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Les naïfs de L'Immeuble Yacoubian
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 12 - 2021

Sachant mon intérêt pour les défauts communs aux religions monothéistes, un ami m'a fait parvenir un lien vers une chronique du grand écrivain russe Fiodor Dostoïevski Le prêtre et le diable. Ce lien(1) m'a conduit, à titre exceptionnel, vers Facebook, où a été publiée la traduction arabe de ce texte qui a cette particularité d'avoir été écrit sur les murs d'une cellule de prison. C'est dans cette prison, située au fin fond de la Sibérie, que le grand écrivain russe avait été enfermé durant quatre ans par le régime tsariste, et qui jouera un rôle décisif dans ses romans. Je ne m'attarderai pas sur le contenu qui reste très actuel, malgré son ancienneté, mais je ne saurais trop remercier le ou les animateurs des Chroniques algériennes, sur ce réseau social. Ce qui prouve qu'en dépit des rancœurs qui suintent de ses murs sur lesquels l'humour vient trop souvent se briser, Facebook reste aussi un haut lieu d'échanges(2) culturels et de partage. Je ne sais pas à qui nous devons ces Chroniques algériennes, si c'est un confrère que je n'aime pas, et réciproquement, mais le fait qu'il partage des textes de Kamel Daoud me suffit. Pourquoi des remerciements ? Parce qu'en plus d'avoir ravivé ma mémoire sur le rôle que Dostoïevski a joué dans la formation de mon esprit, il m'a aussi rappelé comment certains l'ont utilisé à l'insu de son propre gré.
Encore une occasion pour moi de dire du bien de Facebook, quoique je ne puisse plus en faire autant pour certains résidents d'écritures, qui l'utilisent plutôt comme un crachoir d'anathèmes. En fait, ce qui m'a d'abord interpellé, c'est le portrait de Dostoïevski que j'étais sûr d'avoir vu quelque part, et il n'y a pas si longtemps, et qui m'a fait actionner mon propre moteur de recherche. Encore heureux, me suis-je dit, qu'il y ait encore des Ala Aswani qui s'impliquent toujours dans les réseaux sociaux et les utilisent pour exprimer leurs idées, pour notre propre édification. Depuis que les journaux du Caire ne sont plus aussi accueillants, l'auteur de J'aurais voulu être égyptien s'est mis à la vidéo, avec la complicité d'un ami caméraman, et sans autocensure. Et c'est justement sur Facebook qu'il a choisi comme vitrine pour publier ses vidéos accessibles à tous(3) sous le titre générique et grammairien de Phrase répréhensive ou explicative. Il a déjà plus d'une vingtaine de ces causeries qu'il conclut comme ses anciennes chroniques de presse par le slogan «La démocratie, c'est la solution», pour l'opposer aux islamistes. Dans ces vidéos où il ne ménage pas ses critiques contre le gouvernement de Sissi, il a innové en rendant hommage à des personnalités de son pays, injustement traitées par le régime.
Le même portrait de Dostoïevski qui illustre la version arabe de sa chronique de prison Le prêtre et le diable sur Facebook a été aussi utilisé par Ala Aswani, pour dénoncer un faux grossier. Il s'agit d'une citation fabriquée en Egypte et attribuée à l'auteur de Crime et Châtiment, un des chefs-d'œuvre de la littérature universelle, dont l'idée lui est venue lors de sa détention. Ala Aswani montre la citation qui fait dire au grand romancier russe: «Durant ma visite en Inde, j'ai rencontré un cheikh musulman avec qui j'ai passé une semaine entière au cours de laquelle il m'a expliqué les principes de l'Islam. Nous, les Occidentaux, avons une image fausse de l'Islam. C'est effectivement une très grande religion.» L'écrivain égyptien propose ensuite plusieurs autres citations, dont nous avons retenu, au vu de leur intérêt, celles de la dirigeante israélienne Golda Meir et de Mme Hillary Clinton. Les voici : «Lorsque le nombre des musulmans à la prière de l'aurore (fedjr) sera aussi important que celui des fidèles à la prière du vendredi, ce sera la fin d'Israël» (Golda Meir). «Les Etats-Unis ont dépensé des centaines de milliers de dollars pour répandre le désordre fécond et faire naître un nouveau Moyen-Orient. Le plan a réussi en Irak, en Syrie, au Yémen et en Libye il est regrettable qu'il ait échoué en Egypte à cause de la résistance que nous a opposée l'armée égyptienne» (Hillary Clinton).
Que ce soit pour la citation attribuée à Dostoïevski ou pour celles des deux autres, ces textes sont présentés comme ayant été tirés des mémoires respectives des trois personnalités. Pour le premier nommé, et pour ceux qui connaissent un tant soit peu l'écrivain russe, il s'agit d'un faux : Dostoïevski n'a jamais mis les pieds en Inde et il n'a jamais écrit ses mémoires, rappelle Ala Aswani. Le larcin commis aux dépens de l'écrivain russe peut être n'importe quel musulman pieux, soucieux de revaloriser sa religion : comme on le sait, la foi peut soulever des montagnes, et donc elle peut aussi, à moindre peine, supporter des tonnes de bobards. «Le drame, nous dit Aswani, c'est qu'il y a des millions d'Egyptiens qui croient ce qu'ils entendent sans se donner la peine de vérifier et qui avalent ce genre de sornettes.» C'est ce genre de personnes qui peuvent ainsi croire à la véracité des paroles prêtées à Golda Meir, alors que tout esprit sensé sait qu'elle ne peut avoir dit cela dans ses mémoires. La dirigeante sioniste a en effet rédigé ses mémoires, et elles ont été traduites dans plusieurs langues, dont l'arabe,(3) tout comme Hillary Clinton a publié aussi les siennes, traduites également. Quant à la citation d'Hillary Clinton, son auteur est connu puisqu'elle est apparue pour la première fois sur un site officieux sobrement intitulé «Ceux qui aiment l'armée égyptienne».
Puis de nombreux journaux égyptiens ont repris cette affirmation flatteuse sans prendre la précaution de vérifier si elle existe réellement dans les mémoires de la femme politique américaine. Mieux encore, ou pire: le site d'une chaîne de télévision française qui a affirmé que c'était un faux a été inondé d'insultes par des internautes égyptiens qui croient dur comme fer à la véracité du texte. Ala Aswani déplore la crédulité des locataires de L'Immeuble Yacoubian, mais Goebbels aurait sûrement apprécié ce type de citoyens.
A. H.
1) Le lien vers la chronique de Fiodor Dostoïevski : (2) Facebook.
2) Je reprends ici l'appréciation savoureuse de notre regretté ami Moncef Benouniche, lorsque je lui avais fait découvrir «Le Bosphore», notre bar-restaurant attitré, au temps d'Algérie-Actualité.
3) Golda Meir avait aussi écrit un livre, La Négligence, sur la guerre d'octobre 1973, que le centre d'études palestiniennes de Beyrouth avait traduit en arabe dès sa parution. Ce n'est pas un hasard si ce centre a été l'une des cibles privilégiées lors de l'attaque israélienne sur Beyrouth.


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