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Ramadan zmigri !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 05 - 08 - 2012


Par Arezki Metref
[email protected]
H moins 5 avant le ftour : station oblig�e dans une agence de voyages, m�tro Couronnes, � Paris. Un billet pour le bled ? Pas �vident. Je toise la situation. C'est Ramadan. Tu peux le voir sur le visage en cire des trois quidams et deux je�neuses, une jeune et une moins jeune en robe constantinoise, qui font le pied de grue sous des affiches touristiques all�chantes. Juges-en : Marrakech (8j/7n) 480 euros, Djerba 400 euros, Croatie 480... Alger ?
Inexistant comme destination touristique ! Dans l'agence, que des pays qui vont passer une partie du Ramadan ou l'A�d avec leur famille.
- �a, c'est pas pour nous, c�est pour �eux�, soupire un des quidams, barbichette canonique et sabha de rigueur, laissant le �eux� incrimin� dans le statut de l��nigme. Au comptoir, deux agents ensommeill�s et � la bouche p�teuse assument leur douleur en bossant �normal�. Ils doivent r�pondre � toutes les questions des �n�tres�. D�j�, d'ordinaire, elles sont comme qui dirait baroques, aiguis�es par le car�me.
- Pourquoi c'est plus cher que sur internet, dit un autre des quidams tandis que l'agent lui donne le prix du billet Paris-S�tif.
- Parce qu'il y a des frais d'agence. Mais tu peux prendre ton billet sur internet toi aussi, et tu ne payeras pas de frais d'agence. Le quidam marmonne quelque chose que visiblement seul l'agent a compris. Il r�torque presto :
- Ah, bon, tu veux un billet en agence au prix d'internet ! Yakhi ra�a.... Bonjour l�ambiance. C�est du live et du vrai ! Comme toujours avec les n�tres�, on ne sait pas comment l'imbroglio s'installe. Toute l'agence, clients et agents r�unis, s'est coalis�e pour faire comprendre au quidam que si le billet est plus �lev� que sur internet, il peut accepter ou pas les explications, mais ce n�est pas la faute de ce monsieur-l�, tu vois. Mais l'autre persiste � prendre la diff�rence de prix pour un affront commis par l'agent � son encontre. Ubuesque. Pas moyen de lui faire entendre raison. C est le type � la barbichette qui d�noue la situation. Il prend � part le quidam, lui raconte on ne sait trop quoi dans le creux de l'oreille, l'autre opine du chef puis s'en va comme un agneau, t�te baiss�e et du miel dans les mots :
- Saha ftourkoum, yal khaoua ! Je regarde l'agent. Il a l'air d�pit� je ne sais si c�est par la sc�ne elle-m�me ou par le revirement du quidam. J�ai presque envie de trouver le type � la barbichette pour lui demander sa recette. Elle pourrait permettre au pays de marcher �normalement� pendant le Ramadan. Mais Barbichette est plong� dans une pri�re. Il a juste eu le temps, avant de s'immerger, de commenter ce qui vient de se passer en un mot : �Ramadan�. D�crypt�, �a donne probablement : faut s��tonner de rien. C�est � mon tour d�arriver au comptoir. Je tombe sur l�agent de la sc�ne de tant�t. Je lui �nonce les dates de mon voyage �ventuel. Il tapote sur son ordinateur, passe un ou deux coups de fil cod�s puis m�annonce la douloureuse : 520 euros Paris-Alger- Paris ! A yemma ! Je suis estomaqu�. Je regarde les affiches qui me promettent un s�jour tout inclus plus le billet d�avion dans des villes comme Marrakech, Djerba, Dubrovnik� Et je me demande ce qu�Alger a de plus pour �tre l�une des destinations les plus ch�res au monde. Ce n�est �videmment pas aupr�s de l�agent que je me plaindrai. Aupr�s de qui alors ? Tiens, si on essayait le pr�sident de la R�publique ! Peut-il seulement nous expliquer ce que l�Alg�rie a de si diff�rent pour valoir les billets d�avion les plus �lev�s de l�aviation civile ? Sonn� par cette question r�currente et qui n�a pas de r�ponse, je quitte l�agence sans billet et entre dans un cybercaf� tenu par un pakistanais, lui aussi livide. Le car�me lui ass�che la peau. H moins 4 avant le ftour : Je prends un poste pour communiquer sur Facebook avec un pote de Toronto. Un jeune Tunisien, de ceux que la �r�volution de jasmin � a jet�s sans papiers dans le quartier, branch� skype avec un de ses compatriotes dont on voit la bobine salafis�e sur l��cran, parle si fort qu�il nous fait entrer gratis et sans obligation d�achat dans le secret d�un sans-papiers. Avec des types comme �a, pas besoin de flics. Il raconte tout, tout seul : comment il a �t� aid� par un shab boulahya de la rue Jean-Pierre-Thimbaud dont il se m�fie pourtant, ce qu�il a mang� la veille et avec qui, les combines pour passer les contr�les de police� Un tel sans g�ne a de quoi faire halluciner ! �Absence totale de sur-moi�, diraient les psys ! Du coup, tous les clients du cyber n�ont qu�un choix : �couter cette voix tonitruer sa vie de sanspapiers dans le quartier de Belleville. C�est l� qu�ils ont �chou�, apr�s la chute du satrape de Carthage. Du jour au lendemain, des centaines de jeunes format�s dans leur habillement et m�me dans leur comportement ont envahi les parcs du quartier, les caves, les squats, les bancs� Voici comment Le Figarodu 27 octobre 2011 d�crivait leur quotidien : �Tous les jours entre 10 heures et 23 heures environ, dans le secteur du parc de Belleville (XXe), c�est le m�me rituel : rassembl�s par petits groupes, ils d�ambulent dans le quartier, tour � tour rieurs, m�fiants, parfois nerveux, visiblement d�s�uvr�s. Naufrag�s des r�volutions arabes, ces jeunes hommes sont arriv�s � Paris � la suite d�un long p�riple qui les a vus passer par l��le italienne de Lampedusa. La police �value leur nombre � plus de 300. Plut�t bien encadr�s au d�part par des associations caritatives, ils semblent aujourd�hui livr�s � eux-m�mes.� L�injection de centaines de clandestins pose �videmment des probl�mes de relations avec des riverains. Sans ressources, les jeunes recourent � la d�linquance pour survivre. Le 30 septembre 2011, un ressortissant bangladais de 36 ans est rou� de coups � 2h du matin. Ses agresseurs, identifi�s par leurs empreintes, sont deux Tunisiens de 27 ans. Ils refusent de livrer leur identit� � la police. Ils disent se nommer �Ben Laden et Kadhafi�. Leur image est si d�valu�e que m�me les prostitu�es chinoises, pourtant r�duites � se contenter de ce qui se pr�sente, ne veulent pas de leur fric. Je n�arrive pas � communiquer avec le copain de Toronto. On se dit le lapidaire �� plus� et je sors dans la rue dont les clameurs du Ramadan, avec les vendeurs � la cri�e, me semblent moins agressives pour les tympans que la trompe du jeune Tunisien. H moins 3 h du ftour : je d�ambule parmi les �talages sauvages d�un march� de ramadan. L�ill�galit� de ces commerces a valu une �chauffour�e avec la police au premier jour du Ramadan 2011. Le ftour s��tait fait aux gaz lacrymog�nes. L� aussi, c�est le bled en direct, accent compris. Kalbalouz, zlabia, baklawa, makrout, produits laitiers du Maghreb, dattes, menthe fra�che, th� vert de Chine, tout y est. Une jeune femme propose des mhadjab cuites sous vos yeux � 2 euros-pi�ce, moiti� moins que ceux de La Bague de Kenza, la p�tisserie orientale chic du quartier. H moins 2 du ftour : dans l�une des nombreuses librairies islamiques qui prolif�rent dans le coin, je vois une cha�ne. Je m�approche. Y a pas que des livres dans cette librairie. On y trouve des dattes de La Mecque, du miel et du shampoing de graines de nigelle, des savons � l�huile d�olive et du siwak. Mais s�il y a autant de monde, me dit-on, c�est pour l�eau de Zamzam. 3,50 euros la bouteille de 500 ml. H moins 1 du ftour : Je surprends sur un banc, insensible � l�agitation, mon vieux pote, Dda Slimane. A sa t�te, je comprends qu�il fait le Ramadan. Comme d�habitude, il a un paquet de journaux alg�riens sous la main, qu�il lit et commente quand il trouve quelqu�un pour l��couter. �T�as vu, ils recommencent avec leur truc : un flic a agress� un jeune aux Ouadhias sous pr�texte que le jeune ne je�nait pas ! Ils vont o�, ces rascasses ! Et t�as vu l� (il me montre un autre journal que je ne regarde pas), un type dit que Bouteflika a raison de ne pas changer de gouvernement. �a me rassure car le m�me type aurait dit que le chef a raison de changer de gouvernement s�il l�avait fait.� Un quart d�heure avant le ftour : la t�l� passe un film de Merzak Allouache, �Tata Bakhta�. Une histoire de bons sentiments o�, � la fin, l�Alg�rienne intransigeante sur les valeurs de l�islam et le Fran�ais raciste finissent par s�embrasser. Happy end. Mais heureusement que Merzak Allouache sait faire des films. Celui-l�, comme tous les autres, est bien fichu, pas � dire.


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