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UNE AFFAIRE SONATRACH 3 À L'HORIZON
Des pots-de-vin dans le gaz entre l'Algérie et l'Espagne ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 03 - 2014

Après l'affaire Sonatrach 1 en 2010, celle de Sonatrach 2 en 2013, 2014 verra-elle l'explosion de Sonatrach 3 entre l'Algérie et l'Espagne ? Fort possible, et ce ne serait pas une surprise, tant la corruption est généralisée pratiquement à tous les grands contrats et marchés à l'international : les relations commerciales, notamment en matière de gaz entre l'Algérie et l'Espagne, ne seraient pas épargnées.
D'ailleurs, ces négociations ont connu de nombreux couacs et failli capoter à plusieurs reprises lors de la première moitié des années 2000, puis, subitement, presque tout est rentré dans l'ordre, comme par «enchantement». Une intermédiaire – une fois n'est pas coutume – serait derrière au moins une partie de cette nouvelle affaire. Et dire que tout a commencé par la médiatisation d'une célèbre partie de chasse en... Afrique en 2012, où le «chasseur» d'honneur était le roi d'Espagne, roi qui par ailleurs parraine des associations qui militent pour l'interdiction des massacres d'animaux protégés : l'image fait scandale en Espagne où les citoyens du roi ne comprennent pas qu'en période de crise, Sa Majesté s'adonne à des safaris et autres luxures, et plus grave, en compagnie de sa petite amie une «princesse» allemande de la jet set, Corinna zu Sayn-Wittgenstein : retenez ce nom, car on le retrouvera dans des négociations cachées de gaz entre l'Algérie et l'Espagne. Ce qui écœure encore plus les Espagnols, c'est que le roi, qui, quelque temps auparavant, avait pourtant compati avec ses sujets en déclarant que «les difficultés économiques de son peuple l'empêchaient de dormir...» ! Mais en fait, les scandales éclaboussant la famille royale se multiplient, et les premières révélations montrent que la corruption se pratique à grande échelle. Un premier procès s'ouvre en 2012 où est impliqué le gendre du roi, «pris en charge» depuis plusieurs années par notre «princesse allemande», qui, acculée, osera avouer au quotidien El Mundo : «J'ai mené plusieurs missions délicates pour l'Espagne.» Donc pour le roi !
Rien que ça. Ces propos ne tombent pas dans l'oreille d'un sourd : un juge courageux nommé Castro (retenez ce nom), en charge des cas de corruption où des membres de la famille royale, sont inculpés (le 8 février dernier, il avait convoqué la fille cadette du roi, essaye d'élargir son enquête sur le contenu de ces «missions délicates»). La presse d'investigation espagnole lui emboîte le pas, et nombre de journaux européens titrent «Des ‘'petits'' juges espagnols font face aux ‘'grands'' d'Espagne» !
Madame... 3% !!
Corinna zu Sayn-Wittgenstein, de père hungaro-danois et de mère allemande, habite Monaco pour échapper au fisc : se fait nommer «princesse», car son deuxième ex-époux est un prince de la noblesse allemande. Elle rencontre — ou provoque la rencontre — le roi d'Espagne en Allemagne en 2004 lors d'une partie de chasse. En femme d'affaires avisée, elle crée l'année suivante une société, domiciliée à Malte, «Apollonio Associates» qui a pour objet de «mettre en rapport des institutions, nationales ou internationales, privées ou publiques». Notre «princesse», ainsi que l'indiquera le correspondant à Madrid du quotidien français Libération, «met en contact des chefs d'Etat, des dirigeants politiques et de puissants entrepreneurs, le tout en échange d'émoluments conséquents», c'est-à-dire des commissions et autres pots-de-vin placés notamment en Suisse.
Du jamais vu, même le patron des services des renseignements généraux espagnols montera au créneau pour mettre un terme à ces enquêtes en déclarant au Parlement que cette «princesse» n'a jamais collaboré avec l'Etat espagnol, façon de tracer une ligne rouge aux juges anti-corruption et à une presse trop curieuse.
2006 : c'est l'année où les affaires entre la princesse et le roi débutent, la presse espagnole d'investigation démontrant le rôle essentiel de la princesse allemande au profit de grandes entreprises espagnoles. En 2007, notre «princesse» fera partie de la délégation du roi d'Espagne en... Algérie !
A titre d'exemple, elle a été l'intermédiaire dans la conclusion en 2011 d'un contrat de près de 7 milliards d'euros pour la réalisation au profit d'un consortium espagnol (la compagnie ferroviaire Renfe, l'opérateur du réseau de chemins de fer Adif, le groupe de BTP OHL, le fabricant de trains Talgo et la société technologique Indra) d'une ligne de chemins de fer en Arabie Saoudite (La Mecque-Médine). Certaines de ces entreprises ont obtenu, ces 10 dernières années, plusieurs marchés juteux en Algérie.
Durant la même période, la princesse allemande est en relation d'affaires avec Mohamed Eyad Kayali, magnat hispano-saoudien d'origine syrienne, connu aussi pour être le bras droit en Espagne du ministre saoudien de la... Défense !
Dans cette affaire avec les Saoudiens, selon l'hebdomadaire espagnol Interviu, la princesse allemande «aurait touché de juteuses commissions, à hauteur de 3% sur la valeur du contrat, qui ont atterri sur deux comptes suisses». Mais selon cet hebdomadaire, elle œuvrait aussi pour des intérêts adverses : «En 2008, elle a intercédé auprès du roi pour que le géant pétrolier russe Lukoil entre dans l'actionnariat de son concurrent espagnol Repsol.
En vain : un domaine trop stratégique, a-t-on estimé à Madrid». Autre révélation qui nous intéresse plus particulièrement : toujours selon la presse du pays de Cervantès (rapportée par Libération, cité plus haut), la princesse allemande est aussi intervenue «dans la mise en place d'une alliance stratégique avec l'Algérie pour l'acheminement de gaz. Le juge espagnol Castro est au fait de ces pistes.
Où l'on retrouve... Chakib Khelil !
Au début des années 2000, les négociations entre l'Algérie et l'Espagne sur le gaz (gazoduc, prix du gaz, complexes pétrochimiques) se sont multipliées, et les échanges de délégations, même au plus haut niveau, n'ont jamais été aussi nombreux. Chakib Khelil, comme ministre de l'Energie et aussi comme patron de Sonatrach, a reçu beaucoup d'officiels espagnols et souvent pris l'avion pour Madrid. Le président Bouteflika se rendra en Espagne en juin 2002 (la dernière visite d'un président algérien remonte à 1985). Le roi d'Espagne, Juan Carlos, lui rendra la pareille en 2007, du 13 au 15 mars (sa dernière visite en Algérie ayant eu lieu en 1983), accompagné d'une très importante délégation de chefs d'entreprise. Parmi ces entreprises, il y a Repsol YPF, Cepsa, Gas Natural, Iberdrola et Endesa (secteur de l'énergie), OHL, ACS, Acciona et Abengoa (construction, services et ingénierie), la banque Sabadell, CAF et Talgo (transport ferroviaire), Cofares (pharmacie), Telefonica et Indra (télécommunications et technologies de l'information).
Mais ce n'est qu'en 2013 que l'on apprendra — plusieurs sources espagnoles nous le confirmeront, notamment médiatiques — que notre «princesse» allemande sera du voyage royal sur Alger : ce que le roi avait déjà fait avec elle pour une visite officielle et d'affaires en Arabie Saoudite. Le déplacement du roi d'Espagne en Algérie avait été précédé quelques semaines auparavant d'un voyage de Chakib Khelil à Madrid (7 et 8 février 2007) où «il a fait part du soutien de l'Algérie à la participation de l'entreprise espagnole Gaz Natural dans le projet Medgaz, affirmant que Sonatrach allait réduire sa participation dans ce projet pour faciliter l'entrée de Gaz Natural (dépêche APS du 9 mars 2007). A-t-il été reçu discrètement par le roi durant son séjour ?
Une chose est sûre, et c'est bien étrange, c'est Chakib Khelil, ministre de l'Energie, qui sera désigné officiellement pour accompagner le roi Juan Carlos à Djanet pour une escapade pas uniquement touristique, loin des regards, en présence de notre «princesse» allemande. Il eut été plus conforme au protocole que le roi, en pareil cas, se fasse accompagner par le ministre algérien de l'Intérieur ou celui du Tourisme.
Ce fut le début du commencement du règlement des contentieux algéro-espagnols....
Etouffer à tout prix cette affaire
En 2012, la princesse allemande disparaissait des «écrans radars» espagnols. Tout est fait au plus haut niveau du gouvernement espagnol et de certaines officines pour empêcher que les juges aillent trop loin dans leurs investigations, notamment sur les nombreux contrats signés ces 10 dernières années entre l'Algérie et l'Espagne : des milliards d'euros de marchés, de commerce et d'achats en tous genres sont en jeu. La presse espagnole d'investigation, du moins celle qui est indépendante, subit elle aussi toutes sortes de pression pour ne pas aller trop loin dans ses enquêtes. De nouvelles révélations ne sont pas à exclure.
Quant à notre «princesse» allemande, elle a multiplié les mises en garde et autres menaces : «...Si jamais les autorités espagnoles ou quiconque lui cherche querelle, a-t-elle averti, elle n'hésiterait pas à riposter : elle a fait savoir qu'elle possédait des copies de «tous» les documents officiels liés à ses missions très spéciales.» Les grandes affaires de corruption à l'international ont contribué à commencer à faire sortir l'Espagne de la crise.
Le gouvernement espagnol, à l'instar de ses homologues européens qui ont mis en place ce «nouveau commerce» de vente de nationalités (voir «Soir Corruption» du lundi 3 mars 2014), est peu regardant sur l'origine des fonds de ces nouveaux riches des pays du Sud «acheteurs» de nationalités. Ces pays «vendeurs» de nationalités savent pourtant pertinemment que dans le camp des «acheteurs», la fuite des capitaux, le blanchiment d'argent et les pots-de-vin de la corruption serviront à acquérir «légalement» des passeports européens. Tout est bon à prendre, et même à n'importe quel prix, pour juguler ce que les Européens appellent leur «crise»...


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