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Otan en emporte le vent
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 02 - 2022


Par Naoufel Brahimi El Mili
Le mur de Berlin est tombé dans la nuit du 9 novembre 1989. Un mur dressé aussi lors d'une nuit du 12 au 13 août 1961. La guerre froide est inscrite sur du marbre, du béton pour être précis. Vingt-huit ans plus tard, devant les caméras, pan par pan, ce béton est démantelé par des marteaux-piqueurs, par des grues acheminées par camions mais toujours sous les objectifs des médias de la planète. L'Histoire avec un grand H est filmée en direct. Ce soir-là, nombreux étaient les journalistes à déclamer que l'«Histoire s'accélère», expression honnie par les historiens pour qui la matière de leurs études est immuable. Ce n'est qu'un détail de sémantique mais, c'est certain, les événements s'accélèrent. L'empire soviétique étalé sur neuf fuseaux horaires se décompose rapidement. La Russie est dirigée par un ex-communiste sobre par intermittence, Boris Eltsine, démocrate par opportunisme ou par instinct de survie. Il est élu, plutôt désigné Président de la Russie. Le pacte de Varsovie, un vis-à-vis de l'Otan, n'a plus de raison d'être, une alliance menaçante devient biodégradable. La guerre froide est finie. Le bloc communiste est vaincu. Dont acte.
L'Otan a gagné sans tirer un coup de canon et encore moins larguer une bombe atomique et heureusement. Le rideau de fer est brisé et tant mieux. Côté Occident, la victoire est savourée comme une cigarette après une relation intime. Un vrai régal, un délice, c'est l'euphorie générale. L'heure n'est pas à la réflexion constructive. Alors personne ne se pose vraiment la question de l'utilité de l'Otan, une machine de guerre redoutable contre le communisme. Mais sans communisme, à quoi sert l'Otan ? Un levier de négociation ou un vecteur d'hégémonisme. Apparaît un monde unipolaire. La Russie entre en somnolence et la Chine ne s'est pas encore réveillée. Les politiques occidentaux reprennent en chœur un des refrains de Mireille Mathieu : la paix sur terre. La réalité est tout autre. Se succèdent les événements les plus tragiques : le 11 septembre 2001, la guerre en Afghanistan, l'invasion de l'Irak, un «printemps arabe» moyennement spontané et aux déflagrations multiples (Libye, Syrie...)
L'Europe n'est pas à l'abri, non plus. Résonnent de plus en plus des bruits de bottes dans l'ex-bloc soviétique. Comprendre factuellement les tensions du moment autour de l'Ukraine nécessite un retour en arrière en deux temps. Le premier, entre la chute du tsar Nicolas II et l'établissement définitif de l'Union soviétique, l'Ukraine tantôt allemande, tantôt russe, après moult changements, a fini dans l'orbite de Moscou. Le second rappel de l'Histoire plus immédiate est celui d'une rencontre entre les deux puissances mondiales à La Valette, capitale de Malte. Une île anciennement britannique, un relais pour une des croisades contre les musulmans de Jérusalem. Malte est indépendante de la Couronne depuis 1964 et est européenne depuis le 1er mais 2004. Quelques années auparavant, en décembre 1989 et peu de semaines après la chute du mur de Berlin, cette île abrite un sommet déterminant pour l'après-guerre froide. Se rencontrent les Présidents américain et soviétique, George Bush (père) et Mikhail Gorbatchev.
A ce moment, l'ours soviétique bientôt russe a un genou par terre. Il est agonisant mais capable de donner un ou deux coups de griffes. Les deux chefs d'Etat proclament officiellement la fin de la guerre froide mais après un accord : les anciens pays satellites de l'Union soviétique ne doivent pas être intégrés dans l'OTAN. Un engagement ferme mais qui, juridiquement, n'a pas valeur de traité. Premier changement de cap, le 10 janvier 1994, se tient à Bruxelles le sommet de l'Otan. Les 16 pays alliés déclarent qu'ils escomptent élargir leur organisation aux Etats démocratiques de l'Est comme le prévoit l'article 10 du traité de Washington du 14 avril 1949 : «Les parties peuvent, par accord unanime, inviter à accéder au Traité tout autre Etat européen susceptible de favoriser le développement des principes du présent Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l'Atlantique Nord. Tout Etat ainsi invité peut devenir partie au Traité en déposant son instrument d'accession auprès du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique. Celui-ci informera chacune des parties du dépôt de chaque instrument d'accession. »
Le 12 mars 1999, l'OTAN s'élargit à la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. Peu de mois après, Boris Eltsine démissionne et Vladimir Poutine devient le Président de la Fédération de Russie par intérim le 31 décembre de la même année.
Il sera élu chef d'Etat de plein exercice le 7 mai 2000. Point n'est nécessaire de revenir sur les évolutions de la Russie et de la reprise en main du pays par Vladimir Poutine. Eclate la crise géorgienne au mois d'août 2008, Poutine n'est que Premier ministre.
La guerre est évitée mais cette région reste depuis un conflit froid. Bis repetita, l'Ukraine entend intégrer à son tour l'Otan. S'enclenche une logique de guerre. Toutefois, ce qui est illogique, c'est le maintien de l'Otan, une organisation de paix qui devient source de conflits. Souvenons-nous de la «réussite» de l'invasion de l'Afghanistan par les forces alliées. Faut-il aussi rappeler les conséquences de l'intervention de l'OTAN en Libye ? Donald Trump voulait se retirer de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord mais pour des raisons budgétaires.
La contribution financière des autres pays membres de l'Alliance se situe bien au-dessous des 10% du budget. Sans oublier que les Etats-Unis assurent plus des trois quarts des forces armées de l'Otan. Pour lui, l'Alliance n'est qu'un simple outil au service des Etats-Unis mais qui devient trop onéreux. Toutefois, Donald Trump s'est rétracté en proposant que l'Alliance s'implique beaucoup plus au Moyen-Orient. Il voulait transformer l'Otan (NATO en anglais) en Natome» (North Atlantic Treaty Organization Middle East).
Il entendait faire de l'Alliance un front anti-Iran financé par les monarchies golfiotes. L'Orient est déjà suffisamment compliqué.
A l'occasion des 70 ans du traité de l'Atlantique Nord, plus responsable, le Président français, Emmanuel Macron, lors du sommet de Londres en décembre 2019, parle de «mort cérébrale de l'Otan», incapable de se coordonner sur les décisions stratégiques prises par les Etats-Unis et la Turquie en Syrie. Emmanuel Macron entend créer une Europe de la défense. A la presse, le Président français parle de l'Europe comme un «partenaire junior des Etats-Unis». Son but est de développer une politique euroméditerranéenne autonome afin de maintenir sa position privilégiée au Maghreb. A cause de la coopération militaire maroco-israélienne, la France commence à perdre son historique allié en Afrique du Nord.
Dans la continuité de la politique étrangère de Donald Trump, Joe Biden se fixe la Chine comme ennemi principal. Après le conflit Est-Ouest s'esquisse celui de l'Extrême Est-Ouest. La Chine s'est bien réveillée depuis la chute du mur de Berlin. Indépendamment de savoir si c'est réalisable ou non, c'est une stratégie qui a sa logique interne. Alors pourquoi vouloir ouvrir un autre front avec la Russie ? Militairement, c'est risqué. Moscou plus Pékin, c'est autre chose que Kaboul avec le succès que l'on connaît. Il y a plus de questions que de réponses. Parmi celles-ci, les Etats-Unis veulent s'ériger en unique protecteur de l'Europe quitte à se fabriquer des ennemis et nourrir des tensions. Aussi, n'est-il pas à exclure que Washington prépare un scénario pour l'après-Poutine.
Le nom de Sergueï Choïgou, ministre de la Défense de la Fédération de Russie, circule déjà. A peine plus jeune que Vladimir Poutine, Sergueï Choïgou est originaire d'une province frontalière avec la Mongolie, région historiquement hostile à la Chine. C'est un gage et peu importe si le ministre russe de la Défense soit poursuivi par les tribunaux ukrainiens «pour formation de bandes armées» suite à la crise ukrainienne de 2013-2014. Son élection ne devrait pas poser problème puisqu'il est l'un des trois dirigeants du parti présidentiel «Russie unie».
L'écrivain russe devrait ressusciter pour écrire un autre roman : «Guerre et guerre». Il est vrai que, de son vivant, il n'a pas connu l'Otan.
N. B. E. M.


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