L'interdiction de toutes les activités artistiques et culturelles dans la ville de Béjaïa depuis samedi ainsi que l'empêchement par la force du rassemblement des non-jeûneurs par des intégristes salafistes ont suscité une vive colère et une large indignation chez les Béjaouis. L'annulation scandaleuse des soirées ramadhanesques par les organisateurs et les autorités de wilaya suite à la menace des fondamentalistes a été vivement dénoncée par la société civile béjaouie qui s'est mobilisée dans la soirée de samedi pour crier sa colère contre ce qu'elle juge comme «un précédent grave». En effet, des artistes, des militants de diverses tendances politiques et des animateurs du MCB se sont donné rendez-vous sur l'esplanade de la Maison de la culture dans la même journée de samedi juste après le f'tour pour exiger des autorités le maintien de toutes les soirées festives du Ramadhan. «Céder à cette menace des islamistes constitue un précédent grave. Plier ainsi devant des intimidations d'un groupe d'intégristes islamistes renseigne on ne peut plus clair sur la faiblesse du pouvoir qui ne semble obéir qu'à la loi du plus fort. Où sont les services de sécurité, la police, le maire, le wali qui se doivent de veiller au respect des lois de la République par tout le monde», s'indignent plusieurs militants rencontrés à la Maison de la culture lors du rassemblement. «Personne n'a le droit d'imposer son diktat. Aujourd'hui, ce sont les soirées festives du Ramadhan, demain qui sait si on ne viendra pas nous imposer la djellaba. La Kabylie a résisté tout au long de la sanglante décennie noire et ce n'est pas maintenant qu'on va venir nous dicter une autre manière de vivre», martèle L. Mohand, animateur du mouvement associatif de Sidi-Aïch participant au rassemblement. Des citoyens rencontrés également hier dimanche au lendemain du rassemblement dans les rues de Béjaïa n'ont pas manqué de fusitger le wali, le maire et les élus APW pour «leur silence complice face à l'annulation des activités ramanadesques suite au chantage des salafistes». Il convient de rappeler que la Maison de la culture a été le théatre d'une véritable bataille rangée entre des non-jeûneurs et un groupe d'islamistes dans la matinée de samedi. Des fondamentalistes ont empêché par la force un rassemblement des non-jeûneurs au niveau de l'esplanade de la Maison de culture avec des mots d'ordre en faveur de la liberté de conscience et de culte et la défense de la laïcité. Après l'agression des non-jeûneurs, les intégristes salafistes islamistes ont menacé les autorités de wilaya et les différents comités des fêtes d'annuler toutes les soirées festives du Ramadhan. La menace des fondamentalistes semble avoir été prise très au sérieux par les organisateurs et les autorités de wilaya qui ont ainsi décidé d'annuler toutes les activités artistiques et culturelles sur le territoire de la ville de Béjaïa. Les citoyens se disent scandalisés par la décision des autorités et du wali qui ont «accédé avec autant de facilité aux caprices des islamistes». Une affaire qui promet de chauds rebondissements durant cet été à Béjaïa.