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Tendances
Djamel Amrani, en mémoire
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 03 - 2017


Youcef Merahi
[email protected]
Je ne me rappelle plus exactement dans quelle librairie d'Alger ai-je acheté Jours couleur de soleil, énième recueil de poésie de Djamel Amrani. Oui, je ne me rappelle plus dans quelle librairie. Il faut dire qu'en ce temps-là, nous étions vers la fin des années soixante-dix, il y avait encore dans Alger la Blanche un certain nombre de librairies. Avant que certaines ne mettent la clé sous le paillasson. Il y en a une qui s'est reconvertie en revente de chaussures. C'est toujours ça ! On chausse le pied, avant de chausser le cerveau. J'ai consacré un papier au recueil de Djamel Amrani, dans lequel je disais (je m'en rappelle très bien) que ce poète déambulait dans les rues de la capitale, exhibant fièrement son dernier texte, comme pour défier l'indifférence sociale. Je cite de mémoire, naturellement. Djamel m'a reproché cette phrase. Je ne déambule pas, m'a-t-il dit, en un reproche somme toute amical. Aujourd'hui, je ne suis plus très sûr de la définition de ce verbe. En vérifiant, je constate que déambuler, c'est aller au hasard des rues ; c'est marcher sans but précis ; c'est errer, flâner. Avait-il, en ce temps-là, un chemin tout tracé, quand notre poète, le cerveau en ébullition, ivre de poésie, battait le pavé d'Alger ? Va-t-il me reprocher cette expression «battre le pavé» ? C'est de l'ordre du possible. Pardon Djamel, je reste convaincu que tu déambulais dans Alger, quêtant l'incroyable muse qui te menait par le bout du nez, jusqu'à l'insomnie fertile de nuits qui n'arrêtaient pas de blanchir. Il en est ainsi de ceux qui tentent l'aventure, sans relief, d'une poésie qui indispose, désormais, l'esprit revanchard et matérialiste.
En ce mois de mars, mois déclaré par la vox populi comme étant celui des fous, je te vois encore déambuler, mais dans ma mémoire, cette fois-ci. Tes pas lourds résonnent comme un tocsin, traînant un chapelet de souvenirs de cette période où tu hantais Alger, ta ville et ton destin, qui n'a jamais cessé de t'apporter son lot de solitude et de marginalité. A Riadh-el-Feth, c'était quand déjà, dans une des nombreuses salles de ce temple, tu es venu planter ton «arbre à poèmes». En aparté, tu me disais que le poète vit en marge de la marginalité. Je sais que tu en souffrais. Tu souffrais en silence ; il n'y avait que le poème qui recevait tes gémissements. Pourtant, en cet après-midi poétique, tu as mis en avant des poètes algériens qui voulaient dire quelque chose ; peut-être exhiber leurs tripes, face à une société sourde de trop tenter la fuite en avant. Mais laissons dire le poète : «Je sais que je m'insurge/Au haut supplice du silence/Le cœur bien haut/A la niaiserie du monde/Je sais que je m'insurge à tuer le temps/Car je viens d'autres époques/D'autres mondes/D'autres combats/D'autres ralliements/Je suis une âme errante...» (In L'été de ta peau, Ed. Sned, 1981).
En fait, ton errance – Djamel – ne s'arrête que dans l'annonce d'un poème qui vient bloquer, le temps d'une métaphore, la course de ta souffrance. Tu n'as jamais voulu reconnaître que tu traînais, comme le boulet d'un condamné, une souffrance immémoriale ; d'autant que tu as pris le risque de défier ta mémoire, elle qui a engrangé son lot de perfidies. Le temps n'épargne personne ; tu le savais fort bien, toi qui as démarré ton printemps par la torture coloniale. Tu n'en parlais jamais. Tu voulais enfouir cette infamie dans ton poème qui remuait ciel et terre, lors de nuits carnivores, juste remettre la dalle de schiste sur une blessure que tu ne méritais pas. Mais pourquoi, diantre, je remets une couche sur cette infidélité de la vie ; tu as couché ça sur papier, il y a de cela fort longtemps. Le témoin fut ton premier acte de résistance, toi qui aurais pu être un pianiste hors pair. Dans les troubles où l'héroïsme se mesure par le prix du sang, de la torture, des exécutions et du crime contre l'humanité, il est normal que toi, Djamel, poète boulimique du verbe, tu sois dans le torrent qui n'épargne personne. On en a parlé, si ma mémoire est bonne. Même si la poésie fut un dénominateur commun. Même si tu portais une solitude animale, hors des canons de notre société. Même si le soleil de l'indépendance n'a pas suffi à faire taire ta douleur. Mais, encore une fois, il y avait la poésie qui justifiait tous les écarts à la morale ambiante. Que d'hypocrisie, Djamel ! Tu as écrit les plus belles pages de la poésie algérienne. Tu es, pour moi, le poète national, par excellence. Tes poèmes devraient servir de référence (référent) à nos jeunes potaches. Paul Eluard, oui. Mais Djamel Amrani, d'abord. Il est question, Djamel, que des auteurs algériens vont intégrer les manuels scolaires ; la voilà la postérité structurante ! Mais le geste sera-t-il joint à la parole ? Je ne sais pas. J'ai appris à me méfier de tout. Je veux te citer à ce stade de mes déambulations mémorielles. Voilà ce que tu écrivais : «Et je marche dans ma tête/Comme sur un lit de mer/Je fête avec toi pour la énième fois/La nuit secourable – échec et mat — comme un joueur sur l'échiquier des vivants et des morts...», In Entre la dent et la mémoire, Ed. Sned, 1981.
C'est quand la fièvre calcine les méandres de ma mémoire que, comme pour un exorcisme, je reviens quêter une once d'espoir dans ta poésie, qui ne cesse d'inspirer mon errance du sur-place et mon attente à flanc de leurre. Djamel, le temps est au désespoir d'un lendemain qui ne projette qu'une ombre menaçante ; comme si une ruine menaçait mon entité. Nous sommes au mois de mars ; il ne pleut pas comme ce jour où la terre a repris son bien. Il ne pleut pas. Il fait anormalement chaud. Je cherche un chemin de terre, propice aux évasions, dans ta poésie, modèle de profondeur et de constance.


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