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Kiosque arabe
Heureux qui, comme Ibrahim...
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 02 - 2017


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A Katia BENGANA, assassinée le 28 février 1994 pour avoir refusé de porter le voile.
Être opposant n'est pas un métier de tout repos, et il n'assure pas forcément un train de vie enviable à ceux qui ont choisi, par goût ou par décret du prince, de devenir opposants. Du reste, on ne naît pas opposant, mais on peut le devenir, au gré des circonstances et des humeurs du moment. Et lorsqu'on parle d'humeur, ça n'implique pas forcément celle du candidat au statut d'opposant, mais il s'agit beaucoup plus de l'humeur, et du choix du décideur. Métier aléatoire, donc, sans perspectives de carrière alléchante, et qui ne suscite pas forcément des vocations, s'agissant de pays qui se promettent la démocratie, sans trop y croire. Pour être un opposant au long cours dans de tels pays, il faut souvent un peu plus que du caractère, et une certaine assise populaire, il faut aussi et surtout pouvoir durer, avoir du souffle. L'opposition est un métier à risques, et même à hauts risques, et certains qui l'ont choisi en connaissance de cause n'ont pas eu à attendre l'âge de la retraite, à cause ou grâce à un décret, divin ou non. Parmi les opposants célèbres, sur le continent africain qui nous concerne au premier chef, on peut en citer au moins deux : le Sud-Africain Nelson Mandela qui a été Président, et s'est retiré de lui-même, et l'Algérien Aït-Ahmed, qui n'a pas su, ou voulu saisir sa chance, et qui est mort dans l'opposition.
Comme quoi, la sagesse, et le renoncement, ne viennent pas forcément avec l'âge, et la vieillesse, ou procédure d'élimination indirecte, n'est pas toujours le meilleur allié des pouvoirs en place. Entre ces deux destins aux issues, disons diamétralement opposées, il y a de la place, voire des places, pour ceux qui voudraient être dans l'opposition, sans renoncer aux bénéfices de la rente. Un pouvoir intelligent, ou roublard, selon l'appréciation qu'on en a, laisse toujours des passerelles permettant à certains adversaires de se rallier, ou de se ranger, sans perdre la face, et au change. Bref, personne n'est obligé de finir comme Aït-Ahmed, ou Mandela à la rigueur, et nul n'est soumis à l'obligation de se boucher les oreilles pour ne pas entendre les appels langoureux des sirènes. Les perspectives d'alternance s'éloignant de plus en plus, il n'est pas interdit de penser que l'opposant adulé d'aujourd'hui est peut-être le mauvais ministre, ou pire, de demain. L'itinéraire inverse est aussi de mise, puisque des ministres en place peuvent se retrouver dans les travées de l'opposition, pour peu qu'ils ne soient pas frappés de bannissement. Laissons-nous aller au cynisme ambiant, et disons au vu de la situation actuelle, que dans tout opposant sommeille un futur ministre, et plus si affinités.
Au vu de ce qui précède, le journaliste et écrivain égyptien Ibrahim Aïssa est un opposant atypique, qui se veut, et s'exprime comme tel dans les médias, mais c'est un opposant heureux, ce qui n'est pas courant. Il est heureux, parce que le film «Mawlana», tiré de son roman éponyme, caracole en haut des affiches, et bat des records d'entrées, en dépit de ses détracteurs. Le premier à s'en prendre à «Mawlana», avant même sa projection en salle, est un cheikh d'Al-Azhar qui a élaboré un rapport, sur la base du roman, pour demander l'interdiction du film. La réaction de l'institution était attendue, puisque le personnage principal du roman, et du film, est un cheikh d'Al-Azhar, soudainement promu à la célébrité. Le rédacteur du rapport, Ali Mohamed, justifie sa demande d'interdiction par le fait que l'œuvre caricature les théologiens, au niveau de leur tenue vestimentaire, et de leur comportement. Le principal reproche du théologien est que les cheikhs d'Al-Azhar sont montrés comme des gens «qui mangent avec appétit, et ne dédaignent pas les plaisirs de la vie». La campagne a été relayée par les partis islamistes, et notamment par les salafistes qui ont dénoncé une atteinte à l'Islam, et ont exigé que le film soit soumis à l'appréciation d'Al-Azhar avant sa projection.
En dépit, ou peut-être à cause de cette campagne, les Egyptiens habituellement sensibles au discours religieux sont passés outre, et ils se sont passionnés pour le film «Mawlana». Le journal Al-Youm-Al-Sabaa indique qu'après un mois de projection, «Mawlana» a rapporté plus de 13 millions de livres. A titre de comparaison, l'un des autres succès cinématographiques de ce début d'année, «Le singe parle», a réalisé 9 millions de livres de recettes. Un sondage publié par le journal électronique égyptien «Al-Bawaba-News», sur le meilleur film actuel du point de vue des lecteurs, montre que 77% des personnes interrogées ont choisi «Mawlana». La semaine dernière, le film a reçu un renfort inattendu, en la personne du célèbre prédicateur Khaled Al-Djoundi, par ailleurs membre de la congrégation d'Al-Azhar, qui a apprécié le film. Le cheikh s'est élevé contre le «complot salafiste» qui vise à faire interdire un film qui montre, selon lui, la réalité de l'institution millénaire et de ses cadres, et la réhabilite en quelque sorte. Il a estimé toutefois que le film aurait pu faire l'économie de certaines scènes comme celle où l'on voit une jeune étudiante dérober un baiser au cheikh azhari, sur la joue. On sait que le baiser, le vrai, a disparu depuis longtemps du cinéma égyptien, et qu'il n'est pas près de revenir (1).
En plus de tout ça, Ibrahim Aïssa est en passe de réaliser un nouveau coup éditorial avec la parution récente de son dernier livre «Une étape sanglante», qui retrace l'épisode de la «Grande fitna». Présenté comme une œuvre romanesque retraçant les évènements de la période qui a précédé et suivi l'assassinat du calife Othmane, par de jeunes «opposants», qui ne connaissaient pas encore la main de l'étranger. L'écrivain aurait pu s'en tenir à ce nouveau pavé dans la mare islamiste qui a poussé des cris d'orfraie, avant même d'avoir lu le roman, mais allez donc ! Il y a quelques jours, il a osé s'en prendre au Président Sissi, lui-même, dont le gouvernement est attaqué de toutes parts, alors que lui semble intouchable, selon la théorie du bon roi et des mauvais ministres. Dans le journal Al-Maqal (2), qu'il a créé il y a deux ans, après de multiples aventures médiatiques, Ibrahim Aïssa s'en est pris aux hypocrites, et aux courtisans. «Tout le monde sait que ce gouvernement ne peut pas respirer sans la permission de Sissi, et pourtant tout le monde proclame que Sissi est bien et c'est son gouvernement qui est mauvais». Et de déplorer cette malédiction de l'Egypte qui semble condamnée à n'avoir que des dirigeants «providentiels, ingénieux, inventifs, omniscients, héros immortels et impérissables».
Notre confrère qui a déjà connu la prison semble prendre un malin plaisir à titiller le Président Sissi, qui pourrait être tenté de le réduire au silence, en le nommant ministre de la Culture par exemple.
A. H.
(1) Si mes souvenirs sont bons, le dernier baiser de cinéma égyptien remonte au film «Abi fawq al Chadjara» (Mon père sur un arbre - 1969) avec Abdelhalim Hafez et Nadia Lotfi.
(2) Ibrahim Aïssa gère bien ses affaires : la version électronique du journal est en consultation payante, et il faut attendre les reprises par d'autres journaux pour en savoir plus. Si quelqu'un a une idée de génie, je suis preneur.


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