[email protected] Plors que la sc�ne partisane se vide de ses bateleurs politiques qui l�avaient longtemps anim�e par leur harangue, seule Louisa Hanoune continue � faire hebdomadairement son �one-woman-show�. Sans tout � fait changer de style oratoire, gr�ce auquel elle est devenue d�ailleurs une bonne cliente de la presse, la voici d�sormais dans le r�le de �sniper�. Tirant sur tout ce qui bouge, elle accuse sans nuance la contestation sociale des populations du Sud de r�cup�ration dangereuse et antinationale. Et comme elle vient de d�cr�ter que �plus patriote qu�elle tu meurs�, elle d�cide de clouer au pilori les hommes et les partis politiques qui, selon elle, soit applaudissent � l�embrasement soit l�alimentent en jouant aux agitateurs dans ces contr�es. Du proc�s ad hominem concernant Benbitour aux allusions in�l�gantes d�signant le FFS, elle d�veloppe un discours de chasseresse de sorci�res qui ne peut que plaire � un pouvoir, h�sitant sur son avenir et de surcro�t en manque d�avocats, apr�s avoir sold� � la hussarde l�alliance pr�torienne qui lui avait servi de bouclier dans l�espace partisan. Ainsi, apr�s avoir �t� longtemps identifi� comme un courant d�opposition, le PT se retrouve, gr�ce � la v�h�mence de sa porteparole, dans la fonction de censeur attitr� pour le compte du r�gime. Alors que celui-ci n�en demandait pas tant, � la veille des derniers mois cruciaux, le voici restaur� et m�me absous du chaos rampant qui affecte l�Etat. Or, doit on-parler de rapprochement tactique avec El Mouradia � partir de la seule appr�ciation des propos de Madame Hanoune ou, au contraire, r�examiner simplement l�itin�raire de ce courant pour comprendre ses positionnements actuels ? Pour peu que l�on s�efforce d�illustrer son radicalisme vis-�-vis du pouvoir au cours de ces 14 ann�es, l�on s�aper�oit que cette posture se r�v�le d�une �tonnante raret�. Rarement le leader du PT s�est, en effet, �vertu� � critiquer directement le chef de l�Etat et au pire ne s�est attaqu� qu�� quelques ministres dans leur gestion sectorielle. Ce qui en soit �pargne, en toute logique, le grand arbitre. C�est dire que si, cette fois-ci elle a chang� d�artillerie et de cible, Louisa Hanoune n�a ni d�rap� en tant que personnalit� par rapport aux bonnes m�urs politiques, ni d�vi� de la ligne de son parti. Le PT, tel qu�en lui-m�me tout au long d�un quart de si�cle, avait toujours cultiv� cette ambigu�t� doctrinale lui ayant permis de s�installer durablement dans le �rondpoint � du champ politique et dont les �passages clout�s et les lignes rouges� lui �taient ais�ment d�chiffrables. L�aisance avec laquelle un club de pens�e marginal est devenu un appareil d�influence ne s�est jamais justifi�e par la comp�tition des urnes mais plut�t par la captation de la m�t�o des pouvoirs. A partir de 1999 Louisa Hanoune capitalisera, en termes de visibilit� institutionnelle s�entend, ce choix tactique originel. La convergence formelle avec la vision de Bouteflika, n�ayant pas tard� � se muer en connivence tactique, ne devint-elle pas la �candidate � r�guli�re du pr�sident lors de la validation de ses r��lections ? Il est vrai que Louisa Hanoune avait de solides raisons doctrinales pour ne pas trop g�ner Bouteflika. Car sur plusieurs points, le programme de ce dernier reprenait certains v�ux du PT. Aussi bien sur la question nodale de l�Islamisme politique et sa r�sorption que sur la philosophie de l�Etat central leurs r�ponses s�accordaient. Objectivement, l�empathie politique qui en d�coula � partir de 2004 pouvait-elle se priver de quelques passerelles pour se soutenir et se renvoyer l�ascenseur ? Pass� le temps du d�voilement politique, El Mouradia et le PT s�accord�rent sur un gentleman�s agreement qui permit alors � la porte-parole du PT d�avoir des �lus dans toutes les institutions en contrepartie de certaines besognes. Et parmi ces derni�res, celui de torpiller syst�matiquement les vell�it�s, d�o� qu�elles �manent, du moindre projet de cr�ation d�un bloc de l�opposition au r�gime. Camp� sur la cr�te de la d�nonciation et de la division, le PT avait rarement h�sit� avant de qualifier injustement le RCD, le FFS et m�me le MDS de conjur�s agissant contre l�int�r�t national. Des mots durs prononc�s en 2003 et pour lesquels El Hachemi Cherif eut en son temps le commentaire ironique suivant : �Ce pr�tendu courant d�une gauche nationalo-populiste, �crivait-il, n�est en v�rit� que le joker du Bouteflikisme qu�il gardera toujours au chaud dans la sph�re formelle de l�opposition. � Bien des ann�es plus tard, c'est-�-dire apr�s 2005, la d�marche confirmera ce genre de suspicion. En fine dialecticienne, sa porte-parole n�eut de cesse de cultiver, lors de ses interventions, un distinguo subtil entre les orientations majeures relevant du pr� carr� pr�sidentiel et les choix �conomiques des minist�res, qu�elle feint de ne pas partager. En somme, Madame Hanoune ne fut jamais que la discr�te opposante � l�intendance du pays. Voil� pourquoi elle vient de concocter de toutes pi�ces un faux t�moignage sur l�action de Benbitour( qui ne fut Premier ministre que quelques mois afin d�attenter � sa notoire probit�. Une pol�mique de caniveau qui brise d�finitivement l�image qu�elle projetait dans l�opinion. Une douloureuse �m�nopause� politique pour celle qui ne s�aimait tant qu�en repr�sentation politique. B. H. (1) Pr�cisons que Benbitour, nomm� chef du gouvernement en d�cembre 1999 ayant remis au chef de l�Etat sa d�mission volontaire � l��t� 2000, n�occupa donc cette fonction que 9 mois !