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CONFERENCE DE YOUNÈS ADLI
«Tamazight mérite une reconnaissance universelle»
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 05 - 2014

Le sociologue, écrivain-journaliste et militant de la cause berbère, Younes Adli, a présenté dernièrement une conférence-débat à Bouzeguène entrant dans le cadre du cycle de rencontres littéraires et scientifiques de l'association Thi3winine, sur le thème «Place et rôle de la Kabylie dans l'espace amazigh». Même en nuançant ses hypothèses considérant le contexte, le conférencier a posé des questionnements basés sur des hypothèses ayant valeur de certitudes puisées de ses recherches sur tamazight et sa sphère géo-historique revisitée depuis l'invasion romaine.
Lorsque tamazgha était en plein essor, les USA n'existaient même pas, amorce d'emblée le conférencier qui considère que le modèle de démocratie amazigh va jusqu'à constituer, de par sa nature, une menace pour le monde dans le sens où il est vecteur de valeurs qui n'arrangent pas le nouvel ordre mondial. Aux plans politique et de culture démocratique, tamazight a toujours été en confrontation avec les pouvoirs, un schéma qui perdure au point de rendre suspecte à tout gouvernant la région qui véhicule encore ces valeurs.
L'organisation sociale de tajmaât, depuis Massinissa qui avait toujours un conseil, n'est pas qu'organe physique mais aussi un lieu de pensée et de réflexion, les anciens ayant toujours fait de la concertation et de l'anticipation une stratégie. Le déclenchement des insurrections armées de 1871 en Kabylie n'a été décidé qu'une fois la France empêtrée dans la guerre face au royaume de Prusse et ses alliés allemands.
Ce cadre social où la séparation des pouvoirs s'est toujours imposée de facto avant même l'existence du terme de laïcité constitue, d'après l'orateur, un exemple de gouvernance et de citoyenneté.
Autres référents pouvant accréditer la thèse du conférencier, ces recherches en cours proclamant tamazight mère de toutes les langues avec ses diversités linguistiques et leurs forces évocatrices à tamazight, sa résistance aux multiples invasions, son islam de tolérance par rapport au wahhabisme. Et Apulée, écrivain et philosophe, auteur du premier roman en latin...
Le conférencier a aussi abordé le rôle de la femme dans les sociétés traditionnelles amazighes passées par plusieurs régimes matrimoniaux et des étapes intermédiaires, conservées au Sud mais dont la survivance a disparu en Kabylie, où la femme est tout de même informellement associée à la prise de décision, avant le passage au système de parité avec le partage de pouvoir.
Des femmes berbères exerçant un pouvoir grâce à un savoir donnant droit à une autorité dans les Azgane, endroits-pilotes où s'exerçait la parité. Autant d'exemples qui mériteraient une reconnaissance universelle pour tamazight pour son apport civilisationnel à l'humanité, conclut le conférencier.


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