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Kiosque arabe
Un récidiviste nommé Lakhddar Afif
Publié dans Le Soir d'Algérie le 30 - 09 - 2013


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Il y a des gens qui vous laissent des regrets durables parce qu'ils ont disparu au moment où vous pensiez le moins à eux, et surtout parce que leur départ constitue une perte immense. Le Tunisien Lakhdar Afif était de ceux-là, de cette engeance qui séduit, dérange, ou choque. Il est décédé, de façon presque subreptice, le 26 juillet dernier, à Paris, sa ville d'exil qui ne l'a jamais consolé de la perte de Beyrouth. Il a mis ainsi un point final à son combat contre la maladie qui le rongeait et le handicapait jusque dans son exercice favori, l'écriture. Comme il se voulait de la trempe des «khawaredj», c'est-à-dire des intellectuels qui refusent de rentrer dans le rang et d'y rester (1), Lakhdar a le plus souvent choqué, essentiellement ceux qui s'enferment dans leur donjon dogmatique. Vous aurez immédiatement compris que je ne suis pas de ce donjon-là, et que je suis plutôt du côté de ce grand penseur, dont j'ai déjà eu l'occasion de vous parler (2). Lakhdar Afif, intellectuellement «kharédjite» et religieusement athée, ne craignait pas de se mettre à dos, les nouveaux apôtres et leurs troupeaux bien-pensants.
Auteur quasiment maudit, Lakhdar Afif apportait régulièrement sa contribution aux grands débats de l'heure, sur le site Shaffaf, animé par le Libanais Pierre Akel. C'est dans ce magazine électronique que le grand penseur tunisien avait appelé, au lendemain des attentats du 11 septembre, à assécher les sources du terrorisme islamiste. Et il s'y était mis personnellement, en réfutant les idées fausses propagées sur l'Islam, par des théologiens sans scrupules, pour ne pas dire sans foi. Pierre Akel, le Libanais, qui l'a côtoyé ces dernières années, rappelle que Beyrouth était la ville de cœur et d'esprit de Lakhdar Afif avant que la guerre civile ne le contraigne à l'abandonner. Il l'avait sans doute choisie, note-t-il, parce que l'un des «réactionnaires» de l'époque avait qualifié Beyrouth de capitale «des chrétiens, des musulmans, et des athées». «Réactionnaires», l'un des mots favoris du lexique révolutionnaire cher au Ben Bella des premières années de l'indépendance.
Ce que beaucoup d'Algériens ne savent sans doute pas, c'est que Lakhdar Afif avait d'abord choisi Alger, La Mecque des révolutionnaires. Il a été l'un des proches conseillers du Président Ben Bella, avant que le coup d'Etat du 19 juin 1965 ne mette fin à leur collaboration, mais pas aux relations entre les deux hommes. Ahmed Ben Bella, Président déchu et opposant, semble avoir présenté plus d'intérêt encore pour Lakhdar Afif, l'homme qui n'a jamais renié ses engagements et ses amitiés. On retrouvera ses écrits «au scalpel» dans les colonnes de Tribune d'octobre, la revue du MDA (Mouvement pour la démocratie en Algérie), dirigée alors par son ami Mohamed Benelhadj. Est-ce un hasard si son dernier article sur Shaffaf concerne aussi l'Algérie ?
Dans ce texte publié le 26 juin dernier, Lakhdar Afif lançait un appel pour une alliance militaire entre l'Algérie et la Tunisie pour combattre le terrorisme. Il estimait que Rashed Ghannouchi (3), le leader du parti Ennahdha, l'élève de Khomeiny comme il l'appelle, est derrière les attentats terroristes commis près de la frontière algérienne. Pour lui, le parti islamiste est dominé par son extrême droite animée par Ghannouchi, et cette extrême droite a élaboré un scénario à l'iranienne. Il consiste à éliminer, par divers moyens, les chefs militaires qui pourraient s'opposer à leur dictature, comme ils l'ont fait pour le chef d'état-major, Rachid Ammar. Il s'agira ensuite de liquider physiquement, selon un sanglant scénario iranien, les autres cadres de l'armée qui pourraient incarner et défendre la continuité de l'Etat. Le penseur notait également que le véritable président de la Tunisie est Ghannouchi, et que le président en titre Marzouki s'est mis, par choix et par ambition, dans la posture d'un secrétaire, chargé de la communication.
Pour contrer ce projet, estimait Lakhdar Afif, la résistance intérieure ne suffit pas, et il faut une véritable alliance militaire entre les armées tunisienne et algérienne, pour neutraliser ce danger imminent. Seule une telle alliance avec l'armée algérienne, forte de son combat contre le terrorisme, peut mettre en échec ce complot dont le maître d'œuvre est Rashed Ghannouchi», concluait Lakhdar Afif. Le penseur est mort un mois après la publication de cet appel, assorti d'une mise en garde contre les projets dictatoriaux des islamistes tunisiens. Le 4 septembre dernier, la famille du disparu célébrait à Tunis le quarantième jour de son décès. Le 10 septembre, un Ghannouchi, «arrogant et sûr de lui», était reçu par un Président Bouteflika affaibli par la maladie. Si Lakhdar Afif avait pu voir, de là où il était, les images de l'audience, il en aurait déduit que c'était là une fin de non-recevoir à son appel. Il n'avait pas eu droit à un meilleur traitement au lendemain du 19 juin 1965, puisqu'il avait été obligé de quitter clandestinement le pays. Un récidiviste, ce Lakhdar Afif !
A. H.
(1) L'un de ses modèles était le maître à penser du courant «mu'tazilite», Amr Ibnou Obeïd, à qui il avait consacré un petit poème en arabe, en guise de credo, et qui disait à peu près ceci : «Ils marchent tous à pas comptés. Ils demandent tous du gibier (butin). Amr Ibnou Obeïd excepté.»
(2) Malheureusement, un virus informatique insidieux a détruit toutes mes archives, et je suis au regret de ne pouvoir vous donner les références idoines concernant Lakhdar Afif.
(3) Le responsable islamiste voue une haine féroce à Lakhdar Afif, allant jusqu'à affirmer publiquement que la maladie dont souffrait le penseur était «une punition de Dieu». Et comme si cela ne suffisait pas, il avait accusé le philosophe d'être l'auteur d'un texte anonyme, sur la vie privée du Prophète, publié sur internet.
(4) Après avoir toléré, voire encouragé en sous-main le départ vers la Syrie de jeunes filles tunisiennes pour le «djihad sexuel», objet de l'absolution par fatwas wahhabites, des membres d'Ennahdha proposent désormais d'adopter les enfants qui sont nés, ou naîtront, de cette nouvelle forme de «prostitution halal».


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