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Nettoyer les écuries d'Augias du football
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 08 - 2021

Au milieu des années 1970, le sport algérien était tombé dans un profond marasme. Les résultats internationaux des différentes sélections étaient souvent médiocres. L'organisation du sport, caractérisée alors par l'incompétence et l'incurie, était devenue obsolète. Le football, entre les mains de dirigeants à faibles capacités managériales, quand il ne s'agissait pas de maquignons et de margoulins du sport, avait la sélection nationale en guise d'arbre cachant la forêt. Le 19 juin 1977, au stade du 5-Juillet à Alger, lors de la finale de la Coupe d'Algérie entre la JS Kabylie et le NA Hussein-Dey, l'hymne Qassaman est copieusement sifflé par des supporters kabyles, en présence du Président Houari Boumediène. Cet incident incivique, rare à l'époque, aurait profondément marqué le zaïm révolutionnaire, et décidera même du sort du sport dont la structure subira de profonds changements.
Dès les jours suivants, le Président Boumediène, qui craignait beaucoup de voir mise à mal la cohésion nationale, met en place un collège d'experts pour travailler sur une vaste réforme qui mettrait le sport sur les rails du progrès. Les crânes d'œufs désignés plancheront sur la question à la présidence de la République même, et concocteront durant l'été une réforme audacieuse, avant que ne soit effectué un large remaniement ministériel dès la rentrée de septembre. L'inamovible ministre de la Jeunesse et des Sports de l'époque, le bureaucrate Abdallah Fadel (1965-1977), cédera alors sa place à Djamel Houhou, un dynamique cadre issu de la diplomatie combattante du FLN. Au premier Conseil des ministres de rentrée, le ton est donné : le sport algérien connaîtra une réforme profonde de structures, d'organisation, de philosophie, de méthodes et de moyens, et sera encadré par de nouvelles élites plus compétentes, plus dévouées et plus désintéressées.
Le principe en était simple : un sport amateur, dit de masse, confié aux communes, et un sport d'élite, qualifié de performance, voire de haute performance, géré et financé par les plus grandes entreprises publiques. Un système de formation fut également mis en place. Une véritable révolution ! Le sport national vivra, par conséquent, un peu plus d'une décennie dorée, notamment le football, le handball, la boxe et l'athlétisme qui connaîtront des heures de gloire sur la scène internationale.
Le contexte de crise, propice aux réformes les plus douloureuses, caractérise aujourd'hui le football national, malgré l'arbre florissant de la sélection du performant Djamel Belmadi. Les signes les plus visibles en sont le médiocre bilan des clubs de l'élite sur la scène africaine et les crises cycliques qui affectent le management des clubs les plus en vue, y compris en fin de saison. Cette crise, qui est structurelle, managériale, sportive, financière et morale à la fois, est favorable au lancement d'un vaste chantier de transformation du football. Dans le même esprit qui a présidé à la grande réforme sportive de 1977 où un facteur déclenchant (hymne national sifflé) et une situation sclérosée (nécrose du système sportif) ont rencontré une forte volonté politique, celle d'un chef d'Etat à l'immense pouvoir charismatique. A plus de quatre décennies d'intervalle, des conditions similaires jouent en faveur d'une véritable révolution du football national. Pour mémoire, le nettoyage des écuries d'Augias, roi d'Elide, est le 5e des 12 travaux d'Hercule, fils de Zeus. Elles n'avaient pas été nettoyées depuis 30 ans. La tâche d'Hercule fut donc de les récurer, ce qu'il fit en une journée, en détournant les eaux des fleuves Alphée et Pénée vers ces étables lourdement encombrées. Dans les temps modernes, la sphère footballistique algérienne n'a pas été réformée depuis 1977. Soit depuis 44 ans. Presque la durée durant laquelle les écuries d'Augias ont été engorgées par les bouses et les crottes d'équidés et d'ovins pansus et systématiquement gavés.
On connaît les problèmes endémiques, de tout ordre, du football algérien. On connaît ses problèmes structurels, l'inexistence de modèle économique digne de ce nom, son organisation archaïque et artisanale, son absence de système de formation à de relatives exceptions près, son arbitrage de faible niveau général et ses stades antédiluviens. Hormis, bien sûr, celui du 5-Juillet, du nouveau Stade olympique d'Oran et celui de Tizi-Ouzou toujours en chantier. Sans oublier, à la périphérie de la capitale, ceux en voie d'achèvement de Baraki et notamment celui de Douéra que le président de la République a, dans un geste de générosité patriotique et d'esprit sportif constructif, offert au Mouloudia d'Alger, à l'occasion du centenaire de ce creuset du nationalisme et de premier club algérien vainqueur d'un trophée africain majeur. On connaît aussi la médiocrité structurelle et l'anachronisme managérial de notre football. De même que ses circuits de financement le plus souvent opaques, et cela concerne aussi l'argent public alloué à certains clubs emblématiques d'Alger.
Derrière la richesse, dans tous les sens du terme, de l'EN de Belmadi, le football algérien est indigent, à tous les points de vue, et c'est défoncer une porte largement ouverte que de le souligner. L'opulence de la sélection nationale, sous la houlette de Belmadi, est paradoxalement une corne d'abondance trompeuse, dans la mesure où elle n'est pas le reflet assez fidèle du football national, mais est plutôt la vitrine rutilante de championnats étrangers de premier plan. Son modèle économique, en fait l'absence de modèle économique, est globalement dérégulé, engagé qu'il est dans une inquiétante et dangereuse spirale spéculative, accentuée par de l'argent rarement traçable, et parfois rare. Il faudrait donc, et ce n'est pas la moindre des missions de l'Etat, encourager fortement le développement économique des clubs, et édifier des stades aux normes internationales dans toutes les grandes villes du pays. Créer nécessairement de l'animation économique et culturelle autour de ces structures modernes conçues comme des espaces de convivialité, des aires culturelles et de socialisation, et surtout des outils économiques générateurs de revenus réguliers.
Par-dessus tout, la popularité et l'attractivité du foot doivent être placées au centre des préoccupations permanentes de cohésion sociale. Le foot est une pratique de masse et un spectacle de masse adossés à de véritables entreprises économiques, rappel nécessaire. C'est pour cela que les pouvoirs publics, chef de l'Etat en tête, doivent faire du nettoyage de ces écuries d'Augias un chantier prioritaire. Sa profonde réforme constituera par conséquent un investissement éminemment politique. Plus que jamais, le foot doit être débarrassé de sa faune de profiteurs de tout acabit, et surtout de sa camarilla de dirigeants sportivement incompétents, techniquement médiocres et, en revanche, très performants dans le domaine de la vénalité, notamment dans la gestion du camembert de l'argent public.
La puissance publique doit elle-même mettre en œuvre cette réforme profonde du football. Une réforme progressiste et progressive de sa gouvernance. Sur la base d'un processus déterminé, ordonné, apaisé et consensuel. En somme, mobiliser toutes les énergies et favoriser les synergies entre foot professionnel et foot amateur, en faveur d'une véritable révolution professionnelle du ballon qui doit tourner rond, et tout le temps.
N. K.


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