Par Kader Bakou Une école, un institut ou une université qui forment de mauvais diplômés peuvent-ils former un «homme nouveau» avec le même programme, les mêmes formateurs et les mêmes formateurs de formateurs ? L'Algérien moyen, dès son enfance, apprend qu'il a une sacrée chance en naissant musulman et sunnite de surcroît. Avec le temps, il va aussi apprendre que le musulman ira au paradis quoi qu'il dise et quoi qu'il fasse de mal sur cette terre et que «le reste» de l'humanité ira en enfer quoi qu'il dise et quoi qu'il fasse de bien sur cette terre. Le plus mauvais musulman, celui qui passe toute sa vie à faire le mal, est supérieur au meilleur non-musulman même si, comme Pasteur, il a, grâce à une découverte médicale ou scientifique, sauvé de la mort des millions de personnes dont des musulmans. Le musulman, qui de naissance fait partie du «peuple élu» ou de la «meilleure des nations», ne doit pas apprendre auprès des autres peuples, communautés et nations. S'il fait remarquer que certains pays «impies» (koufar) vivent dans la paix et la prospérité, alors que la guerre, la zizanie et la misère ravagent la plupart des pays musulmans, on lui répondra : «C'est parce que le paradis des koufar est sur terre. La vie du musulman sur terre, par contre, est une succession d'épreuves, mais le paradis l'attend dans l'au- delà.» Après la théorie, les cours pratiques au sein de la famille et dans la «communauté». L'Algérien moyen va voir que la religion n'est pas une question de foi, de spiritualité, de piété et d'amour d'autrui, mais une simple question d'apparences, de comptes et de calculs. Un commerçant, par exemple, peut frauder toute la semaine et aller à la prière du vendredi effacer ses mauvaises actions. Quand le père du petit Algérien musulman l'emmène avec lui à la mosquée, c'est pour qu'il puisse jouer, sauter et crier, sans aucun respect pour ce lieu censé être de prières et de recueillement (quand on ne respecte pas la mosquée, au fond, on ne respecte pas la prière et ses effets spirituels) Le Ramadhan ? Un mois où tous les diables «humains» sont lachés et au cours duquel on ne mange pas le jour pour se rattraper la nuit en doublant ou triplant sa consommation quotidienne en temps normal. L'opportunisme, l'hypocrysie et le bicéphalisme social deviennent un mode de vie et une seconde nature. Pur produit de sa société et son «éducation», l'Algérien musulman adulte, devient un incroyable mélange de bigoterie, de mauvaise foi et de cupidité dont l'unique «constante» dans la vie et la recherche du profit par n'importe quel moyen. En Algérie et dans les pays musulmans, c'est comme si dans une usine, on ne récompense pas le travailleur le plus sérieux, le plus compétent et qui a donné le meilleur rendement, mais l'ouvrier musulman, même s'il n'a rien produit (ou très peu) et, en plus, a détérioré les machines et l'environnement de l'usine commune. K. B.