L'association «Etifl El Barie» plaide pour prolonger la prise en charge des enfants nés sous X et autres enfants privés de famille jusqu'à l'âge de 25 ans. Rym Nasri - Alger (Le Soir) «Mettre un adolescent à la rue dès l'âge de 18 ans est une chose grave», a déclaré Mme Zohra Faci, sociologue et membre de l'association «Etifl El Barie» (l'enfant innocent) hier, lors d'une rencontre sur la prise en charge psychologique et sociologique de l'enfant privé de famille, tenue à Alger. Soulignant que cet adolescent a été privé de tous ses repères, elle s'interroge : «Comment lui couper le seul cordon ombilical qui le relie au centre des enfants assistés où il a toujours vécu ?». La sociologue plaide ainsi pour la prolongation de la prise en charge des enfants privés de famille jusqu'à l'âge de 25 ans. «A 25 ans, ces personnes sont adultes et pourront être plus ou moins responsables et se prendre en charge», dit-elle. Pour ce faire, elle suggère la création de centres spécialisés. «Ces structures permettront d'héberger ces adolescents, une fois qu'ils quittent le centre des enfants assistés, et ce, jusqu'à l'âge de 25 ans», explique-t-elle. Mme Zohra Faci évoque l'«intolérance» de la société algérienne envers les mères célibataires et les enfants nés sous X. «Où est la responsabilité du père ?», s'indigne-t-elle. Selon elle, il est hors de question que la mère célibataire continue à porter cette responsabilité toute seule «il faut que l'Etat intervienne pour obliger le père à reconnaître son enfant et à lui octroyer son nom», dit-elle. Elle estime qu'au lieu d'accorder à la mère trois mois après l'accouchement, pour décider de garder son nouveau-né ou de le céder à la pouponnière, «il faut plutôt enquêter et trouver le père pour qu'il assume ses responsabilités envers l'enfant». Même constat chez la psychologue, Mme Souhila Zemirli qui souligne la cruauté de la société envers les mères célibataires. «Pourquoi culpabiliser ces femmes ? Nous n'avons pas le droit de les juger», dit-elle. Selon elle, même l'enfant n'échappe pas aux jugements de la société. Des jugements qui, souvent, «détruisent» cet enfant. D'ailleurs, poursuit-elle, «nombre d'entre eux n'hésitent pas à tenter le suicide». Quant aux enfants adoptifs, Mme Souhila Zemirli affirme qu'ils sont souvent «choqués». «Il n'y a pas plus grande souffrance que de découvrir qu'ils sont des enfants adoptifs à l'âge de l'adolescence». Elle dénonce ainsi le fait de cacher à ses enfants leur statut. «L'enfant doit être mis au courant avant sa scolarisation afin de lui éviter des problèmes psychologiques», a-t-elle ajouté.