Subitement et comme par enchantement, la Fédération décide de remettre les pendules à l'heure en engageant le vrai débat, celui dont on n'a jamais cessé de parler, c'est-à-dire la formation et les paramètres qu'elle doit inclure. Parce que depuis quelque temps on ne sait plus quel chemin prendre, on ne sait plus où aller où nous diriger en matière de formation. La Coupe d'Afrique des U23 qui vient de s'achever au Sénégal est tout indiquée pour donner à réfléchir. Il s'agit maintenant de faire preuve de réalisme en saisissant cette opportunité pour brasser large et montrer à cette génération «sénégalaise» qu'elle mérite tout notre respect. Ces jeunes, aussi talentueux les uns que les autres, montrent le chemin et à la fédération d'afficher de l'enthousiasme à mettre en application les choses qu'elle a déjà décidées. A elle aussi d'enfourcher son cheval de bataille pour reprendre ce thème (la formation) qu'elle a abandonné il n'y a pas si longtemps en s'efforçant d'adopter le seul mode de pensée reconnu universellement. Seulement est-il adéquat dans la conjoncture actuelle de rendre possible une telle entreprise de mener à bon port un projet de telle envergure qui nécessite pour sa mise en route de l'argent et de beaucoup d'argent ? N'ayons pas peur des mots car la réalité impose de dire la vérité. Avec un manque à gagner qui se chiffre en milliards de dollars (effondrement du prix du baril du pétrole) une crise qui prend de l'ampleur jour après jour, est-il possible encore de nous offrir d'autres alternatives ? Le gouvernement avec les moyens qui sont les siens actuellement peut-il continuer à être partout présent financièrement ? En annonçant avec cette détermination nouvellement affichée la création de centres de formation et d'académie, la fédération ne s'inscrirait-elle pas ipso facto en faux ? Il est vrai que l'Algérie compte parmi les nations du football et eu égard à ce statut, il n'est pas normal qu'elle demeure à la traîne en matière de formation et de faire dans l'infiniment petit. Les atouts mal exploités aussi bien sur le plan humain que dans d'autres domaines, le manque de réussite, la nonchalance dans les décisions sont les signes évidents (résultats) d'une politique qui n'a jamais été payante. Il n'est certes pas trop tard mais surtout il s'agit de bien réfléchir et de mettre l'argent là où il faut. Se mettre d'ores et déjà d'accord sur la manière et la voie à privilégier pour asseoir une politique de formation qui encourage toutes les initiatives et toutes les volontés. M. Zetchi, président du Paradou, est en train de nous montrer le chemin, en précurseur il a ouvert la voie qu'il en soit remercié pour ce travail gigantesque qu'il entreprend. Il faut noter aussi que cette initiative est une première en Algérie dans la mesure où l'argent engagé est le sien, le contribuable n'y est pour rien. Satisfaction qui se généralise puisque l'on ne tarit pas d'éloges envers cette prouesse qui semble gagner l'ensemble des responsables sportifs qui déclarent sans hésiter en être partisans. Un argument supplémentaire pour convaincre de l'extrême urgence à revenir à la formation qui faisait dans un passé récent le bonheur du NAHD, du RCK, de l'ASMO et aujourd'hui de l'USM Harrach qui exploite intelligemment des jeunes talents enrôlés à moindre frais en leur donnant la possibilité de s'affirmer à un palier supérieur. En l'état actuel des choses, rien n'augure d'un avenir prometteur, les jeunes toutes catégories confondues dans les clubs vont encore éprouver les pires difficultés à se frayer un chemin. La prise en charge est mal assurée, le choix des jeunes joueurs se fait en dehors de toute éthique, le professionnalisme y est totalement absent. Le personnel chargé de la formation, mal rémunéré et mal entretenu, rencontre lui aussi des difficultés qu'il n'est pas toujours aisé de surmonter. En d'autres termes, la formation dans les clubs est totalement déficiente et toute tentative de redressement est vouée à l'échec si elle n'est pas accompagnée de mesures strictes excluant toute désinvolture. Sans cela, y croire, c'est se voiler la face. Dans les clubs, un encadrement en chasse un autre d'où l'impossibilité à l'un ou à l'autre de terminer ce qu'il a commencé. A cette allure, on s'achemine vers l'inconnu (auto-destruction) et à se priver des véritables éléments d'évaluation. L'instabilité sciemment entretenue dans certains clubs relègue et empêche tout projet de voir le jour. Autrefois, il est vrai, les conditions de recrutement de jeunes talents étaient tout autres, à proprement dire, les centres de formation dans le sens exact n'y étaient pas encore. Les terrains vagues, nombreux après l'indépendance, fournissaient l'essentiel des joueurs. On n'en puisait quand le besoin se faisait sentir. Et c'est comme ça que le NAHD (A. Boudissa) réussit à s'adjuger le titre de club formateur. M. Boudissa, qui en était l'inspirateur et auquel le NAHD doit presque tout, entreprit un travail colossal qui permit l'émergence de toute une génération de footballeurs ayant grandement contribué à la renommée du football algérien. Faut-il revenir à cette vieille méthode — en l'absence de moyens financiers — qui fut à une époque pas lointaine très payante ? Est-il possible d'y revenir en l'absence de terrains vagues que le béton a complètement fait disparaître ? M. Zetchi s'est lancé dans cette aventure qui a fini par l'honorer, la fédération doit nécessairement s'y attacher en réactualisant le débat et imposer l'idée du changement à tous les clubs professionnels. Les Benkhemassa, Chita, Ferhat et tous les autres qui ont fait sensation sont là pour témoigner de la nécessité d'adhérer à cette vision du football moderne qui profite toujours aux grandes nations du ballon rond. Abderrahmane Zerouati, ancien rédacteur sportif