Nous sommes, en effet, sur une problématique d'actualité pour prendre en charge ce volet, avec l'implication de tous les partenaires, dont le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Donc, nous avons l'accord et l'accompagnement du ministre de l'Intérieur pour donner naissance à l'Association nationale savante de l'onomastique. En parallèle, nous travaillons sur deux aspects, à savoir l'agrément de cette association nationale, qui sera encadrée par des experts qui viennent de tous les centres de recherche et universités qui s'intéressent à ce volet scientifique.
La création de cette association qu'accompagnera le HCA est un projet qui date de 2013. Il y a eu beaucoup de problèmes et de flottements, mais elle a vu le jour grâce à la détermination du HCA et du Crasc et, bien entendu, l'implication du ministère de l'Intérieur. Le second objectif de ce colloque national est de sortir avec des recommandations. Pour prendre en charge cette problématique, il y a beaucoup d'axes de recherche intégrés dans le programme des festivités proposé par le HCA, à savoir «L'Algérie dans le cœur». C'est, certes, un slogan, mais qui a un sens. Beaucoup d'ateliers gravitent autour de ce colloque. Un atelier met en exergue les efforts pour le programme éditorial du HCA. Nous avons reçu, à Alger, une délégation de Tabelbala, dans la wilaya de Béchar. Cette délégation enregistre et codifie une variante de tamazight menacée de disparition.
«Nous sommes toujours sereins dans l'engagement de prendre en charge les questions liées à la mission de promouvoir la langue amazighe et son usage dans l'espace public, tamazight à l'école et tamazight de la communication, et aussi traduire dans la réalité les dispositions de la Constitution.» Au sujet des attaques venant essentiellement des islamistes contre tamazight, étant un dirigeant d'une institution publique, le S/G du HCA évite la polémique. Il nous confiera à ce propos : «Nous ne sommes pas dans la réplique, nous sommes dans un engagement soutenu d'actions de par notre présence sur le terrain, de par les contenus que nous proposons.
C'est une manière de mettre de l'apaisement pour ces questions identitaires. Je pense qu'avec notre sérénité, nous œuvrons pour consolider davantage la place de tamazight et de construire un avenir radieux et florissant pour tamazight.»
Abachi L.


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