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Kamel Daoud reçoit le Prix Mauriac
Meursault, contre-enquête ou l'ivresse des mots
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 10 - 2014

Le cortège des prix va bon train pour Kamel Daoud, talentueux écrivain et chroniqueur controversé qui, dans son premier roman Meursault, contre-enquête (Editions Barzakh, 2013), s'impose un défi aussi bien formel que thématique.
Après avoir été sélectionné dans les short-list du Goncourt et du Renaudot, Kamel Daoud enchaîne les récompenses outre-Méditerranée : en septembre, il reçoit le Prix des cinq continents décerné par l'Organisation internationale de la francophonie ; et vendredi dernier, l'écrivain reçoit à Bordeaux le Prix François-Mauriac dont le jury est présidé cette année par le journaliste et écrivain français Eric Fottorino.
Meursault, contre-enquête est un véritable phénomène médiatique en France. Cela s'explique non seulement par l'intérêt prévisible porté à une œuvre algérienne directement liée à Camus qui fait l'objet d'un engouement tenace en Hexagone, mais aussi par la forme novatrice et audacieuse du roman. En effet, écrit à la première personne du singulier, Meursault, contre-enquête est une sorte de réécriture de L'étranger de Camus avec une réhabilitation littéraire du personnage de l'Arabe. Le narrateur, Haroun, n'est autre que le frère de ce dernier qui, accoudé au comptoir d'un bar, raconte à un universitaire le destin de Moussa, assassiné par Meursault parce qu'il faisait trop chaud sur la plage !
Dédaléen et volontiers provocateur, le livre entraîne le lecteur dans un délire aussi chaotique en apparence que structuré dans le fond. La langue nerveuse et le récit fiévreux font de ce roman une belle digression dans le paysage littéraire algérien. Kamel Daoud rectifie un livre majeur de la littérature universelle : c'est culotté et risqué mais le résultat est plus que convaincant.
De bout en bout, le personnage du roman captive le lecteur et le précipite dans un psychodrame haletant. Sa narration va crescendo au fur et à mesure que le souvenir de son frère se ravive et que l'alcoolémie l'aide à mieux entrer dans l'esprit de Meursault et de Camus, écrivain qu'il vénère et méprise, aime et honnit, célèbre et excommunie...
Il y a une volonté de défier Camus, non pas par simple (et simpliste) désir de revanche pour ce fameux Arabe réduit à l'anonymat et moult fois évoqué par ses détracteurs comme pièce à conviction dans un éternel procès stérile, mais c'est surtout un duel littéraire que Daoud orchestre avec finesse et intelligence. Les soliloques du personnage sont également traversés par des réflexions incisives sur la société algérienne contemporaine. Blasé mais très attachant, le frère de l'Arabe n'est en rien démagogue dans son interminable monologue où il est question de Camus d'abord, mais aussi de l'Algérie et de son histoire tourmentée, des Algériens et de leurs vies sclérosées...
Certaines de ses fulgurances sont tout bonnement des prouesses d'écriture et le style général du roman l'inscrit dans une démarche esthétique indéniable qui enrichit l'ossature narrative et crée une totale cohésion entre le contenu et la forme.
Dans cette chevauchée folle et pleine de surprises, la démesure n'est jamais surfaite, la perdition et le délire rendent le voyage passionnant, jouissif, même si Kamel Daoud fait preuve d'une certaine prudence en rappelant régulièrement au lecteur les clefs de cette histoire débridée, probablement pour ne pas le décourager, pour qu'il ne lâche pas prise devant un tel enchevêtrement stylistique.
Malgré les critiques acerbes dont il fait l'objet en tant que chroniqueur et malgré les mises en doute de ses talents d'écrivain pour la simple raison que ce sont des prix «français» qui pleuvent sur son livre, Kamel Daoud n'est pas loin de la virtuosité dans Meursault, contre-enquête, un roman ténébreux, fort et épidermique...


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