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Le racisme, ici et ailleurs
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 12 - 2013


Par Ali Akika, cinéaste
A l'occasion de la sortie du film La marche (des beurs contre le racisme en 1983) et la publication des essais sur le racisme en France, des débats à la télé, dans les radios et dans les journaux ont saturé l'espace médiatique. Il faut dire que les insultes contre une ministre de la République, Madame Taubira, avaient reçu la Palme d'or du racisme le plus primaire.
La réaction ne s'est pas faite attendre de la part des antiracistes. On ne peut que se féliciter des pétitions signées, des manifestations de rue ou artistiques pour assécher le ventre fécond de la bête immonde (Berthold Brecht). Mais toutes ces réactions citoyennes auraient plus de force et ne s'évaporeraient pas dans quelque temps si elles reposaient sur des analyses qui font référence à l'histoire, aux rapports de force dans le monde et à l'intérieur des pays ex-colonisateurs. On se contente de mettre l'accent sur le lieu de naissance (je suis né ici donc je suis Français) ou la couleur de la peau (tu n'es pas Blanc donc tu n'es pas Français). Ce n'est pas avec ce genre d'arguments que l'on fait le tour de la question.
Ignorer la charge historique et symbolique que recouvre l'origine des parents des jeunes nés en France ou bien la couleur de la peau qui est mise en avant pour justifier une soi-disant supériorité raciale ne permet d'affronter et de gagner cette guerre contre le racisme. Bizarrement, le discours dominant des antiracistes dans une certaine presse et un certain cinéma est d'édulcorer les facteurs historiques d'où a émergé cette plaie nauséabonde appelée racisme.
Prenons quelques exemples pour illustrer contre qui s'exprime le racisme en France. Dans ce pays, il y a des millions d'immigrés tous plus ou moins «basanés». Mais qui a payé le plus lourd tribut au racisme ? Les Algériens évidemment. Parce que la guerre d'Algérie est passée par là. Parce que des associations «pieds-noirs» noyautées souvent par des ex-OAS ont distillé la haine contre ces «gens qui nous ont chassés d'Algérie pour venir nous envahir maintenant».
Aujourd'hui nous avons affaire à un autre racisme tout aussi virulent qui se manifeste non plus contre une nationalité mais contre une religion. Depuis le 11 septembre 2001, la guerre, ou plus exactement la croisade (c'est le terme utilisé par George Bush), est menée contre les musulmans. Comment reconnaître un musulman ? Par son passeport ? Sa tenue vestimentaire ? La couleur de sa peau ? Le président de la première puissance du monde ne s'est pas posé la question. Arrêtons d'énumérer des exemples qui baignent dans la fange idéologique d'un système à bout de souffle. Ce n'est pas un hasard si ce système fait des amalgames et des raccourcis pour passer allégrement de terrorisme à Islam. Il privilégie ces notions idéologiques pour mieux enterrer les concepts universels qui récitent l'histoire. Ce système préfère se raconter des histoires en se fondant sur la couleur de la peau ou la religion pour justifier sa supériorité.
Ses propagandistes s'adressent à leurs troupes en mettant en avant leurs richesses et leur puissance d'aujourd'hui tout en ayant pris soin de leur cacher que ces richesses et cette science ont souvent pour origine les pays de ces «barbares». Ce système a réussi à leur faire oublier ses innommables exploits dans ces pays où les morts se comptent par millions pour pouvoir s'accaparer leurs richesses. Comme il a réussi à détourner les frustrations et la solitude des laissés-pour-compte des habitants de villages et de bourgs dépourvus de gares SNCF, de bureaux de poste, de boulangeries... Ce désert des campagnes produit d'un mode de vie a favorisé le vote en faveur de l'extrême droite. Mais comme les cols blancs qui sont au pouvoir n'osent pas dire la vérité à tous ces gens qui se sentent abandonnés par le système, on les pousse à regarder ailleurs... en direction des immigrés qui, très souvent, n'habitent pas ces régions.
Comme ce système à des serviteurs prêts à tout pour le sauver, il a recruté des plumes pour dénoncer le racisme anti-Blanc qui serait proféré par les jeunes de banlieues contre les Français de «souche».
Ces plumitifs oublient simplement que les slogans suivent un chemin tracé par l'Histoire. On a commencé par dire «sale Juif», puis on est passé au «sale Arabe» pour finir aujourd'hui par «sale Noir», dernier arrivant. La notion de «sale Blanc» avait pour ancêtre les «petits Blancs». Et où est-elle née cette notion de «petits Blancs». Pardi dans l'Amérique de ces Blancs du Sud, du Ku Klux Klan qui faisait la chasse aux Noirs car outrés par la bourgeoisie nord-américaine qui les a libérés de l'esclavage à l'issue de la guerre de Sécession. «Petits Blancs» que l'on retrouve en Afrique du Sud, en Namibie, en Rhodésie. Si les jeunes de France reprennent bêtement et maladroitement la notion de «sale Blanc», ils ne font que «faire payer l'addition de la colonisation», comme l'a dit une écrivaine camerounaise dans l'émission «Ce soir ou jamais». Cela dit, je voudrais balayer devant notre porte car chez nous aussi le racisme bête et méchant se croit tout permis. J'ai assisté à pareille dérive quand j'ai vu le match Algérie-Burkina Faso dans un café parisien bondé de compatriotes. Mais sur le chemin du retour sous le ciel brumeux et le froid des rues de Paris, l'excitation de la victoire de l'équipe nationale baissait d'intensité. Trottaient alors dans ma tête les réactions stupides d'un individu éructant son fiel raciste contre les joueurs du Burkina. Ce chauvin spectateur ne pouvait pas concevoir que les Burkinabés avaient envie aussi d'aller au Brésil.
Ce n'est pas la première fois que j'assiste au spectacle du racisme vulgaire de certains compatriotes. En 2009, lors du 2e Festival panafricain, je filmais le défilé de l'Afrique en fête dans les rues d'Alger. Le spectacle était féerique, la magie pendant un après-midi flottait sur le front de mer de notre belle capitale. Et un énergumène s'est approché de moi en me disant : «Ne perds pas ton temps à filmer qrouda (singes).» Et il ajouta, pourri jusqu'à l'os par ses complexes : «Ce gouvernement, au lieu de nous amener les Américains, il accueille ces crève-la-faim.»
En résumé, le racisme est un phénomène, hélas, très répandu dans le monde. Un poison que le raciste cultive dans le coin malade de son cerveau pour ensuite l'injecter à l'autre. Cela lui permet de se soulager du vide de son existence, du néant de sa vie spirituelle, de son impuissance à se révolter contre les véritables causes de sa mal-vie et de son mal-être. Bref, le raciste est dans une prison qu'il s'est construit et ne sait pas que s'il reste derrière ses barreaux, il ne goûtera jamais aux délices de la vie. Je voulais faire cette réflexion car si nous luttons et nous nous offusquons contre le racisme subi par nos compatriotes en France, ce n'est pas pour se taire quand la puanteur du racisme ternit notre histoire et défigure l'image de notre pays qui peut s'enorgueillir d'avoir été du côté et à côté de toute l'Afrique luttant pour sa libération.


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