La commercialisation d'une membrane en cellulose pour hémodialyse fait depuis quelque temps polémique. Le professeur Farid Haddoum, chef de service de néphrologie et transplantation rénale au CHU Mustapha-Pacha, alerte. De leur côté, le professeur néphrologue Tahar Rayane, les associations de malades et le laboratoire fournisseur apportent un démenti catégorique. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Dans un «cri d'alerte» lancé à travers la presse nationale, le professeur Haddoum affirme que «récemment une catégorie particulière de filtres (ou capillaires) pour hémodialyse sont apparus et sont commercialisés à travers le pays. Ces filtres sont composés d'une très ancienne membrane d'hémodialyse en cellulose, largement abandonnée dans le monde depuis les années 1980, ceci au profit de nouvelles membranes synthétiques biocompatibles, efficientes, très bien tolérées et surtout beaucoup plus sûres». Le professeur appelle ainsi les professionnels du secteur à «la vigilance extrême» en cas d'utilisation de ces filtres dont la membrane est cellulosique. Selon ses affirmations, de nombreux incidents liés à leur utilisation lui ont été signalés. Les patients dialysés, écrit-il dans une déclaration à la presse, qui font annuellement 165 séances, sont particulièrement exposés aux biomatériaux. Pr Tahar Rayane, chef de service néphrologie à l'hôpital parnet et président de l'institut national du rein : «Nous n'avons enregistré aucun incident» Selon le professeur Rayane, les matières utilisées actuellement sont des filtres à base de tri-acétate et di-acétate, qui sont de nouvelles membranes de cellulose modifiées chimiquement pour être compatibles avec le sang. «Le tri-acétate est au même niveau de compétence que le synthétique et l'argument de meilleur biocompatibilité avec le sang pour la membrane synthétique est juste un argument commercial», dit-il. Le cuprophane, lui, est abandonné depuis des années à cause du problème de biocompatibilité et il ne faut pas faire d'amalgame. Les membranes di-acétate et tri-acétate modifiées sont utilisées à travers le monde. 30% des malades au Japon sont traités avec cette membrane, 30% en Europe et un tiers des patients aux Etats-Unis sont dialysés avec la cellulose. En Algérie, 70 à 80% des patients sont dialysés avec la membrane synthétique. «Nous avons aussi les autres membranes car il y a des malades qui supportent la membrane synthétique et d'autres la cellulose, la prescription est laissée à l'appréciation du médecin et de nos jours, il n'y a que les cliniques privées qui recourent beaucoup plus à la cellulose en raison de son prix moins élevé, mais elle reste une membrane de très bonne qualité», souligne le professeur qui dit qu'aucun incident n'a été signalé à ce jour par des patients dialysés. D'ailleurs, dit-il, «seul le laboratoire national de pharmacovigilance est habilité à se prononcer sur l'efficacité ou non d'un produit». Mustapha Boukhaloua, président de la fédération nationale des insuffisantS rénaux : «Nous n'avons enregistré aucune plainte à ce jour» Médecin dialyseur, M Boukhaloua dit n'avoir enregistré aucune plainte à ce jour concernant des cas d'incidents dont parle le professeur Haddoum. «À ce jour, il n'y a jamais eu de plainte de la part des patients concernant ce produit. Nous sommes les premiers garants des malades, on aurait déclenché une affaire en justice si un tel incident avait eu lieu, mais si le professeur Haddoum en connaît des cas, qu'il nous les montre car les produits que nous utilisons actuellement répondent tous aux normes internationales», a-t-il affirmé. Nadir Abderrahim, DG de l'IMC (société des industries médico-chirurgicales) : «Chaque lot de nos produits passe par le laboratoire de contrôle» Nadir Abderrahim, directeur général de l'IMC, la seule usine qui produit en Algérie les lignes et les filtres d'hémodialyse à membrane synthétique, affirme que son usine ne produit plus de cellulose mais elle propose des membranes synthétiques et semi-synthétiques. Ses produits, affirme-t-il, sont d'abord soumis à une autorisation d'importation auprès du ministère de la Santé et les lots fabriqués sont tous soumis au contrôle du Laboratoire national du contrôle des produits pharmaceutiques avant d'être libérés sur le marché.