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La double nationalit� alg�ro-fran�aise : une nationalit� de crise ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 06 - 2011

Occult� et innommable en Alg�rie � il n�existe pas d��quivalent s�mantique en langue arabe hors des expressions, en situation coloniale, de stigmatisation �m�tourni� boubiri, des musulmans ayant acquis la nationalit� fran�aise au prix de la renonciation � leur statut personnel �, le ph�nom�ne de la double nationalit� alg�ro-fran�aise peut-il affecter les rapports entre les deux soci�t�s que ce soit sur le registre de l�apaisement de la �guerre des m�moires� ou encore sur celui de l�ancrage de la citoyennet� et de ses valeurs tant en France qu�en Alg�rie ?
Longtemps souterraine, la double nationalit� alg�ro-fran�aise s�est formellement affranchie des tabous et des censures � la faveur de la qualification de la s�lection alg�rienne au Mondial sud-africain de 2010 � l��quipe d�Alg�rie �tant majoritairement constitu�e de joueurs fran�ais d�ascendance alg�rienne � et renvoie prioritairement au choix de la nationalit� fran�aise par des nationaux alg�riens. Difficile � �valuer statistiquement dans la mesure m�me o� les �doubles nationaux alg�ro-fran�ais � � les DNAF � souscrivent encore, en France, aux obligations d�attributs de la nationalit� alg�rienne notamment par l�inscription sur les registres consulaires et le renouvellement des pi�ces d�identit� � carte nationale d�identit�, passeport �, la double nationalit� alg�ro-fran�aise se distingue aussi d�autres choix nationaux tels que ceux du Qu�bec ou des Etats-Unis, pays d�accueil de r�cents flux migratoires alg�riens.
1- Le pr�c�dent du service national
Un seul pr�c�dent de cohabitation binationale peut �tre cit�, au lendemain de l�ind�pendance alg�rienne, celui des appel�s du service national, institu� en 1969 et qui concernait aussi les enfants d��migr�s alg�riens consid�r�s comme nationaux alg�riens en vertu du droit du sang retenu par le code de la nationalit� alg�rienne et fran�ais selon les dispositions du droit du sol en vigueur en France. Cette exception juridique sera r�solue au plan bilat�ral en 1983 et ce n�est qu�en ao�t 2009 que s�affichera, pour la premi�re fois, la double nationalit� alg�ro-fran�aise, � la faveur d�une rencontre publique � Oran, sous l��gide d�une s�natrice en charge des �Fran�ais de l��tranger�. Alors que le chef de l�Etat alg�rien avait �voqu�, lors de sa rencontre de Monte-Carlo en 2000, l�existence d�une communaut� d�origine alg�rienne comme �une passerelle entre les deux rives�, le moins que l�on puisse observer est la relative prudence avec laquelle les pouvoirs publics alg�riens tentent, sous des couverts convenus comme celui de �la fuite des cerveaux �, ou le retour des comp�tences de l��tranger, d�aborder la question sans jamais la nommer et en soustrayant au �secr�tariat d�Etat � la communaut� � l��tranger � les instruments d�une politique transparente et intelligible. L�actualit� pr�gnante du comment (re)devenir fran�ais quand on est natif alg�rien, soul�ve forc�ment de redoutables questions moins d�un demi-si�cle apr�s la conclusion d�une dure guerre d�ind�pendance et, au plus loin de ce qui peut informer des choix individuels, reconvoque d�une mani�re ou d�une autre les fondements de la construction nationale alg�rienne sur le long cours.
2- La nationalit� fran�aise en terre alg�rienne
Pour rappel, l�octroi de la nationalit� fran�aise en terre alg�rienne avait d�abord concern� la communaut� juive, francis�e par le d�cret Cr�mieux de 1870, avant de toucher les �Europ�ens d�Alg�rie� en 1889, les autochtones musulmans �tant assign�s, � la m�me date, au statut de suj�tion, par le code de l�indig�nat dont l�application avait �t� �largie en 1881. Au lendemain du premier conflit mondial, le gouvernement Cl�menceau mettait en place les conditions politiques et juridiques d�un acc�s censitaire � la nationalit� fran�aise pour les musulmans d�Alg�rie dont l��largissement sera l�un des axes du statut controvers� de 1947. C�est dans le cours de la guerre d�ind�pendance que le g�n�ral de Gaulle �noncera, pour les Alg�riens, le statut de �Fran�ais � part enti�re� par ailleurs nuanc� par l�administration fran�aise en �Fran�ais de souche nord-africaine � (FSNA) formellement port� sur leur pi�ce d�identit�. C�est ce statut pr�cis�ment qui fonde les dispositions de demande de �r�int�gration dans la nationalit� fran�aise� retenues par les accords d�Evian et qui fournit, avec la naturalisation, l�un des contingents de la double nationalit�. En quoi ceux qui font le choix de la France tout en maintenant une all�geance formelle avec le pays d�origine prolongent-ils ou subvertissent- ils le statut de FSNA et de quelle mani�re ces choix font-ils sens pour l��volution de la soci�t� alg�rienne et particuli�rement de sa construction nationale ? Sanctionn�e principalement par l�ex-territorialisation des acteurs, la double nationalit� inscrit dans des termes in�dits la donne des mobilit�s, celles des migrations notamment, informant les constructions identitaires en termes de statut social et ou d�appartenance culturelle particuli�rement lors du cours historique de la colonisation. L��migration des Alg�riens � principalement et longtemps en direction de la France � pour en avoir �t�, y compris au lendemain de l�ind�pendance alg�rienne, l�une des expressions notables, n�en n��puise pas pour autant les modalit�s. Un rappel pr�judiciel doit �tre fait, celui de la place d�cisive des migrations dans la formation du lien social en Alg�rie, singuli�rement apr�s l�ind�pendance, comme l�indiquent d�une part les donn�es du premier recensement des populations de 1966 qui fixe � quelque 44% la population urbaine et d�autre part de celui de 2008 qui les situent d�sormais � 86%, sanctionnant un changement radical du socle social et spatial des statuts et des identit�s des acteurs sociaux.
3- Des migrations de long cours
Les violences de la guerre d�ind�pendance entre 1954 et 1962 se sont aussi traduites par les modalit�s administratives de regroupement autoritaire des populations � pr�s du tiers des neuf millions estim�s de la population musulmane � et par une acc�l�ration des mobilit�s en r�sonance avec les cons�quences durables des guerres de conqu�te coloniale du XIXe et du d�but du XXe si�cle qui avaient abouti � une destruction des liens communautaires et de leurs fondements, la terre, la famille. La question des migrations alg�riennes s�entend ainsi sur la longue dur�e du temps colonial sur fond de paup�risation des populations autochtones, de mise en m�moire d�humiliations et de perte de l�estime de soi et inscrit, par exemple, la qu�te de la ville au lendemain de l�ind�pendance moins sur le seul registre des d�terminations �conomiques � la recherche de l�emploi � que sur celui plus symbolique d�une revanche sociale. Ces donn�es historiques et sociologiques permettent d�ailleurs de rendre compte de la progressive mont�e en puissance du mouvement pl�b�ien � pour reprendre une qualification de l�historien Mohamed Harbi � d�s la fin des ann�es trente et des conditions d�acculturation politique de la paysannerie pauvre et du lumpenprol�tariat urbain, base social du populisme r�volutionnaire exprim� par le PPA puis le MTLD. L��migration alg�rienne quasi institutionnalis�e au lendemain du premier conflit mondial, outre d�inscrire dans le paysage industriel fran�ais le contre-champ de la mis�re sociale alg�rienne, allait aussi constituer l�embrayeur de la reconstruction de soi et de l�invention du lien national sous la houlette de l�Etoile nord-africaine et de son leader Messali Hadj. Les ann�es quarante, celles de la Seconde Guerre mondiale et d�un nouveau choc d�mographique li� � la conscription des jeunes Alg�riens, inscrivent dans la m�moire et l�imaginaire alg�riens d�autres registres d�acculturation et la figure de l�ancien combattant comme forme in�dite de m�diation entre la soci�t� fran�aise et les acteurs autochtones. Cette d�cennie est aussi celle, essentiellement, d�un changement de registre dans la hi�rarchisation des revendications alg�riennes et du passage du primat du principe de nationalit� sur celui de la citoyennet� longtemps d�fendu par les courants r�formateurs urbains et ancr�s dans la modernit� politique coloniale. L��migration alg�rienne dans la diversit� de ses g�n�rations, les anciens combattants confront�s aux brutalit�s des massacres de masse dans le Constantinois de Mai 1945, auront �t� au principe de l�acc�l�ration de cette �volution et est-ce moins les vertus de la citoyennet� fran�aise que celles de la r�sistance qui informeront peu ou prou les confrontations alg�riennes � la domination coloniale. Il est entendu qu�il faut lib�rer la lecture de la guerre d�ind�pendance alg�rienne des �nonc�s d�un r�cit national, institutionnel glorifiant l�unanimisme du peuple alg�rien et l�homog�n�it� du FLN/ALN arc-bout�s � un imaginaire guerrier et revenir autant que les sources le permettent aux fractures, aux violences inter-alg�riennes � guerre FLN-MNA, mobilisation arm�e d�une partie de la paysannerie sous les divers registres de la harka contre le projet national alg�rien � affrontements qui marquent les hypoth�ques pesant sur la mise en place de l�Etat-nation alg�rien m�me si le r�f�rendum du 1er juillet sanctionne d�finitivement l�ind�pendance et la souverainet� alg�rienne.
4- Une conception n�o-hislahiste de la nation
L�autoritarisme du r�gime au lendemain de l�ind�pendance � restriction des libert�s collectives et individuelles, contr�les des m�dias, etc. � construit aussi un consensus in�dit fond� sur les refoulements et sur les comp�titions autour de le rente patriotique d�calant les c�sures du fragile lien national et imposant une conception n�o-islahiste de la nation. Cette d�clinaison d�une identit� nationale alg�rienne licite va rajouter � l�abc�s de fixation harki � commun�ment convoqu� pour la mise au ban de la nation � le proc�s de l�acculturation francophone, �hizb fran�a� � parti de la France � d�signant g�n�ralement les �lites de la haute administration de l�Etat largement h�rit�es de la p�riode coloniale. Est-ce pourtant l�insurrection citoyenne des nouvelles �lites arabophones, issues des politiques volontaristes d�alg�rianisation et d�arabisation des enseignements, qui la premi�re met en cause dans l�espace public la coh�rence de la conception de la nation et de la place qui y est formellement faite aux �nonc�s de l�arabo-islamisme. Les manifestations des dipl�m�s de langue arabe en 1979 marquent le d�calage entre la valorisation symbolique d�une nation alg�rienne essentiellement arabo-musulmane et la rel�gation de ses expressions par une coh�rence �conomique et id�ologique d�Etat largement inform�e par une technostructure essentiellement francophone. Audel� des r�ponses conjoncturelles � une demande reconfigur�e sur le terrain de la qu�te d�emploi, il s�agit bien d�une c�sure annonciatrice des limites du contr�le de l�Etat et de ses appareils sur les mouvements port�s par la soci�t� et singuli�rement sur le socle de la construction d�une identit� nationale. Ait-elle �t� fond�e sur le r�f�rent identitaire arabo-musulman, la revendication des �lites arabophones opposera ainsi de mani�re in�dite les droits � fussent-ils alors virtuels � de la citoyennet� aux devoirs encore contraignants de la nationalit�. La question que posait en filigrane la revendication arabophone de la fin des ann�es soixante- dix �tait-elle ainsi fondamentalement celle de savoir ce qu��tait d��tre alg�rien, de la place des vecteurs religieux et linguistiques dans la d�finition de l�appartenance nationale et cette question devait r�activer tensions lourdes et longtemps tues au sein de la soci�t�.
5- Les nouveaux �Go beetween�
En est-il notamment de la posture de l��migration alg�rienne en France soumise au contr�le du parti-Etat � travers l�Amicale des Alg�riens en France et convoqu�e par le mythe du retour au pays alors que les s�jours saisonniers des travailleurs et de leurs familles consacraient un in�dit �entre deux� terres, deux cultures, deux soci�t�s v�cu sur le registre du trauma par les parents et de l�incompr�hension par les enfants. On peut s�arr�ter y compris sur l�ambivalence de l�accueil de ceux qui venaient de l�autre c�t� de la mer affichant, m�me � leur corps d�fendant, les signes d�une diff�rence, envi�s et en m�me temps stigmatis�s par les verbalisations locales. �Emigr�s� faisait sens dans l�espace public d�identit� de transition aujourd�hui qui tranchait d�j� � tout le moins avec la singularit� de l�appartenance � la communaut� nationale telle que v�cue ou per�ue comme l�gitime par l�opinion dominante. Encore Alg�riens par les attaches familiales affich�es mais d�j� diff�renci�s par les signes forts � parler, habits � d�une francit� affirm�e sans complexe par les nouvelles g�n�rations, �gobeetween � inattendus, les travailleurs �migr�s, souvent de longue souche, reposaient de mani�re r�currente la lancinante question des racines et de la territorialit� dans la construction du lien national. L��loignement constant du pays � dont les motifs ne pouvaient �tre mis en cause � pouvait-il suffire pour finalement censurer l�appartenance nationale ? Le pouvait-il encore alors m�me que l��rosion des terroirs d�origine � le douar, le village � r�inscrivait les liens familiaux dans un cadre de plus en plus urbain ? Le fait est que l��migration r�installait la France, les blessures ou les imaginaires qu�elle pouvait encore susciter dans la complexe et fragile construction d�une nationalit� alg�rienne et donnait sens � la question de savoir comment �tre un Alg�rien de France et, � terme, comme cela finira par se formaliser, un Fran�ais d�Alg�rie. Il est important de relever la concomitance d�un ensemble de facteurs � politiques entre autres � avec les processus d�interpellation du lien national, de ses fondements et de sa port�e. La revendication amazighe du d�but des ann�es quatre vingt, l�insurrection islamiste des ann�es quatre-vingt-dix, par del� les diff�rences formelles d�objet, marquaient l�une et l�autre la question identitaire comme un point aveugle du syst�me politique autoritaire et particuli�rement l��chec de la conception instrumentale, r�pressive, inspir�e du n�o-islahisme, de la nation alg�rienne. Cette m�me conception qui avait, au lendemain de l�ind�pendance et selon les dispositions du code de la nationalit�, impos� aux militants nationalistes du FLN d�origine europ�enne de passer par les fourches caudines d�une d�marche administrative pour se faire reconna�tre leur alg�rianit�.
6- Entre ethnicisation et d�nationalisation du lien social
Jusqu�o� et dans quelles formes la remise en cause de conception autoritariste de la nation mettait-elle en question la l�gitimit� d�un lien national alg�rien ? L�acc�l�ration de la d�l�gitimation du r�gime autoritaire dont les fractures �taient devenues plus manifestes dans la d�cennie quatre-vingt frappait aussi de d�litement le lien national et ouvrait droit d�abord � l�entreprise d��thnicisation du lien social par les d�rives berb�ristes du mouvement de l�amazighit� � dont il n�est pas besoin de souligner qu�il conforte le socle de la construction nationale � et par la suite � celle de sa d�nationalisation par l�islamisme et sa vision de la Ouma islamiya. Les violences de l�insurrection islamiste et de sa r�pression par le r�gime, tous bilans �gaux par ailleurs, auront plus consacr� une in�dite d�fense du �caract�re r�publicain de l�Etat� que la p�rennit� d�une nation pourtant explicitement remise en cause par les th�ses islamistes. Cette situation de rupture violente des liens sociaux a-t-elle rendu moins probl�matique la transgression et faut-il lui imputer exclusivement l��mergence d�une double nationalit� alg�ro-fran�aise et son inscription progressive dans le quotidien ? Un nombre significatif de nationaux alg�riens avaient effectivement fait le choix de rejoindre la France au cours de la d�cennie quatre-vingt-dix, pour la plupart d�entre eux, pour des motifs d�clar�s de s�curit� et ils auront �t� nombreux � transformer une situation d�urgence en une r�sidence � demeure sanctionn�e, au bout du compte, par l�acquisition ou la r�int�gration dans la nationalit� fran�aise.
7- L�ind�pendance inachev�e
Si le constat peut �tre fait que les violences politiques avaient pu jouer un r�le de catalyseur dans les nouvelles migrations, en direction privil�gi�e de la France puis dans le choix de la nationalit� fran�aise � forc�ment plus lourde de sens et d�enjeux que la canadienne ou l�am�ricaine elles aussi sollicit�es �, il convient aussi d�observer que tous ceux qui y avaient �t� expos�s n�ont pas fait ce choix et que somme toute il est l�gitime d�en chercher les d�terminations dans le plus long cours de l�histoire de l�Alg�rie. Les d�terminations culturelles de la p�riode coloniale, au travers en particulier du mythe d�une �cole r�publicaine �mancipatrice, ont pu jouer dans la construction binationale d�une partie des acteurs alors r�put�s demandeurs de citoyennet� mais elles ne devraient pas occulter l�accueil qui avait �t� alors r�serv� en France aux militants du courant djihadiste qui repr�sentent aussi une partie des nouveaux double-nationaux. Un demi-si�cle � peine apr�s le recouvrement de l�ind�pendance alg�rienne et quels qu�en fussent les raisons et les itin�raires, les diff�rentes strates du processus d�acquisition de la nationalit� fran�aise � par les travailleurs �migr�s profond�ment accultur�s par la soci�t� industrielle, par les acteurs- t�moins de la crise des ann�es quatre-vingt-dix � font sens d�inach�vement de la d�colonisation et singuli�rement de celle de l�Alg�rie assign�e g�n�ralement � l�exemplarit�. La surcharge de la symbolique nationaliste par l�Etat autoritaire aura eu, en fin de compte, moins d�impact de longue dur�e que la censure de l�histoire et du brouillage du sens de la longue dur�e pour des g�n�rations d�Alg�riens et poser la question de savoir si la double nationalit� alg�ro-fran�aise d�j� des effets induits par la mondialisation ou encore de la r�activation du pass� indique que l�Alg�rie ind�pendante n�a pas �puis� ni sold� les contentieux inform�s par la colonisation et la remise en cause de l�ordre colonial.
A. M.
* Professeur � l�Universit� Mentouri de Constantine, Alg�rie.


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