Elle revient sur les étals des marchands de poissons. La sardine de petite dimension est exposée à la vente au vu et au su de toutes les autorités concernées : ministères de la Pêche, du Commerce et de l'Intérieur. Personne ne lève le petit doigt pour mettre un terme à ce massacre qui dure depuis longtemps et prend des proportions dangereuses, menaçant l'équilibre de l'écosystème marin. À quand le grand ménage dans ce secteur ? Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La sardine, longtemps considérée comme le poisson du pauvre, continue à se faire désirer. Sur les étals des marchés et des poissonneries, son prix varie entre 600 et 700 dinars. Pourtant, la haute saison de ce poisson s'étale de juillet à décembre. Outre son prix exorbitant, les consommateurs se plaignent de sa petite taille. Malgré l'interdiction par la loi de la pêche et de la vente de la sardine de petite dimension, cette marchandise inonde le marché. Des centaines de caisses de ce poisson bleu de taille minuscule envahissent les pêcheries et les poissonneries. Les patrons-pêcheurs et les vendeurs, eux, usent de tous les stratagèmes pour écouler leurs marchandises. Sans aucun scrupule, ils recourent à la coiffe. Ils exposent des sardines de taille acceptable en surface des caisses et dissimulent le poisson de taille minuscule en dessous. La couche supérieure leur sert d'appât pour attirer la clientèle. «La sardine de quatre, cinq et six centimètres est écoulée sur les étals des marchés au vu et au su de tous les services concernés. Pourtant, la loi est claire quant à la pêche et la vente de ce poisson», déplore le président du Syndicat national des marins-pêcheurs, Hocine Bellout. Il rappelle, à cet effet, le décret exécutif du 18 mars 2004 fixant les tailles minimales marchandes des ressources biologiques et les modalités d'exercice de la pêche, qui stipule que la pêche de la sardine de moins de onze centimètres est une infraction. Selon lui, ce texte de loi ne s'est jamais traduit sur le terrain. Le syndicaliste évoque également une situation étrange et absurde où notamment des centaines de caisses de sardines qui ne répondent pas aux normes ont été tout simplement rejetées à la mer. «La semaine dernière au port la Marsa à Chlef, des marins-pêcheurs ont préféré rejeter à la mer leur pêche de sardines dont la taille varie entre 5 et 6 centimètres que de brader son prix», rapporte-t-il. Ce scénario, poursuit-il, s'est répété dans plusieurs ports du pays, notamment à Mostaganem et à Alger. «Rejeter du poisson dans la mer est un crime économique passible de six mois à deux ans de prison et d'une amende de 10 à 50 millions de centimes. Seulement, en l'absence de sanctions, ces pratiques qui nuisent à l'économie nationale persistent», regrette-t-il. Hocine Bellout dénonce en des termes forts l'absence de contrôle à tous les niveaux : gardes-côtes, police, services des Directions de la concurrence et des prix (DCP) de wilaya, et services des Directions du contrôle de la qualité. «Il y a un fâcheux laisser-aller de la part de tous ces services concernés», s'alarme-t-il. Et d'ajouter : «Nous avons interpellé le ministère de la Pêche, mais il semble que tout ce beau monde soit complice d'une façon ou d'une autre pour que ce minuscule poisson arrive sur les étals des marchés.» Il s'interroge, d'ailleurs, sur le laxisme criant de toutes ces autorités qui participent à la destruction de l'équilibre de l'écosystème marin. «La pêche de la sardine de petite taille empêche la reproduction de l'espèce et contribue à sa destruction massive. Elle fait partie des onze espèces en voie d'extinction dans la Méditerranée», souligne-t-il. À ce rythme, dans deux ou trois générations, nous ne verrons plus dans nos assiettes de la sardine. Ce ne sera plus que de bons souvenirs à raconter aux générations futures ! Ry. N.