C'est un pan entier de l'histoire contemporaine de Volkswagen en Algérie qui vient de s'écrouler. Depuis l'indépendance, deux entreprises ont su assurer une longévité à leur représentation du groupe allemand. Il s'agit en l'occurrence de Sonacome du temps du parti unique et, depuis 2004, de la société Sovac détenue par Mourad Oulmi, précédemment associé et gérant de la société Espace de la voiture, premier représentant officiel de Volkswagen entre 1999 et 2004. En annonçant la rupture définitive de sa relation de travail avec Sovac, le groupe allemand met fin, ainsi, à plus de 20 années de partenariat et une présence de plus en plus imposante sur le marché local. Au fil des années et au gré des entités commerciales créées aux fins de perpétuer la présence de ce label en Algérie, la confiance a été à chaque fois renouvelée et entérinée au regard de l'engagement professionnel de Mourad Oulmi, connu pour sa passion pour l'automobile et son attachement pour la voiture allemande.
Des performances en constante évolution Ce partenariat s'est sensiblement renforcé à travers une stratégie commerciale et de marketing particulièrement agressive et, au final, des volumes de vente en constante évolution. Des performances qui permettront rapidement à Sovac de rassembler sous son giron l'ensemble des marques du géant germanique, essentiellement, Volkswagen, Seat, Skoda, Audi et Porsche. Un engagement qui se traduira aussi par l'obligation de se conformer aux normes et aux chartes identitaires de chaque marque. Dans cette optique, d'importants investissements ont été réalisés pour proposer aux clients des structures de vente et d'après-vente modernes et répondant aux standards internationaux. Néanmoins, et à l'image d'autres concessionnaires, l'évolution des ventes n'aura pas été accompagnée par l'amélioration attendue des prestations en SAV. Un véritable talon d'Achille qui aura, un tant soit peu, terni l'image prospère de plusieurs représentations automobiles au cours de ces dernières années. Le piège tendu par Bouchouareb Avec l'arrivée de Bouchouareb à la tête de l'industrie et sa démarche de mise au pas du secteur de l'automobile, Sovac a failli, lui aussi, être dépossédé de la carte Volkswagen. Lors d'un voyage éclair à Berlin, le ministre, et toute honte bue, s'est permis de proposer à un responsable du groupe allemand, qu'il avait invité pour une séance de travail au siège de notre ambassade, un nouveau représentant en Algérie, autre que Sovac. Mais c'était compter sans l'intransigeance des Germaniques et leur fidélité à leur partenaire historique, à qui, du reste, ils avaient, sine die, renouvelé la confiance et l'engagement de poursuivre le travail ensemble. Il ne restait alors à Bouchouareb et à son esprit maléfique que l'option de composer avec Sovac et de l'intégrer comme élément privilégié dans sa parodie industrielle. Il n'en fallait pas plus pour le patron de Sovac, dont l'ambition démesurée de notoriété n'était un secret pour personne, pour succomber au chant des sirènes et de se retrouver propulsé dans un engrenage impitoyable. La suite, c'est une série de scandales traités par la justice avec de lourdes condamnations contre les personnes morales et physiques.
C'est cela aussi l'éthique Contrairement à d'autres constructeurs, le groupe Volkswagen ne semble pas tolérer dans sa charte d'éthique l'implication de ses partenaires dans des affaires aussi graves. Rappelons le scandale du Dieselgate qui a coûté des milliards de dollars au groupe allemand et la mise à l'écart de plusieurs hauts responsables. Aussi, la décision de rompre définitivement le partenariat avec Sovac était prévisible et semble découler du même souci de préserver l'image du groupe allemand dans tous les marchés où il est présent. Il demeure toutefois que la mise en application de cette décision par ce dernier avant même de désigner un autre opérateur pour tout au moins le volet service après-vente suscite légitimement de l'inquiétude chez les milliers de clients concernés toujours par la garantie constructeur. Selon le communiqué de Sovac qui fait état de cette rupture définitive, le nombre de véhicules concernés dépasse les 97 000 unités. Ce sont autant de clients qui sont désormais livrés à eux-mêmes et exposés au risque réel de perdre le bénéfice des engagements constructeur en cas d'incident technique couvert par la garantie, sachant qu'ils n'ont plus de structure agréée et spécialement dédiée. C'est un manquement grave aux obligations contractuelles de Volkswagen envers ses clients en Algérie. C'est cela aussi l'éthique et l'image que doit préserver un groupe de la dimension du géant allemand. B. Bellil