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LE CIN�MA EN ALG�RIE
Entre le degr� z�ro de la r�flexion et les marchands du malheur
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 03 - 2013

On lit de temps � autre dans certains journaux des affirmations selon lesquelles la mal�diction qui frappe le 7e art alg�rien est due � la disparition de salles de cin�ma. Puis un autre jour, on change de registre, on s�en prend � l�inexistence de laboratoires de d�veloppement de la pellicule (� l��re du num�rique).
Mais le plus beau est sans doute � venir le jour o� un illumin� d�cr�tera que le cin�ma est une invention du diable et il est donc normal qu�on pr�cipite sa mort. Ainsi �notre cin�ma� est-il pris en sandwich entre le degr� z�ro de la r�flexion et l�obscurantisme exponentiel des marchands du malheur. R�duire le probl�me du cin�ma � une simple histoire de salle est une plaisanterie de mauvais go�t. La lucidit� nous invite plut�t � remonter le temps o� le cin�ma a �t� laiss� � l�agonie avant de mourir de sa belle mort parce que les cow-boys en cols blancs du FMI avaient ordonn� des restructurations de l��conomie. L�ONCIC(*) faisait partie des �canards boiteux � � �liminer. Les mat�riels de cin�ma de cette honorable maison furent stock�s et dispers�s on ne sait o� mais la chape de plomb id�ologique qui paralyse et refroidit la cr�ation continua � fonctionner. Les r�veurs et les na�fs s�attendaient � ce que la disparition de l�ONCIC entra�ne l��closion de bo�tes de production. C��tait surestimer le statut du cin�ma aux yeux du pouvoir et ignorer le d�sint�r�t sinon le m�pris de nos �capitalistes� qui pr�f�rent investir dans la pierre (h�tels-restaurants) et dans l�import-import, activit�s imm�diatement lucratives et sans risque. Il faut dire que �nos� capitalistes sont de bons comptables. Ils ont compris que le cin�ma n��tait pas la caverne d�Ali Baba dans un march� national ��troit� (pour des raisons �videntes de pouvoir d�achat et surtout quand la moiti� de la population, les femmes, ne fr�quente pas les salles de cin�ma). Si l�on ajoute � ce tour de table la frilosit� des banques dans le financement de ce secteur de saltimbanques, il ne reste au pauvre cin�aste que le minist�re de tutelle � condition de montrer patte blanche et que le sc�nario entre dans le cadre d�un quelconque anniversaire de l�histoire du pays. S�adresser aux bo�tes de production ? Mais celles qui existent font pour la plupart de la pub, des magazines pour la t�l� ou des images de l�actualit� pour les m�dias �trangers. Les v�ritables bo�tes de production de films de cin�ma se comptent sur la moiti� des doigts d�une seule main et sont d�pendantes du financement d�une quelconque institution �tatique (CQFD). Voici donc le paysage peu brillant du cin�ma. Je reviendrai plus loin sur les autres blocages qui p�nalisent cet art singulier. Mais avant, faisons un d�tour par les pays o� existe une v�ritable industrie du cin�ma, pour nous �clairer sur les efforts et les investissements (encore faut-il qu�il y ait une volont� politique) � faire pour sortir notre production cin�matographique de cette mis�rable situation. Dans les pays de cin�ma, la bataille fait rage pour faire exister des films de tous les genres et r�sister aux envahisseurs (c'est-�-dire les Am�ricains). Je voudrais partir de la fameuse phrase �le cin�ma est un art et par ailleurs une industrie� d�Andr� Malraux pour exposer un point de vue et partager des informations. Aujourd�hui, on devrait compl�ter la phrase de Malraux et parler �d�industrie soumise au capital financier�. Ce dernier, et ce n�est plus un secret, est obs�d� par la vitesse de la rotation des films et par la multiplication des espaces d�exposition de ces �uvres artistiques banalis�es comme n�importe quelle marchandise pour atteindre le taux maximum de rentabilit�. C�est pourquoi on a assist� il y a d�j� une vingtaine d�ann�es � la cr�ation des salles multiplexes o� les films sont d�barqu�s, proprement �ject�s d�s que le taux de remplissage par s�ance descend au-dessous d�un certain seuil. Parall�lement � la possession des multiplexes, les grands distributeurs investissent dans la production, ce qui leur permet de privil�gier les sorties de leurs films dans leurs salles tout en limitant le passage des films d�auteur et autres films dits fragiles. Cette politique (avec la complicit� ravageuse de la t�l�) a d�j� d�truit de grands pays de cin�ma comme l�Italie, l�Allemagne et l�Angleterre. Seule la France r�siste, pour combien de temps encore ? gr�ce au CNC (Centre national de cin�ma) cr�� en 1946 apr�s l�euphorie de la Lib�ration pour contourner le diktat am�ricain contenu dans leur fameux plan Marshal. Aujourd�hui, la r�sistance du pays des fr�res Lumi�re faiblit peu � peu face � l�h�g�monie de plus en plus envahissante des films am�ricains. La r�cente pol�mique autour de G�rard Depardieu fut un pr�texte saisi par des producteurs pour d�baller sur la place publique les aberrations d�un syst�me qui a du mal � r�sister au tsunami de l�internet et de la concurrence f�roce du cin�ma am�ricain. Cette rude bataille qui a commenc� a pour but d��viter � la France de conna�tre le sort de l�Italie d�Antonioni, Pasolini, Visconti, Fellini et des centaines d�autres monstres sacr�s du 7e art. On peut l�esp�rer mais, h�las, le doute et l�incertitude sont plus forts que cet espoir mesur�. Revenons chez nous o� c�est plut�t le vide que le trop-plein des films qui pose probl�me aux cin�astes et aux critiques de cin�ma qui n�ont rien � se mettre sous la dent. Avant d��tre une industrie domin�e ou non par le capital financier, le cin�ma est un art. Pourquoi donc aller chercher de fausses raisons pour expliquer l�absence de production des films ? Essayons donc d��num�rer les sources nourrici�res de cet art qui font cruellement d�faut chez nous. Le cin�ma est d�abord un point de vue pour regarder le monde et tenter de le comprendre. Au cin�ma, on regarde le monde avec des images qui font virevolter des espaces et des objets avec les diverses focales de la cam�ra, o� les personnages dans la peau des com�diens se donnent en spectacle au milieu du bouillonnement de la vie, toutes ces images sont mont�es selon un rythme et un tempo. Toute cette machinerie implique des sc�naristes, des techniciens, des com�diens ; bref, un univers o� l�on ma�trise la technique et s��panouit une culture ouverte sur le monde pour alimenter les histoires � raconter. H�las, chez nous, ce capital aussi bien mat�riel qu�immat�riel n�est pas abondant. Un monde de cin�ma ne peut pas �clore dans un d�sert culturel. Avons-nous de v�ritables �coles de cin�ma et de th��tre pour former des techniciens, des com�diens, des ateliers d��criture, des animateurs culturels ? Et quand un quelconque institut existe, il patauge dans un environnement bureaucratique et incomp�tent qui tue dans l��uf cet amour pour l�art. Il n�est donc pas �tonnant d�entendre Djamila Sahraoui dire qu�elle a jou� le r�le de �Yema� faute d�avoir trouv� une femme capable de tenir ce r�le. Que dire aussi � un r�alisateur oblig� de faire appel � une �trang�re pour jouer en maillot de bain dans une s�quence sur une plage sous le soleil g�n�reux du pays ? Comment ne pas �tre d�sesp�r� quand les journalistes nous rapportent que des festivals grassement subventionn�s sont incapables d�assurer correctement la projection d�un film ? M�me la grande chanteuse de l�andalou Behdja Rahal a essuy� les plats de l�incomp�tence des techniciens � la salle Ibn Khaldoun. Enfin, un cin�ma ne peut vivre que s�il y a un public qui peut se reconna�tre dans les images projet�es, dans les histoires racont�es. Le cin�ma fait r�ver, et le r�ve est �minemment subversif. Ce n�est pas moi qui le dis mais les livres de philosophie. On comprend pourquoi du reste les dictatures interdisent ou contr�lent �troitement le cin�ma. On entend les gens dire ici et l� que telle �uvre a chang� leur vie. Oui le cin�ma peut remplir cette fonction de d�couverte car il fait voyager le spectateur � travers l�imaginaire d�un auteur, fait entendre une po�sie de la vie qui met du piment dans son quotidien. Que fait-on pour cr�er ces atmosph�res pour attirer et inciter les gens � fr�quenter les lieux publics (th��tre, cin�ma, biblioth�que) o� est jou�e, projet�e, racont�e leur histoire, o� se construit et se d�truit la vie des gens qui leur ressemblent, o� se r�v�lent les secrets et les myst�res de la vie qu�une soci�t� malade de ses tabous n�ose jamais aborder ? Pourquoi s��tonner ensuite quand les spectateurs boudent �nos� films quand ils constatent que leur imaginaire et leur exp�rience de la vie sont plus riches que celle du cin�aste ? Pourquoi accuser les spectateurs d��tre ali�n�s quand ils se ruent vers les films �trangers o� ils sont assur�s de jouir des bruits et des fureurs, des sons et lumi�res du monde ? Ils �fuient� ailleurs tout simplement parce que leur quotidien et les pages glorieuses de leur histoire sont absents dans �nos� films. Et quand elles le sont, elles sont mises en sc�ne d�une fa�on grossi�re parfois m�me vulgaire. Pas �tonnant que le spectateur pr�f�re leur tourner le dos. Et quand des r�alisateurs font des �uvres qui trouvent de l��cho dans la soci�t�, leurs films sont interdits. Le cas de Nadir Mokn�che est r�v�lateur de ces interdits insupportables. Ce genre d�injure pousse les cin�astes alg�riens � aller tourner ailleurs comme l�a fait Mokn�che pour son dernier film Good bye Morroco. Je me rends compte au fur et � mesure de la r�daction de cet article que je rentre de plain pied sur le terrain de la politique et de la culture qui r�gissent notre soci�t�. Je me rends compte que la situation peu enviable du cin�ma ressemble � ces routes parsem�es de crevasses que l�on contourne pour ne pas se retrouver dans un pr�cipice. Ces dysfonctionnements et autres aberrations dont souffre la soci�t� ne sont pas sans rapport avec notre propre fonctionnement dans notre rapport au temps. Le temps n�est pas une abstraction, une vue de l�esprit. Il est une donn�e physique, une denr�e rare de notre �poque. Du reste, nous le payons cher quand la construction de logements, de transports, d�h�pitaux, �coles, etc. tardent � se concr�tiser. Ces retards offrent un terrain fertile � la corruption et nous les payons aussi par des �meutes, par des surco�ts pour le plus grand b�n�fice des entreprises �trang�res. Non, je ne m��loigne pas du cin�ma car le rapport au temps et aux choses est un param�tre qui permet d��clairer les voies inconnues que nous
empruntons et d�entendre les voix des acteurs de la vie que nous sommes. Oui le temps a un rapport avec le travail bien fait, oui il est un crit�re social qui renseigne sur cette fameuse �politesse des rois�. Oui il a un rapport physique avec le cin�ma comme dirait Godard c�est 25 images par seconde. Et quand dans une s�quence il y a un manque ou bien un tropplein bidon d�images, le rythme s�en ressent et le spectateur sombre dans l�ennui. Alors pour que �notre� cin�ma ne soit pas en retard de son �poque, pour qu�il vogue au rythme du temps d�aujourd�hui, peut-�tre faudrait-il fouiller et trouver en nous l��nergie et la t�nacit�, couper le cordon ombilical qui nous attache � des archa�smes. Et ne plus perdre notre temps � �couter des gens qui racontent des histoires � faire dormir debout. Oui �tre de son �poque, cela a �t� possible au lendemain de l�ind�pendance quand le peuple �tait habit� par l�espoir, quand l�horizon ne s�arr�tait pas au pied d�une muraille de Chine qui nous prot�gerait de quelque envahisseur, quand le combat de ce peuple qui avait chass� un vrai envahisseur a �t� admirablement mis en sc�ne par des cin�astes servis par des plumes d��crivains talentueux comme Mohamed Dib ( La Grande Maison), Mourad Bourboune ( Chronique des ann�es de braise), Tewfik Far�s ( Le vent des Aur�s), Abdelhamid Benhedouga ( Le Vent du Sud). Signalons que les bons films ne sont pas obligatoirement adapt�s d�une �uvre litt�raire. Noua de Tolbi, Nahla de Farouk B�loufa, Omar Gatlatou de Merzak Allouache, Le Charbonnier de Mohamed Bouamari sont des �uvres qui font honneur aux cin�astes alg�riens. Aujourd�hui il existe aussi des �uvres litt�raires � transposer � l��cran. Encore faut-il faire appel � leurs auteurs et laisser les cin�astes les adapter sans qu�un Big Brother ne vienne mettre le grain de sable de la censure dans la complexe machine artistique dont le moteur principal est la LIBERT� de cr�ation. Ne chargeons donc pas les pauvres salles de cin�ma de tous les maux et faisons appel aux mots qui d�signent les responsabilit�s par leurs vrais noms, des noms qui font �clater la v�rit� dont nous avons grandement besoin.
A. A.
* ONCIC : Office national du commerce et de l�industrie cin�matographiques.


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