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Scènes de vie
L'ânon, le fennec et le lion
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 10 - 2015

Au commencement, il y avait la jungle. Non pas celle décrite par Rudyard Kipling dans son Livre de la jungle, ni le théâtre d'une des fables de Jean de La Fontaine, mais la jungle telle qu'elle a été conçue pour la première fois. C'était un vaste territoire formé de brousses et de steppes, qu'un long fleuve traversait de part en part.
Tout autour se succédaient des forêts vierges, des plaines vertes, des montagnes enneigées et d'autres calcinées par le soleil. Ici, la nature avait mis des siècles pour engendrer ses œuvres, des créatures qui obéissaient toutes à sa loi.
La seule et unique loi que le roi Hambra, le grand lion à la crinière rousse, aux crocs tranchants et aux griffes acérées faisait respecter à la lettre. Aidé en cela par ses pairs de la confrérie des crocs, une armée de gros félins dirigés par son cousin Khan, le tigre zébré, il régnait en maître absolu sur la contrée. De son trône, il décidait de la vie et de la mort de ses sujets, des plus féroces aux plus doux. Pour toutes les questions engageant l'avenir du royaume, Hambra faisait appel à ses deux fidèles amis, maître Corbeau et monseigneur Renard, les deux vizirs les plus futés de sa cour. Imprégnés des règles régissant les rapports entre les habitants de la jungle, ils préparaient, à la demande du roi, textes et discours.
À son tour, Hambra les soumettait pour avis à l'assemblée, un petit cercle d'initiés. Constitué des membres les plus influents de la confrérie des crocs, il les validait s'ils ne dérogeaient pas aux lois de la nature et les rejetait dans le cas contraire sans incommoder le roi.
En somme, ce comité restreint veillait à ce que l'équilibre du système soit en tout temps respecté, de sorte que tous les êtres du royaume mangeaient à leur faim, dormaient et se reproduisaient dans la sérénité. Les plus forts ne tuaient pas pour le plaisir et les plus faibles acceptaient de se faire manger pour la cause.
Ainsi se perpétuaient les lois de la nature et se régénérait la vie. Cependant, après une longue période de quiétude et d'accalmie, Hambra, qui se croyait à l'abri des bourrasques et des intrigues de palais, laissa la gestion de la cité aux mains de ses proches et de ses courtisans.
Profitant du laisser-aller, les plus forts de ses sujets exigèrent plus de festins et de libertés, et les plus faibles virent les leurs se réduire comme peau de chagrin. L'équilibre se rompit et le temps se gâta.
De tous les recoins de la jungle, des voix glapissantes s'élevèrent en chœur, appelant à la révolte et à l'insoumission.
La nature, touchée dans ses œuvres et ses lois, ne se fit pas prier pour intervenir. Alors, la saison chaude perdura plus que de raison, les eaux du fleuve se tarirent et les broussailles sèches s'enflammèrent sous les dards d'un soleil de plomb. La panique s'empara des habitants, la nourriture commença à manquer et des meutes de hyènes et de loups affamés dirigés par Hya et Chaka, les deux chefs de clan, s'attaquèrent à la populace et aux vigiles du roi. Informé, Hambra, qui aimait se prélasser au milieu de son harem, réunit un conseil de guerre, proclama l'état d'urgence et ordonna à Khan de mater la rébellion.
Khan leva une armée de fauves, tous aussi aguerris les uns que les autres, et la fit suivre d'une caravane de baudets chargés de quartiers d'antilopes et de bisons.
Aux premières lueurs du jour, la cavalerie du roi surprit les rebelles endormis et les tailla en pièces. Le sang coula à flots, et les eaux du fleuve déjà à sec virèrent au rouge bistre. À midi, lors du bivouac des troupes, l'odeur de la chair décomposée des morts attira des nuées de corbeaux et de vautours offrant un spectacle terrifiant à la vue. Pendant ce temps, les rescapés du massacre, fuyant l'avancée des soldats de Khan, se regroupèrent au sommet des montagnes pour se reposer.
Entreprenants et rusés, Chaka et Hya organisèrent la résistance en formant de petits groupes qu'ils lancèrent aux flancs et à l'arrière de la prestigieuse armée du roi, lui faisant subir de lourdes pertes. Même les baudets de la caravane pâtirent de leurs attaques. Blessé, un vieil âne, sentant venir sa fin, fit appeler son petit, Ânon, et lui tint ce langage :
- Toute ma vie, j'ai transporté des charges d'un bout à l'autre du royaume. J'ai mangé rarement à ma faim et j'ai obéi sans rechigner aux ordres de mes maîtres. Aujourd'hui, je pressens une catastrophe, un grand bouleversement qui pointe à l'horizon. Aussi, je te demande de prendre attache avec notre ami Fennec, le prince des dunes. Il saura nous réserver une place de choix dans le prochain royaume qui se dessine aujourd'hui à coups de crocs et de griffes.
Fier de sa mission, Ânon se faufila sans encombre au milieu des rebelles et des partisans du roi qui se livraient à une bataille de nuit. Passé cet écueil, il s'élança vers les montagnes du Sud, les traversa au trot et se retrouva enfin sur un chemin bordé de dunes et de sable. Se sentant en sécurité, il commença à chantonner.
«Moi, petit Ânon, aussi malin qu'un fennec,
Si je rue et me cabre, j'abats d'un coup sec,
Une dizaine des plus futés soldats aux longs crocs.
Je les ratatine et les mets dans un seul broc...»
Ânon ne se doutait pas que la cigale l'ayant écouté, trouva le refrain à son goût. Sautillant d'arbre en arbre et de dune en dune, elle alla le chanter à son tour aux gazelles, aux brebis et à leurs consœurs fuyant les abords du fleuve où les deux blocs de belligérants s'entretuaient. Très vite, la nouvelle se transmit de bouche à oreille. «Il paraît que le petit Ânon s'en va en guerre contre les ennemis de la paix !»
Des colonnes parmi les animaux les plus doux, du chardonneret à l'éléphant, voulant apporter leur aide à la noble cause, se mirent en marche en direction des monts du Sud.
Au même moment, les deux amis, Fennec et Ânon, s'entretenaient sur les moyens à mettre en œuvre pour détrôner Hambra et chasser les fauteurs de troubles.
- La jungle ! Mise à feu et à sang par les hordes de Hambra ! Je tressaute en entendant prononcer son nom.
Mon corps se fige et la peur m'envahit. Je vois de méchantes créatures rôder autour de moi, guettant l'instant où je m'endormirais pour me dévorer, dit Fennec au petit Ânon venu l'informer de ce qui se tramait dans la cité.
- Oui, c'est la fin, lui répondit Ânon. Mon père m'a demandé de vous avertir.
Il pense que vous êtes le seul à pouvoir nous sauver.
- Mon ami, lui répliqua Fennec, à vous entendre parler de la sorte, les sbires de Hambra vont bientôt nous tomber dessus! Détendez-vous Ânon et étanchez votre soif pendant que je réfléchis à la situation.
Après un moment de silence, Fennec lissa ses moustaches, sourit et invita son hôte à le suivre. En sortant du terrier, ils tombèrent nez à nez avec les animaux venus en renfort. Alignés en rangs, ils se tenaient au garde-à-vous. Trompe, le petit éléphanteau s'avança d'un pas. Il déplia la convention que l'assistance venait de signer ; et, d'un air solennel, il lut à haute voix les termes de l'accord, proclamant Fennec roi et Ânon son vizir.
Aussitôt, des cris d'acclamation et des hourras fusèrent des lignes, pendant que des armes brandies en l'air miroitaient au soleil. Levant ses bras au ciel, Fennec demanda l'attention de l'assemblée.
- Suivez-moi, mes amis, leur dit-il. Je sais comment anéantir la confrérie des crocs, les fossoyeurs de la paix, et surtout comment démettre le tyran Hambra !
Enfourchant le dos de Trompe, Fennec, talonné d'Ânon, ouvrit la marche. Quand la tête de la longue colonne atteignit le sommet de la montagne, sa queue se perdait derrière. À l'arrivée, Fennec mit pied à terre et attira l'attention de ses compagnons sur les risques de glisser dans le lac, une grande nappe d'un liquide noirâtre d'où montaient des vapeurs blanches.
Surgie des entrailles de la Terre depuis des jours, elle n'arrêtait pas d'enfumer le ciel, créant de gros nuages qui flottaient au-dessus des monts. Croyant au réveil d'un volcan, aucun des animaux de la plaine ne s'y est aventuré par peur de tomber dans la fournaise. Seul Fennec, curieux comme à ses habitudes, avait osé s'y approcher.
Il découvrit que le liquide s'enflammait à la moindre étincelle ; et, quand Ânon l'avait informé des hostilités entre rebelles et partisans du roi, l'idée de s'en servir avait germé dans son esprit. Ayant pris son parti, il décida donc de s'en servir.
Il commanda aux gorilles de lui rapporter des lianes que les guenilles attachèrent aux blocs de granit entourant les bords de la nappe. Puis, s'adressant aux éléphants, il leur ordonna de tirer dessus. Un torrent visqueux se déversa sur la plaine, remplit le lit du fleuve et entraîna avec lui les deux armées ennemies.
Et pour finir avec les confréries des crocs, tous les crocs confondus, il demanda à la colombe de jeter une torche dans le tas. Un grand brasier grilla les naufragés et les mourants. Seul Khan qui suivait la bataille du haut d'une colline s'en est sorti indemne. Abattu, il courut informer Hambra du désastre. Désemparé, le roi déchu de sa couronne, suivi de son harem, de Khan, de maître Corbeau et monseigneur Renard, prit la route du Nord, un chemin sinueux qui menait aux montagnes vertes.
- Il paraît qu'un bipède, cousin germain du singe, se distingue par son génie dans ces contrées lointaines, lui dit maître Corbeau.
- Arrêtez d'élucubrer des théories, lui rétorqua Hambra. Il se pourrait que cet être nous fasse baver plus que ne l'ont fait Ânon et ses amis. n


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