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AUX ORIGINES DE L'AMITIE ALGERO-CHINOISE
2. La solidarité par les actes
Publié dans Le Soir d'Algérie le 04 - 03 - 2017

Au printemps 1959, le GPRA décide de dépêcher en Chine une délégation militaire de haut niveau, la première de l'histoire, pour demander au gouvernement chinois une aide en armement pour les combattants de l'ALN. Composée de onze membres dont cinq du CNRA, elle est dirigée par le Commandant Omar Oussedik, secrétaire d'Etat à la guerre. L'accueil qui lui a été réservé est à la mesure du combat du peuple algérien, héroïque, pour sa liberté.
Un autre épisode de notre mission qui aura une conclusion heureuse avait fait vivre deux heures de stress à notre délégation. C'était nos entretiens avec le chef d'état-major de l'armée chinoise.
Initialement, nous devions être reçus par le maréchal Pen Tho Khay, mais ce dernier se trouvait en Pologne pour assister à une réunion du Pacte de Varsovie.
Le chef de l'état-major qui avait reçu des instructions pour nous donner entière satisfaction (nous ne le savions pas encore) avait voulu tester la délégation et mieux la comprendre. Etions-nous venus uniquement pour chercher de l'aide ? Etions-nous venus pour exercer une sorte de chantage sur le mouvement communiste mondial ?
En tant que chef de la délégation et après consultation du noyau d'officiers supérieurs, Omar Oussedik a tracé un tableau de notre guerre. Il a notamment mis l'accent sur la nécessité d'apporter une aide logistique à l'ouest de notre territoire.
En effet, par l'est et par le biais de l'Egypte, nous pouvions, à travers la Tunisie et la Libye, recevoir de l'armement. Par contre, de l'ouest, c'était excessivement difficile. Le gouvernement marocain n'avait pas passé de commande d'armes pour le compte de l'ALN. Nous étions donc obligés, pour nous fournir, soit de nous adresser à des trafiquants, soit de chercher une aide auprès des Espagnols. Ces derniers nous en avaient livré dans le passé. Ces armes avaient été alors partagées équitablement par Boudiaf entre l'ALN et l'Armée de libération marocaine. Cette dernière avait ensuite engagé le combat contre l'Espagne à Ifni et au Sahara occidental.
L'Espagne était mortifiée de constater que les armes fournies à l'Algérie par un général espagnol avec l'accord tacite de son gouvernement étaient utilisées contre sa propre armée. Cette source s'est évidemment tarie. Nous avions donc accordé la priorité à l'armement de l'Ouest. Nous avions également songé à des possibilités d'envoi d'armes par sous-marins à partir de l'Albanie vers la presqu'île de Collo en Wilaya II. Les Chinois nous avaient écoutés avec beaucoup d'attention. Ensuite avait commencé ce que nous appellerons le jeu du chat et de la souris.
Omar Oussedik était en l'occurrence la souris, le chat étant, bien entendu, le chef de l'état-major de l'armée chinoise. Après nous avoir fait préciser la quantité d'armes que nous souhaitions, ce dernier a déclaré en substance : «La Chine compte une armée régulière de 5 millions d'hommes très bien armés et prêts au combat, qu'elle avait une industrie de guerre, ainsi qu'une milice de 90 millions d'hommes qui n'étaient pas armés comme les dirigeants chinois le souhaitaient. Et que par conséquent, la Chine aurait des difficultés à nous fournir du matériel militaire.»
Or, c'était l'un des buts de la mission qui nous avait été impartie par le GPRA, pour ne pas dire la mission première. Le deuxième point concernait l'aide financière.
A l'époque, le budget de l'Algérie était de 8 milliards dont 4 milliards nous étaient fournis par la Fédération de France du FLN. Si jusqu'en 1957, le peuple nous fournissait l'alimentation, l'habillement, les chaussures, les abris, l'argent, à partir de cette date les problèmes de ravitaillement devenaient assez difficiles. Et ce, en raison de l'expansion des zones interdites et de la multiplication d'internements qu'ils appelaient par euphémisme centres de regroupement, afin de nous isoler du peuple.
Le chef de l'état-major nous dit alors : «Si chaque Chinois sacrifie quelques grains de riz, quelques morceaux de sucre, quelques brindilles de thé à la révolution algérienne, vous n'auriez plus de problèmes de ce genre. Mais malheureusement, la Chine est un pays sous-développé et pauvre. Notre peuple arrive tout juste à s'alimenter. Par conséquent, l'aide que vous demandez s'avère difficile, aussi bien en ce qui concerne l'approvisionnement de l'ALN, que des réfugiés.» Et le chef de l'état-major avait alors ajouté : «Il suffirait que les 700 millions de Chinois vous donnent chacun quelques centimes pour que vous ayez votre budget de guerre. Mais la Chine ne peut pas vous donner de l'argent.»
Nous avons confirmé que nous comprenions la Chine.
Nous avons émis le souhait de connaître son expérience en matière de guerre révolutionnaire. Là, le chef de l'état-major sourit et nous répondit que la Chine mettait à notre disposition sans aucune réserve toute son expérience. Ce n'était certes pas l'une des missions que nous avait fixées le gouvernement. Nous en avons, néanmoins, exprimé notre satisfaction. Puis notre chef de la délégation prit la parole pour déclarer que nous voulions renforcer les liens d'amitié entre l'Armée populaire chinoise et l'armée de libération nationale algérienne. Nous souhaitions également mieux connaître l'armée chinoise, son rôle, sa mission et mieux faire comprendre et connaître notre armée de libération, sa composante, ses objectifs, ses aspirations, son rôle pendant la guerre et celui que nous lui fixons pour l'après-indépendance.
Ce vœu émis a été accueilli avec une grande satisfaction par les Chinois. Après ces premiers échanges, le chef d'état-major nous demandera si nous n'étions pas déçus en raison de la non-satisfaction des premières demandes formulées et si cela n'allait pas influer sur le moral des combattants.
Omar Oussedik reprit la parole pour répondre au nom de la délégation, au nom de l'ALN et du CNRA. Le FLN, en déclenchant la lutte de libération nationale, savait, au départ, qu'il ne fallait compter que sur soi-même. L'aide de nos amis, de nos frères à l'extérieur ne pouvait et ne devait pas être négligée, mais que l'indépendance ne pouvait être que l'œuvre de notre peuple. La révolution algérienne se savait engagée dans une lutte difficile et de longue durée. Et dans cette lutte, il nous fallait gagner aussi bien des alliés objectifs que des alliés subjectifs, mais aussi l'opinion publique internationale encore hésitante. Nous ne sommes pas mécontents de notre mission, bien qu'elle ne soit pas encore terminée et que, de toute façon, l'ALN continuera à se battre avec la même détermination et la même volonté de victoire. L'épreuve pour notre délégation semblait être terminée.
Dans un éclat de rire, le chef de l'état-major reprit la parole en disant : «Votre mission, comme vous venez de le déclarer, n'est pas en effet terminée. Elle commence à peine. Vous vouliez armer 120 000 hommes, n'est-ce pas camarades algériens ? Est-ce que des armes pour 180 000 hommes vous donneraient satisfaction ?» Nous n'en espérions pas tant. Pour clore cet entretien, le chef de l'état-major recommanda au général Yang, notre accompagnateur — ce général avait participé à la longue marche — de nous montrer des unités militaires en manœuvre et des usines de guerre au sein desquelles nous pouvions effectuer notre choix des armes, du canon à la mitraillette, et du fusil de guerre en passant par les lance-flammes. Les visages s'éclairèrent, toute la délégation était heureuse.
Abordant la question de l'aide financière, les Chinois mettaient à notre disposition le budget de tout une année de guerre dans une banque à Genève. Et le chef de l'état-major de suggérer : «Vous pouvez de cette façon laisser vos émigrés économiquement en paix et ne pas les saigner par des cotisations lourdes.» Ce à quoi Omar Oussedik répondit que la cotisation était la marque d'un engagement au sein du FLN et le militant qui se trouvait en France devait s'acquitter de ce devoir. En aucun cas le CNRA et le GPRA ne pouvaient accepter la suppression de cette cotisation.
Le chef de l'état-major reconnut là une attitude militante qu'il appréciait. Quant aux problèmes des couvertures, de l'habillement et de la nourriture pour les réfugiés, c'était à ses yeux une si petite chose qu'il ne fallait même pas la mentionner. Il nous avait alors assurés que nous allions recevoir tout cela sans aucun problème.
Restait la question concernant l'armement pour l'Ouest et celle des sous-marins. Le chef de l'état-major déclara que la Chine ne possédait pas une flotte susceptible de répondre à cette demande. Et qu'il appartenait à la révolution algérienne d'en discuter avec les Soviétiques. Nous avions saisi la nuance. Les Chinois ne pouvaient évidemment pas prendre un engagement au nom de l'Union soviétique.
Pour mieux comprendre notre mission en Chine et lui rendre sa véritable dimension, il importe à notre avis de la relater dans ses moindres détails. Au départ, nous avions dans nos valises nos uniformes de l'ALN, nos épaulettes ainsi que nos grades. La délégation militaire était en civil.
Nous avions fait escale à Prague, où nous avions été salués par l'attaché militaire chinois. Et nous avons passé la nuit à Moscou où l'ambassade de Chine nous avait pris en charge.
Le lendemain, nous avons continué sur Irkoutsk puis Oulan-Bator où nous avons également été reçus par des attachés militaires chinois. Nous avions donc fait plusieurs escales dans des pays socialistes, mais ces derniers n'avaient prévu aucun accueil officiel à notre délégation. Nous pouvions facilement apparaître comme un groupe de touristes. Pourtant, les autorités de ces pays étaient averties de notre passage, puisque les visas nous avaient été accordés au Caire avant notre départ.
A notre arrivée, nous avons ressenti une profonde émotion, la garde d'honneur de l'Armée populaire chinoise, en grande tenue, nous attendait. Nous recevions un accueil réservé aux délégations d'Etat. Accueilli à la passerelle par le maréchal Che Yi, premier vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, notre chef de délégation a salué la garde d'honneur de Pékin qui lui présentait les armes.
Puis, nous avons écouté religieusement les hymnes nationaux de nos pays respectifs. Dans l'avion chinois que nous avons pris à Oulan-Bator à destination de Pékin, il y avait avec nous un interprète qui parlait parfaitement le français. Il nous avait mis au courant de l'accueil qui allait nous être réservé. Nous avons donc préparé le discours que devait prononcer Omar Oussedik, notre chef de délégation, et avons revêtu nos uniformes.
A l'arrivée, après présentation des membres du gouvernement et des attachés militaires accrédités à Pékin, le chef de la délégation est monté à la tribune où l'avait précédé le maréchal Chen Yi.
Dans une brève allocution, il réaffirmait la volonté du gouvernement algérien et du CNRA de renforcer les relations d'amitié entre l'Armée populaire chinoise et l'Armée de libération nationale, toutes deux forgées dans un même combat pour l'indépendance et le progrès social.
D'emblée, nous avons montré les dispositions dans lesquelles nous étions, en tenant un langage dont la signification ne pouvait échapper à aucun observateur, et en particulier aux Chinois que nous avons appelés camarades.
Cdt A.
Prochain article : Le maréchal et le colonel


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