Abderrahmane Zerouati (ancien rédacteur sportif) La formation reste le seul remède et non des moindres à prescrire si nous voulons prétendre à mieux en matière de football. Les clubs qui visent à améliorer leurs performances, en quête d'horizons meilleurs doivent nécessairement s'attacher à ce mode de pensée et d'organisation qui a fini par s'imposer. Incontournable, la fédération l'a très bien compris. En décidant de réactiver son académie qu'elle avait mise en veilleuse, la fédération renoue avec cette tradition dont le retour augure d'un avenir prometteur. La formation aujourd'hui est le vrai débat. Un débat qui doit s'étendre pour toucher tous les acteurs de la vie sportive. Les clubs professionnels, les associations sportives et enfin les écoles où il y a une très forte concentration d'enfants potentiellement disponibles à être supervisés et enrôlés. En décidant de remettre les pendules à l'heure, la fédération a décidé d'associer simultanément tout le monde sans en exclure aucun. Le vrai débat semble désormais totalement engagé pour prévoir les moyens qui peuvent se prêter à un chantier d'une telle envergure. S'il est vrai qu'il n'est pas toujours aisé de définir les paramètres qui doivent accompagner cet engagement, il est tout aussi vrai que la fédération qui dispose d'une riche expérience en matière de formation et de suivi saura mettre les bouchées doubles pour dissiper tout malentendu et assurer un cheminement sans contraintes. Aux clubs de répondre à cet appel en accordant la plus grande attention à ce projet d'intérêt national. La mise en veilleuse de l'académie par la fédération a certes quelque peu brouillé les cartes dans la mesure où depuis quelque temps l'on s'acheminait vers l'inconnu. La formation, on en parlait mais sans réellement y croire. Et, vint la Coupe d'Afrique des U23 qui nous interpella, qui nous réveilla. Elle était tout indiquée pour nous rappeler nos errements et autres écarts de conduite, pour nous rappeler aussi le peu de considération que l'on a tendance à observer à l'égard de la formation. Il s'agit maintenant de faire preuve de réalisme en saisissant cette opportunité pour brasser large et montrer à cette génération que je me permets de baptiser «la Sénégalaise» qu'elle mérite tout notre respect. Ces jeunes au grand talent ont montré le chemin, et à la fédération d'afficher de l'enthousiasme pour mettre en application le plus rapidement possible tous les paramètres qu'elle a décidés. A elle aussi d'enfourcher son cheval de bataille pour reprendre définitivement ce thème de la formation dont elle s'est momentanément débarrassé. Par inadvertance ? En s'efforçant d'adopter un mode de pensée reconnu dans l'univers sportif, la fédération aura montré sa volonté de se transcender, de demeurer attentive aux suggestions qui peuvent aider à contribuer à la réussite de cette entreprise. Une question toutefois mérite d'être posée pour y rester serein. Est-il indiqué dans la conjoncture actuelle de rendre possible une telle entreprise de mener à bon port un projet d'une telle envergure qui nécessite pour sa mise en route de l'argent, beaucoup d'argent ? N'ayons pas peur des mots car la réalité impose de confronter les éléments qui nous entourent. Avec un manque à gagner qui se chiffre en milliards de dollars (effondrement du prix du baril du pétrole) une crise qui prend de l'ampleur jour après jour, est-il possible encore de nous offrir d'autres alternatives ? Le gouvernement qui a d'autres préoccupations à prendre en charge actuellement, peut-il continuer à être partout présent financièrement ? En annonçant avec cette détermination nouvellement affichée, la création de centres de formation et d'académie, la fédération ne se mettrait-elle pas en situation périlleuse, en difficulté ? Il est vrai que l'Algérie compte parmi les nations du football et eu égard à ce statut, il n'est pas normal qu'elle demeure à la traîne en matière de formation, de faire dans l'à-peu-près et dans l'improvisation. Des atouts sont mal exploités tant sur le plan humain que dans d'autres domaines, le manque de réussite, la nonchalance dans les décisions sont les signes évidents d'une politique qui n'a jamais été payante. Il n'est certes pas trop tard mais surtout il s'agit de bien réfléchir et de savoir mettre l'argent là où il faut. Se mettre d'ores et déjà d'accord sur la manière et la voie à privilégier pour asseoir une politique de formation qui encourage toutes les initiatives et toutes les volontés. M. Zetchi président du Paradou est en train de nous montrer le chemin, en précurseur, il a ouvert la voie en ayant effectué un travail gigantesque qu'il a entrepris depuis déjà huit ans. Un autre point mérite lui aussi d'être souligné, il s'agit de dire que cette initiative — première du genre — relevait exclusivement de la volonté de M. Zetchi qui a investi son argent personnel pour son lancement. Satisfaction qui se généralisa puisque cette initiative a tendance à faire des adeptes en gagnant l'ensemble des responsables sportifs qui déclarent sans hésiter en être partisans. Un argument supplémentaire pour convaincre de l'extrême urgence à revenir à la formation qui faisait dans un passé récent le bonheur du NAHD, du RCK, de l'ASMO et aujourd'hui de l'USM Harrach qui exploite intelligemment, faute d'argent et de moyens, de jeunes talents enrôlés d'autres contrées d'Algérie à moindres frais en leur donnant la possibilité de s'affirmer à un palier supérieur. En l'état actuel des choses, il est difficile d'envisager l'avenir avec sérénité. Les jeunes, toutes catégories confondues, dans les clubs vont encore éprouver les pires difficultés à se frayer un chemin. La prise en charge est mal assurée, le choix des jeunes joueurs se fait en dehors de toute éthique sportive, le professionnalisme y est totalement absent. Le personnel chargé de la formation, mal rémunéré, rencontre lui aussi des difficultés qu'il lui est difficile de surmonter. Le Mouloudia d'Alger s'en est déjà illustré en faisant la sourde oreille à ses employés qui restent sans rémunérations. En club nanti, le MCA est en train de faillir à ses obligations, que dirions-nous en revanche des clubs moins costauds et un peu fébriles financièrement ? En d'autres termes, la formation dans les clubs est totalement déficiente et toute tentative de redressement sera vouée à l'échec si elle n'est pas accompagnée de mesures strictes excluant toute désinvolture. Sans cela, croire en la formation dans les clubs, c'est se voiler la face. Parce que dans les clubs, un encadrement chasse un autre d'où l'impossibilité à l'un ou à l'autre de mener à bien la mission pour laquelle il est chargé de terminer ce qu'il a commencé. A cette allure, on s'achemine vers l'inconnu et à se priver des véritables éléments qui permettent une évaluation fiable du chemin parcouru. L'instabilité sciemment entretenue dans certains clubs relègue et empêche tout projet de voir le jour. A cette allure l'on redevient à penser et à préférer l'ambiance qui prévalait autrefois, les jeunes arrivaient au football autrement que d'un terrain vague. A proprement dit, les centres de formation dans le sens exact n'étaient pas encore en vogue. Les terrains vagues nombreux après l'indépendance fournissaient l'essentiel des joueurs. On n'en puisait quand le besoin se faisait sentir. Et c'est comme ça que le NAHD sous A. Boudissa réussit à s'adjuger le titre de club formateur. M. Boudissa, qui en était l'inspirateur, le prospecteur et auquel le NAHD doit presque tout, entreprit un travail colossal qui permit l'émergence de toute une génération de footballeurs qui a grandement contribué à la renommée du NAHD pourvoyeur de talents aux sélections nationales. Faut-il revenir à cette vieille méthode — en l'absence de moyens financiers — qui fut à une époque pas lointaine très payante ? Est-il possible d'y revenir en l'absence de terrains vagues disparus depuis ? M. Zetchi s'est lancé dans cette aventure qui a fini par l'honorer, la fédération doit nécessairement s'y attacher en réactualisant le débat et imposer l'idée du changement à tous les clubs professionnels. Les Benkhemassa, Chita, Ferhat et tous les autres qui ont fait sensation sont là pour témoigner de la nécessité d'adhérer à cette vision du football moderne qui profite toujours aux grandes nations du ballon rond.