Après avoir procédé à la suspension de diffusion temporaire de quatre chaînes de télévision, à savoir El Bilad, El Wataniya, El Hayat et Echourouk, suite à de graves manquements professionnels lors de la couverture de l'accident de la chute d'un bus dans l'Oued El Harrach, l''Autorité nationale indépendante de régulation de l'audiovisuel (ANIRA) a exprimé, avant-hier, son rejet catégorique des pratiques de certaines chaînes de télévision dans leur couverture de l'accident de la chute d'un bus dans l'Oued El-Harrach, survenu vendredi. L'Autorité a appelé, dans un communiqué, au respect de la dignité, de la vie privée et de la déontologie professionnelle sans exploitation de la douleur. « Le critère de la pratique journalistique aujourd'hui réside dans le respect de la dignité, de la vie privée et de la déontologue professionnelle sans exploitation de la dou- leur », a précisé la même source. Après avoir constaté des manquements professionnels, l'Autorité, a poursuivi la même source, rejette catégoriquement les pratiques constatées chez certains organes exploitant des services de communication audiovisuelle, qui sont allés jusqu'à interroger des blessés dans les salles de réanimation et à harceler les familles des victimes dans leurs moments de détresse et de pleurs, transformant ainsi la tragédie en matière à sensation et en marchandage servant à exploiter la douleur humaine, dans le but d'augmenter l'audience et les indicateurs d'interaction sur les réseaux sociaux. « Cette démarche constitue une atteinte flagrante à la dignité humaine et à la vie privée, ainsi qu'un manquement manifeste aux exigences de la profession », a poursuivi l'ANIRA. Non sans rappeler les dispositions de la loi 23-20 relative à l'activité audiovisuelle, ainsi que du décret exécutif 24-250 fixant les dispositions du cahier des charges générales imposables aux services de communication audiovisuelle. Lesquels interdisent toute atteinte à la dignité des personnes et à leur vie privée, ainsi que toute exploitation de la souffrance humaine, et imposent de prendre des mesures de précaution lors de la diffusion de scènes choquantes. Appelant, une nouvelle fois, les rédactions à concentrer leurs efforts sur les reportages de terrain et les enquêtes journalistiques approfondies sur les circonstances de l'accident, à vérifier minutieusement les informations, à protéger les personnes éprouvées et à respecter les espaces médicaux, loin du sensationnel et de la médiocrité, l'Autorité a affirmé qu'elle ne tolérerait aucune atteinte à la dignité des citoyens et à la réputation de la profession. « La liberté de la presse est une responsabilité, et l'Autorité sera intransigeante avec toute violation portant atteinte à la dignité du citoyen et à la réputation de la profession », a fait savoir la même source. Evoquant l'appel lancé par certaines organisations en faveur de l'élaboration d'une charte nationale de déontologie professionnelle, l'Autorité rappelle que l'élaboration, l'adoption et le suivi du respect de toute charte nationale de déontologie de la presse relèvent des mécanismes et instances légalement compétentes. « L'appel à une charte nationale en dehors de ces cadres constitue un dépassement de prérogati- ves », estime l'ANIRA, soulignant qu'elle demeurera ouverte à toute initiative légalement fondée et contribuant à la promotion de la déontologie professionnelle.