La baisse des cas de contamination au Covid-19 observée depuis deux semaines entraîne déjà un relâchement manifeste des gestes barrières en société. Porter un masque ou respecter la distanciation physique, notamment dans des espaces confinés, n'est visiblement plus à l'ordre du jour pour une grande partie des citoyens. Une réaction presque machinale à chaque décrue de la courbe épidémiologique. Beaucoup ont pourtant appris à leurs dépens que ce genre de laisser-aller peut engendrer une nouvelle vague de l'épidémie, dont les conséquences seraient irréversibles. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Dans les principales rues marchandes d'Alger-Centre ce matin, il y a foule. Qui dit foule dit aussi oubli de la distanciation sociale. Des petits groupes se forment ici et là, mais rares sont les personnes qui tiennent compte du protocole sanitaire. D'aucuns portent correctement le masque de protection, tandis que la plupart ne le mettent que pour la forme. Ainsi, on le voit souvent posé sous le nez, ou bien sur le menton. «Ce n'est pas si grave quand nous sommes à l'extérieur», diront-ils pour justifier ce simple oubli. Parmi ces personnes, plusieurs évoquent un relâchement involontaire. «Dans les lieux communs, il est difficile de garder une distanciation d'un mètre», relève Zohra, 22 ans, qui était accompagnée de ses trois amies. Bien qu'elle porte son masque, celle-ci avouera qu'elle a tendance à le retirer, puis à le remettre de façon presque compulsive. «Le danger est passé», précise-t-elle bien que consciente que le virus circule toujours. Comme Zohra, beaucoup de citoyens raisonnent ainsi. Si le nombre de contaminations baisse «on a beaucoup moins de chance d'être infecté par le virus». Après plusieurs semaines d'anxiété, les Algérois ne pensent qu'à retrouver un semblant de vie normale. Le port du masque, bien qu'il soit «obligatoire» depuis plus d'une année maintenant, pèse sur la population, diront les quelques citoyens approchés. Pour ces derniers, les gestes barrières ne sont utiles que dans des espaces fermés. Malheureusement, le relâchement du protocole sanitaire est autant présent à l'extérieur (lieux publics) qu'à l'intérieur des commerces ou des restaurants, par exemple. Du côté des restaurateurs installés dans les environs de Didouche-Mourad, on constate bien que les gestes barrières ne sont pas respectés par tous. Moussa, gérant d'un fast-food dans ce rayon, porte bien son masque, mais dit qu'il est moins à cheval sur autre chose. «Je laisse souvent entrer mes clients les plus fidèles pour ne pas les laisser dehors avec les autres», révèle-t-il sans ambages, sourire au coin des lèvres. Rappelons qu'après la hausse des cas de contamination, seule la vente à emporter est autorisée. Si Djamel assure qu'il ne laisse pas les clients s'attabler, quelques échos affirment que non loin de là, malgré l'interdiction, des gérants de petits restaurants servent toujours aux clients à l'intérieur de leurs espaces. Les responsables des magasins d'habillement qui longent la rue Hassiba-Ben-Bouali ont évoqué, quant à eux, un relâchement coupable ou pas. Dans cette boutique réservée aux chaussures pour femmes, les clientes sont très nombreuses alors qu'il est à peine 11 h. Le masque est obligatoire à l'intérieur, mais l'affluence des personnes qui rentrent n'est pas du tout contrôlée. Ce qui fait que la distanciation physique n'est pas respectée, alors que le local est assez exigu. Interpellé, le gérant, âgé d'une quarantaine d'années, se défend : «Les clientes n'acceptent plus d'attendre leur tour dehors.» Pour lui, cette mesure s'est révélée contreproductive car elle dissuade beaucoup de personnes d'entrer dans le magasin. En se rendant dans une autre boutique de vêtements, beaucoup plus spacieuse, les scènes sont encore plus inquiétantes. De nombreuses clientes, ainsi que quelques vendeuses, ne portaient pas correctement le masque. La distanciation physique n'est pas respectée, non plus. «Les clientes n'appliquent pas toujours les mesures sanitaires, mais je pense que c'est involontaire», souligne l'une des employées. «Il nous arrive souvent de les rappeler à l'ordre, mais on ne peut faire ça tout le temps», soutient-elle, sans entrer dans les détails. Cette situation de relâchement est préoccupante pour de nombreux spécialistes qui ne cessent d'appeler les citoyens à l'extrême vigilance. Le virus est toujours parmi nous, et la situation épidémiologique n'est pas encore totalement sous contrôle, ont-ils averti. Ils invitent dans ce sens les autorités à jouer leur rôle de façon plus rigoureuse, et à sanctionner toute personne récalcitrante, en sachant qu'elle est un danger pour elle-même et pour les autres. À ce titre, de nombreux citoyens ont dénoncé des personnes qui, en dépit d'une situation critique, continuent d'organiser des fêtes de mariage et des regroupements familiaux et ce, au vu et au su des autorités. M. Z.