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C'est ma vie
Le courage de Hocine face à un destin implacable
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 05 - 2013

Hocine avait neuf ans quand il fut amputé de la main droite. Ce drame, survenu pendant qu'il était en 4e année primaire, fit basculer sa vie scolaire pourtant prometteuse. Alors que dans sa tête d'enfant encore bercé de rêves puérils défilaient de sombres pensées, il dut affronter une autre épreuve, celle du déchirement familial survenu à l'issue du divorce de ses parents.
Une terrible séparation que l'enfant qu'il était vécut très mal après que sa mère fut chassée de la maison par un père autoritaire, se souvint Hocine qui, à cinquante ans, a encore du mal à se remettre de cette tribulation dont il porte encore les stigmates, marqué qu'il est dans sa chair et dans son esprit. Il dut faire face à l'adversité d'une dure cohabitation d'avec un milieu familial nouveau, loin de cette chaleur que seule procure une mère. Non encore remis de ce double choc psychologique, le malheureux enfant vécut à onze ans un exil scolaire : l'internat dans un collège à une quarantaine de kilomètres de son village avec ses murs froids, sa nouvelle communauté aux mœurs et habitudes étrangères à son environnement familier et ses traditions de bizutage. Ainsi, après avoir perdu son bras droit et l'affection de sa mère, le jeune Hocine perdit ses repères et ses illusions. Né droitier, il se remit tout seul en quête de devenir gaucher sans l'aide d'un psychologue ou d'un kinésithérapeute. La reconversion manuelle se fit sans problèmes avec au bout une incroyable dextérité qui lui permit de toucher à des travaux de précision et d'adresse... Les nuits étaient longues pour lui et ses rêves se transformaient en cauchemars dans le dortoir et les couloirs sombres de l'établissement où résonnaient les cris d'enfants arrachés à leur environnement. De ces angoisses qui lui tenaillaient le ventre il dut aussi affronter le dur regard de ses camarades qui le considéraient en leur for intérieur comme un pestiféré du fait de son handicap. De ces moqueries il en tira des leçons magistrales qui forcèrent par la suite le respect renvoyant à l'autre ses propres médisances. A ses nuits agitées, Hocine volait quelques souvenirs bien enfouis dans sa mémoire d'enfant sujet à des maltraitances morales. Il se revoit courir entre les arbres, escalader les rochers et cueillir les asperges et les champignons dans les coins secrets que l'on se garde de trahir. Il s'imagine dans le giron de sa mère, cueillant des olives, faucher le foin et jardiner dans le potager familial arraché à la montagne. C'était cependant dans ces dures conditions que Hocine fit son apprentissage de la vie. De ces rêves enfouis au plus profond de son être, il en tirait des satisfactions. Ce qui lui inspira ses premiers coups de crayon, éveillant un talent précoce au dessin et à la peinture. Ainsi naquit une passion pour les travaux manuels et les arts qui lui permettaient de concrétiser ses rêves inachevés d'enfant soustrait aux plaisirs de la vie par un impitoyable destin. Cet artiste en herbe réalisait ainsi par le dessin ce qu'il n'avait pu vivre dans sa vie d'enfant. La nature fut son amie de toujours et il la courtisait chaque jour davantage en donnant plus de couleurs et de lumières à ses paysages qu'il décorait avec un ciel bleu que seuls les oiseaux avaient le privilège d'atteindre. Ou encore à redonner vie à ces fleurs sauvages constamment flattées par les papillons et les abeilles qui les vidaient de leur nectar. De ce potentiel artistique, il se servit comme d'un viatique pour débarquer quatre ans plus tard au lycée Chihani-Bachir d'Azazga en tant qu'interne. Un autre exil pour l'adolescent qu'il était devenu, mais cette fois-ci en garçon plus aguerri. Il sera recalé au bac mais réussit à entrer à l'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger. Une prouesse pour un fils de la montagne et une excellente opportunité pour cet amoureux des arts. Mais la malchance le poursuivit jusque dans cet antre de l'esthétique, puisqu'il dut interrompre son cursus artistique après seulement deux années d'études. Un cumul de problèmes, sur lesquels l'artiste en devenir ne voulait pas s'étaler, en avait décidé ainsi. Mais à chaque fois qu'il allait toucher le fond avec ces aléas qui assombrirent ses horizons et contrariaient ses projets, il trouvait toujours des ressources pour rebondir et espérer. En 1986, Hocine changea complètement de statut familial. Il se maria au courant de la même année. De cette union précoce naquit une fille qui trouva auprès de sa petite famille toute l'affection et l'amour dont a été frustré le père durant son enfance. Un passage sans transition de la vie d'enfant à la vie d'adolescent puis d'adulte et de célibataire à père de famille en l'espace de quelques années seulement. Ce qui ne manquera pas de marquer au fer rouge la vie tumultueuse de cet homme qui fit le choix de mener une vie paisible après tant d'épreuves. Mais voilà que la malchance le poursuit de nouveau après une dérive bureaucratique qui le priva d'un recrutement en qualité de professeur de dessin dans un collège au motif qu'il était handicapé. Ce déni de justice passé, il renouera avec les déboires. Sept mois seulement après son recrutement dans une administration publique, il sera pratiquement poussé à la porte de sortie suite au harcèlement professionnel dont il fut victime. Homme de principes, il ne cédera pas devant les intimidations de ses responsables, préférant démissionner que de subir leur diktat. Et le voilà de nouveau sans emploi. Une galère qui durera cinq longues années. Il retrouvera enfin un travail honorable comme fonctionnaire dans une mairie à la faveur de l'ouverture politique. Pendant toute cette traversée du désert, Hocine n'a pas perdu son temps en restant toujours stoïque. Abandonné par le destin, il ne le sera jamais par les passions qui l'habitaient. Des passions exprimées à travers l'art qu'il conjuguait au pluriel. Qualifié dans ses Ephémérides par Youcef Merahi, le secrétaire général du Haut- Commissariat à l'amazighité de Petit Issiakhem, allusion faite à la passion pour la peinture. Il n'a jamais cessé de dessiner, peindre, chanter et créer. Hocine peignait sa douleur, dessinait ses rêves, chantait ses amours et créait un monde juste où l'arbitraire est banni. Son don pour la calligraphie poussa ses responsables à le convaincre de la mission de transcription des naissances et des mariages. Les noms et prénoms en français et en arabe s'illuminaient ainsi de sa belle écriture rendue encore plus belle par ces pleins et ces déliés qui séduisent par leurs courbes et leurs paraboles. Sur son modeste bureau, les livres côtoient les portraits d'artistes dont il s'abreuve de la littérature et de la mélodie. Et sur cette autoroute des arts, avec ce grand chassé-croisé de vocations qui fleurissent chez cet artiste polyvalent, Hocine surfait sur cette corde sensible de dons innés qu'il n'arrêtait pas de développer. Le poète qu'il est devenu sème alors de ses vers inépuisables ces majestueuses montagnes qui font contrefort avec le Djurdjura et jonction avec la Kabylie de la Soummam dont il est également empreint de la culture. Homme de défi et de convictions, il se définit comme sociable, décomplexé et aguerri par les épreuves qui ont marqué son enfance et sa jeunesse. Cet amoureux de la lecture, fan de la littérature russe et maghrébine, s'initie actuellement au théâtre et au cinéma. Adepte d'Epicure et du charme de sa doctrine, il lutte pour la liberté de penser et de créer. Pour lui, «la vraie méditation est dans la contemplation de ce qui nous entoure». Bon orateur à la voix charmeuse, il anime les soirées artistiques et les galas, déclamant à l'envie ses poèmes aux vers envoûtants. Car ce chasseur de couchers de soleil n'est pas insensible aux aubes qui précédent son réveil. Et celui de la nature qui s'éveille est son préféré d'entre tous.

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