Longues. Extra-longues. Les journées de jeûne le sont incontestablement. Avançant cahin-caha, les aiguilles des montres et des horloges imitent les tortues. Bouche sèche et estomac dans les talons, les jeûneurs ont du mal à venir à bout de ces longues journées de privation. Lecture, télé, Facebook, internet, emplettes, balades... A chacun sa méthode pour tuer le temps en attendant el adhan. Leïla, 45 ans «En tant que femme au foyer, je passe beaucoup de temps à faire la popote. Je mitonne des plats et des desserts un peu plus élaborés que d'habitude. Ce qui m'occupe une bonne partie de la journée. En plus, pendant le Ramadhan, je pétris mon pain à la maison. Il y a donc de quoi faire ! Le reste du temps, j'aime bien regarder les séries télé et les émissions culinaires. Cela m'occupe et me permets de découvrir de nouvelles recettes, histoire de faire plaisir à ma famille.» Hassiba, 52 ans «La lecture est mon passe-temps favori. Pendant le Ramadhan, je ne déroge pas à la règle. Je dévore des dizaines de romans. Adhérente à la bibliothèque de l'Institut français d'Alger, j'y passe jusqu'à 3 heures par jour. C'est un endroit calme, propice à la lecture. Je suis également accro aux mots croisés. Ces moments de loisirs m'aident à m'évader et à oublier la faim et la soif.» Mohamed, 49 ans «Je flâne beaucoup pendant ce mois. J'aime faire des balades du côté du front de mer. Je traverse toute la rue Hassiba-Ben-Bouali, le boulevard Che Guevara et rejoins l'esplanade de la Sablette de Bab-El-Oued. Regarder la grande bleue, assis sur un banc, c'est juste magnifique. Parfois, un ami ou deux m'accompagnent. Le temps passe plus vite lorsqu'on discute. Il nous arrive de faire un tour au marché pour effectuer des emplettes. De retour à la maison, je ressens une bonne fatigue. Je me mets devant la télé et pique du nez jusqu'à l'heure du f'tour.» Ahlem, 39 ans «Franchement, je n'ai guère le temps de m'ennuyer. Pas d'heure à tuer non plus. Je suis tellement bousculée par mes obligations familiales et professionnelles que je ne vois pas le temps filer ! Occuper un poste de responsabilité dans une entreprise privée n'est pas de tout repos. Une double journée commence dès mon retour à la maison avec les fourneaux qui m'attendent. Le soir, je tombe comme une souche. Rebelote le lendemain.» Amar, 61 ans «Moi, pour passer le temps durant le Ramadhan, je flâne beaucoup dans les marchés d'Alger. Je vais à celui de Meissonnier puis je prends le bus jusqu'au marché des Trois horloges de Bab-El-Oued et je fais un saut à celui de Bab Azzoun. Il m'arrive même de prendre le métro pour aller au marché d'El-Harrach. Ça me permets de comparer les prix et de respirer les odeurs et les senteurs si spéciales durant ce mois sacré.» Hana, 17 ans «La journée, c'est l'ennui mortel. Je passe le plus clair du temps à dormir. Je quitte les bras de Morphée vers les coups de 15h. Le reste du temps, je le passe à tourner en rond, papoter avec mes copines sur Facebook et mater mes séries préférées sur mon ordinateur. A l'approche d'el adhan, je file un petit coup de main à ma mère. Je ne me couche jamais avant 4h du matin. Le rythme du jour et de la nuit s'inverse pour moi, surtout quand je suis en vacances, comme en ce moment.» Ahmed, 56 ans «Je passe le plus clair de mon temps face à la mer, ma canne à pêche au bout des mains. Pêcher est mon passe-temps favori. Je suis khaloui. Je me sens comme un poisson dans l'eau (rires). Ce cadre est propice à la méditation. J'oublie mes soucis et le tumulte de la ville. Et lorsque je rentre à la maison avec des poissons, Madame est tellement contente ! Elle prépare un bon repas et toute la famille se régale.» Mehdi, 19 ans «Je n'ai pas le temps de m'ennuyer. J'apporte mon aide dans un restaurant Errahma en tant que bénévole. Nous sommes un groupe d'étudiants à prêter main-forte à ce ‘'resto du cœur''. Nous mettons la main à la pâte pour éplucher les légumes, cuisiner, servir les nécessiteux et faire la vaisselle. Il nous arrive même d'aller livrer les repas à des familles démunies. Cette activité de bénévolat me permet de donner mon temps pour une cause noble. Je n'ai pas le temps de regarder mon nombril. Les journées passent très vite, dans une belle ambiance d'entraide et de solidarité.» A chacun sa petite recette pour venir à bout des longues journées de jeûne. L'essentiel étant de chasser l'ennui et d'oublier sa montre. Du moins, jusqu'aux alentours de 20h. n