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Il y a des jours comme ça...
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 08 - 2021

Il y a des jours comme ça où au moment du réveil, je prends le temps d'ouvrir difficilement les yeux, de m'étirer un bon coup, de réfléchir au pied sur lequel je devrais me lever. Eh oui, il y a toute une animation sociale sur cet aspect du réveil. Je n'ai jamais réfléchi à ce moment premier de la journée. Voilà, je sors d'un sommeil en pointillé ; maintenant, il fait jour, de quel pied devrais-je me lever ? Du pied gauche ? Il est admis que ce n'est pas bon. Que l'on est mal luné. Que la journée va être affreuse. Et tout le toutim ! Ihi, du pied droit ? Contrairement à son jumeau, personne ne s'est déclaré pour le pied droit. Je n'ai jamais entendu quelqu'un se vanter de se lever de ce pied et d'être au diapason de la journée.
C'est un sujet hautement stratégique. Il doit être inclus dans le cursus de nos universitaires. Enfin, je propose cette possibilité. Je ne peux pas l'imposer ; il y a un ministre concerné qui doit se saisir de cette proposition. Revenons à votre humble serviteur ! Si je n'utilise pas alternativement l'un ou l'autre des deux pieds, comment faire dès lors ? Généralement, je suis en mode carburant diesel. Il me faut impérativement un cappuccino ; pas n'importe lequel, celui du distributeur placé dans les administrations. Néanmoins, ce matin-là, j'ai eu une idée géniale ; je me suis levé des deux pieds à la fois, en même temps, pour qu'il n'y ait pas de jaloux. Je refuse que l'un ou l'autre me reproche un quelconque piston. Et comme vous le savez bien, le piston est un sport national.
Certains esprits, je ne vais pas les qualifier, pourraient me rétorquer de m'occuper, dans cet espace de parole, de suivre à la trace l'actualité du moment. Peut-être, oui ! Sauf qu'il y a partout, surtout sur la toile, des cerveaux qui vous débitent mille et un sujets à la minute. Je m'en voudrais de tenter de leur faire de l'ombre. Du reste, même si je le voulais, je ne pourrais pas arriver à leur hauteur. Ça vole très haut, chers amis, au point où je me refuse de les lire. Ils écrivent d'une manière trop savante qui me fait penser à mon chien qui tente de mordre sa queue. Je ne veux pas m'opposer à eux ; je serais perdant d'office. Ah, savez-vous qu'ils sont dans le secret des dieux ? Eux y croient dur comme fer !
De la Kabylie ? Quoi dire ? Ah, j'y suis dedans. J'y vis depuis ma naissance. Elle est en moi. C'est ma boussole. La Kabylie a brûlé. Il ne reste plus rien. J'ai un goût de cendres dans ma bouche. Tout a été dit sur cette région. De tout. Il est incroyable comment ce « mouchoir de poche » attise toutes les véhémences. Vacarme et sortilège, comme dirait le poète. Rien n'a été épargné à la Kabylie depuis 62. Leur répondre ? Non, il faut retrousser les manches. Et la faire reverdir. Avec l'art et la manière. Comme cela, elle sera encore plus belle. Puis, je reste persuadé qu'à l'avenir, rien ne nous sera épargné. De cela, j'en suis convaincu. Je vous rappelle la fable du «Le roseau et le chêne» ; le roseau plie mais ne rompt pas face à une tempête force supérieure. Les Romains le savaient avant tout le monde ; ils disaient du Djurdjura, le « mont de fer. »
Je me suis promis de ne pas aborder ce sujet. Mais Allah ghaleb, j'y suis forcé et contraint. Bref, je reviens à mes jérémiades. Je saute du lit. J'utilise les deux pieds. Une fois debout, encore sous le coup du feutré du sommeil, je me paie un vertige monumental. Waouh, j'ai failli me retrouver par terre. Ce n'est pas le moment. Mon toubib m'a conseillé de ne pas me lever d'un seul tenant ; qu'il fallait négocier la position debout. Ça m'apprendra à cogiter de bon matin.
Au réveil, on doit fermer son cerveau, le maîtriser, le museler et lui interdire le moindre écart. Il faut juste se diriger vers la salle d'eau, se laver, se raser s'il faut et aller, le cerveau toujours en stand-by, se servir un café fort comme un taureau. J'y étais à la salle d'eau. Il a suffi que mon regard se pose sur la glace, que celle-ci se mit à onduler. Encore un vertige, me dis-je. Non, ce n'est pas le cas. J'ai l'impression que le miroir me parle. Je suis à jeun, kho. Un miroir qui parle, ça, la vie ne me l'a jamais faite. Je n'ai rien à lui dire, moi. Aweh, je dois revoir mon toubib. Ça ne va pas bien dans la caboche. Il me faut des « kachyates ».
Il y a des jours comme ça, où l'oreille entend des choses incroyables. Je ne pensais pas que la haine pouvait avoir autant de violence dans notre pays. C'est le cas, en réalité. Maintenant, c'est facile de lancer publiquement son venin. J'ai vu sur la toile des forts en gueule menacer toute une région de vengeance. Au début, dans ma naïveté, j'ai cru à une farce, pour ne pas dire une manipulation. J'ai toujours eu peur d'utiliser ce terme. Il se filme sans vergogne. Puis, ils enclenchent sur une diatribe de haine, que j'ai prise pour de la frime. Non, c'est la réalité. Ce gus a craché son venin, gonflant la poitrine, bavant comme un diable, content de lui, il menace la terre entière d'un châtiment terrible. Est-ce bien réel ce que je vois ? A priori, oui. Disons que certaines plumes ont donné le ton. Et à l'imam d'enclencher sur le terrain des anathèmes, à l'intérieur d'une mosquée.
Ce gus aurait été convoqué par la police de sa ville. Il déclare tout de go qu'il est un repris de justice, mais n'a jamais fait de mal à quiconque. Enfin bref, il a fait de la prison. Il aurait pu nous dire les motifs de son emprisonnement, pour qu'on puisse juger de nous-mêmes. Il appelle à un soutien populaire, en citant certains wilayas. Il veut du soutien ! C'est là où je vois que nous sommes tombés très bas. On est au fond du gouffre. Que faut-il faire, désormais ? La justice a du pain sur la planche avec ces énergumènes.
Il y a des jours comme ça, où la raison déserte l'esprit. Et laisse place aux bas instincts. Ce n'est pas un jeu, ya djemaâ. C'est du sérieux. Il faut en tenir compte. Il faut punir ces dérives verbales, qui peuvent aller au-delà. J'ai peur de demain. Car l'intelligence a fui ce pays. Il faut, à mon sens, réinventer ce pays. Il faut revenir aux fondamentaux. Et commencer par l'école. Il faut préparer une génération qui, à moyen terme, redressera ce pays. S'il faut importer cette intelligence, il faut le faire.
En guise de conclusion à cet espace de parole, je vous propose cette citation du psychiatre Mahmoud Boudarene, tirée de son dernier ouvrage, j'y reviendrai plus tard, Algérie chroniques d'un règne en déclin (Ed. L'Odyssée, 2021) : « Nous acceptons d'être gouvernés parce que nous avons conscience qu'il est de notre droit de prétendre gouverner à notre tour. La démocratie n'est rien d'autre que cela. »
Y. M.


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