Djemila Benhabib a reçu le Prix humaniste 2014 de la part de la Fondation humaniste du Québec (FHQ) et de l'Association humaniste du Québec (AHQ), a rapporté la presse canadienne. «Le Prix humaniste récompense des personnes ou des organismes qui s'illustrent dans la promotion des valeurs humanistes et de la pensée critique au Québec», a indiqué Edouard Boily, président de la FHQ. «Cet humanisme considère la séparation du fait religieux et de l'Etat comme une condition indispensable à la liberté de conscience», a-t-il ajouté. «Par décision unanime, nous sommes particulièrement fiers de récompenser par ce prix une personne qui n'a cessé, depuis son arrivée au Québec, d'expliquer aux Québécois pourquoi il est si important de réaliser une séparation réelle entre nos institutions communes, propres à tous, et les religions, diverses et particulières à chacun», soulignent les deux associations québécoises dans un communiqué. Les deux organisations ont voulu, en outre, souligner le combat de Djemila Benhabib pour la laïcisation de l'Etat, elle qui a, notamment, pris position pour le projet de charte des valeurs québécoises et qui a écrit des livres dénonçant l'intégrisme islamique. Pour Djemila Benhabib, le Québec vit aujourd'hui un moment historique avec le débat sur la Charte de la laïcité et qui permettra, notamment, de «parachever les efforts de la Révolution tranquille dont le coup d'envoi a été donné avec Borduas et le Refus global». «Il n'y a rien de plus effrayant que l'ignorance agissante, que l'indifférence à l'égard de nos semblables, que les égoïsmes assumés, les replis moribonds, les communautarismes et les intégristes destructeurs qui viennent remettre en cause un principe fondamental de notre démocratie moderne qui est celui de la séparation du pouvoir politique et du pouvoir religieux», a souligné Djemila Benhabib dans son allocution, lors de la remise du prix, lundi, au Centre humaniste de Montréal. Ce prix, créé conjointement par l'Association humaniste du Québec et la Fondation humaniste du Québec, vise à souligner des actions méritoires d'une personne ou d'un organisme dans la diffusion ou la défense des valeurs humanistes et de la pensée critique au Québec. L'année dernière, le prix avait été décerné à l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité. Djemila Benhabib est née en Ukraine, d'un père algérien et d'une mère chypriote-grecque. Elle a grandi à Oran, en Algérie. En janvier 1994, en plein terrorisme, une lettre de condamnation à mort est adressée à sa famille. Djemila Benhabib s'installe quelque temps en France, puis déménage au Québec en 1997 pour ses études. Elle deviendra fonctionnaire au gouvernement fédéral. Ecrivaine, journaliste, femme politique et militante, Djemila Benhabib est l'auteure de plusieurs essais dont Ma vie à contre-Coran, ouvrage pour lequel elle fut finaliste des Prix du Gouverneur général, Les Soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident (2011). En 2012, elle a reçu le Prix international de la laïcité décerné par le Comité Laïcité République.
