Créer son entreprise, être son propre patron, s'affranchir des responsables, créer de la valeur ajoutée pour la société sont les leitmotivs des femmes et hommes qui tentent l'aventure de l'entrepreneuriat. Et dans la situation économique actuelle, ils sont les bienvenus. PME et autres professions libérales sont encouragées par différentes annonces et mesures, néanmoins, ils se heurtent à la réalité du terrain liée à des prestations sociales boiteuses. Ils en parlent. Meriem A., pharmacienne, maman de deux enfants : «Nous n'avons pas droit au congé de maternité» Installée à son compte, Meriem gère sa pharmacie d'une main de maître. Elle veille à ce que son officine ne manque pas des produits demandés, et au suivi des remboursements des médicaments de sa clientèle. «A un certain moment, j'avais décidé de ne plus prendre les assurés Casnos. Travailler avec eux est une véritable galère. Nous mettons un temps fou pour que le dossier soit traité, ce n'est pas la même chose avec la Cnas. Mais, je n'ai pas voulu appliquer cette décision car moi-même je suis une assurée Casnos. Cela n'empêche pas que d'autres officines refusent les adhérents Casnos». Au-delà du temps jugé trop long pour traiter un dossier, Meriem met en avant le fait que la liste des médicaments n'est pas la même pour les deux institutions. Elle explique : «Pendant un certain temps, mais maintenant je pense que cela va être réglé, les deux établissements n'avaient pas la même liste de médicaments remboursables. Ce qui est franchement injuste et en plus, pour nous partenaires, c'est une difficulté de plus à gérer.» De plus, en tant que maman, elle a senti une forte injustice lors de la naissance de son premier enfant. «Juste après mon accouchement, j'ai pris tout mon dossier médical, les certificats de grossesse des trois trimestres, le certificat de naissance, les feuilles de maladie et toutes les pièces justificatives pour un remboursement et le versement de l'indemnité de mon congé de maternité. Cela faisait une année que je venais de m'installer à mon compte et en tant qu'ancienne salariée, cela m'a paru tout à fait normal d'ouvrir droit à un congé maternité. Je suis tombée de haut lorsque le préposé m'a expliqué que cela n'est pas prévu. J'ai senti cela comme une injustice. Comme si on refusait à une femme d'être chef d'entreprise et maman.» Nassima, avocate, maman de trois enfants : «J'ai galéré pour avoir la carte Chifa» Avocate associée avec son mari depuis plus de dix années, Nassima ne connaît que trop bien les difficultés de gérer les papiers administratifs des impôts et de la caisse d'assurances. «Au départ, c'est très difficile de savoir comment gérer ses affaires. Nous n'avions pas vraiment beaucoup d'orientations. Que vous puissiez trouver un agent à l'accueil qui vous explique ce que vous devez faire relève déjà du miracle. C'est avec le temps que nous avons appris à gérer tout ce qui est administration. Pour la Casnos, déjà en rapport avec notre métier de garant de la loi, nous avions décidé d'être toujours réguliers en déclarant tout aux impôts et en nous assurant. Pour ce point, c'est vraiment important d'autant plus que les services d'impôts vérifient. Lorsque j'ai accouché, j'ai appris que je n'avais pas droit au congé maternité et que je devais travailler pour continuer à être déclarée. C'est avec la naissance des enfants qu'on comprend l'importance de la déclaration sociale pour la prise en charge. Savez-vous que cela m'a pris plus d'un an pour qu'enfin elle nous soit remise pour mes enfants et moi-même. Pour mon mari, il attend toujours. J'ai dû prendre beaucoup de temps et les presser pour que cela soit fait. En plus, il n'y a pas beaucoup d'agences. Vous n'êtes pas bien orientés. Mais bon, maintenant, le gouvernement dit que l'avenir c'est l'encouragement des professions libérales et ceux qui créent de l'emploi. Nous espérons que nous serons mieux pris en charge». Mustapha, auto-entrepreneur, père de deux enfants : «J'ai appris que de nouvelles mesures seront prises» Malek se remémore exactement comment il a été reçu lorsqu'il a déposé son dossier au niveau de la Casnos pour être affilié. Le préposé, après avoir entré les données, me regarde et me dit : «Maintenant, on vous tient, vous ne pouvez plus vous échapper. Vous payerez vos cotisations tôt ou tard. Et en plus, vous n'aurez pratiquement rien. Nous, en tant que salariés, on est plus avantagés que vous.» Cela fait pratiquement sept ans, qu'il a ouvert sa société et les mots de cet agent résonnent encore dans ses oreilles. «Je me dis qu'il a raison. J'aurais dû y réfléchir à deux fois avant de me lancer. Pour faire rembourser les frais médicaux, c'est très long. Donc, la plupart du temps, je ne me les fais pas rembourser. Mais j'ai espoir, apparemment il va y avoir de nouvelles mesures qui seront prises pour améliorer les prestations de services. J'espère qu'elles permettront de diminuer le nombre de papiers administratifs et qu'ils vont augmenter le nombre d'agences. Chaque fois que je dois m'y rendre, je mets entre parenthèses mon travail en me disant que je vais perdre une journée pour rien», relève encore ce jeune entrepreneur.