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LES MOTS DU JEUDI
Songe d'une nuit d'�t� Par Ma�mar FARAH http://farahblog.ift.cx
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 04 - 2005

Les r�ves ne sont que des intervalles calfeutr�s dans l'intimit� de l'�me, de courtes parenth�ses surr�alistes jalonnant le parcours r�el, apportant joies ou peines, bonheur ou d�ceptions, voire frayeurs insurmontables. Engloutis dans le creux du sommeil, ces r�ves gardent leur secret au plus profond de notre inconscient et il n'en subsiste que quelques fragments au r�veil, l'essentiel �tant effac� � jamais.
Les sp�cialistes nous disent que ce que nous retenons des songes d'une nuit n'est que le bout, la derni�re extr�mit�. Certains d'entre-nous accordent une importance d�mesur�e � ces r�ves, allant jusqu'� les expliquer et leur donner un sens dans la vie r�elle. D'autres, s'appuyant sur les coutumes dont une bonne partie trouve son essence dans la culture musulmane, donnent � ces r�ves des dimensions proph�tiques. Vrai ou faux ? Il y a toujours l'exception qui confirme la r�gle. Et l'exemple que je vous cite aujourd'hui et qui me concerne personnellement est assez troublant, je l'avoue, pour que j'en fasse cas aujourd'hui. Libre � vous de penser que cette histoire est invent�e de toutes pi�ces, mais je crois que j'ai racont� ce r�ve � quelques amis et parents, relatant les �v�nements qui y figurent et dont certains s'accomplirent dans la r�alit� � une date post�rieure � ce v�ritable cauchemar ! J'ai fait ce r�ve en �t� 1978. Le voici : Il fait froid et c'est l'hiver je crois. Je me trouve sur une plage d�serte. Elle s'�tend sur une distance d'un kilom�tre environ. Elle est �galement profonde. On y acc�de par un chemin qui traverse une colline d�v�tue et cingl�e par des vents glaciaux. Tout � fait au fond, se dresse une cabane impersonnelle, seule ombre verticale dans la mollesse des lignes horizontales. Comme dans tous les r�ves, on flotte litt�ralement : on ne sait pas ce que l'on fait l�, ni comment on y est arriv�, ni pourquoi, ni ce que l'on attend… Il fait jour, c'est la seule certitude ! Quelle date ? O� se trouve cette plage ? Pourquoi cette couleur abstraite du ciel, de la mer et du sable ? Et d'ailleurs, ce r�ve �tait-il en couleurs ? Certains experts en la mati�re affirment que nous r�vons en noir et blanc ! Cela me para�t quand m�me un peu gros ! Parce que les cauchemars ne seraient plus des cauchemars si le rouge du sang, par exemple, devait �tre remplac� par une tonalit� de gris absolument grotesque ! J'erre dans cette plage sans savoir exactement dans quel sens cheminer. J'en suis � me demander si je ne r�ve pas (sic) quand une ombre appara�t. Il n'y a pas de doute, c'est lui. Aucun Alg�rien ne peut faire semblant de ne pas conna�tre cette silhouette longitudinale, drap�e dans un burnous noir aux bouts papillonnant dans le vent de cette rive irr�elle. C'est Lui. Je connais bien cette d�marche et ces gestes. J'ai tellement vadrouill� dans l'Alg�rie profonde en compagnie des cort�ges pr�sidentiels, j'ai tellement fr�quent� les villages socialistes et les coop�ratives agricoles � l'heure de la distribution des fameux titres d'attribution, j'ai tellement hant� les couloirs du Club-des- Pins � l'occasion de conf�rences nationales des APC, des colloques agricoles et j'en passe que je connais cette silhouette par cœur : ce front d�garni, cette moustache et ces cheveux roux et, par-dessus tout, ce regard per�ant ne trompent pas. Il n'y a pas de doute, c'est bien lui. C'est le pr�sident Boumediene. Qu'est-ce que je fais sur cette plage avec le Chef de l'Etat ? La r�ponse � cette question rel�ve de l'absurde qui alimente nos r�ves. A ce moment pr�cis, la justification para�t raisonnable ; en fait, elle ne repose sur aucune logique. Rien ne peut justifier cette rencontre. A l'�poque j'�tais journaliste � El Moudjahid sp�cialis� dans les questions agricoles et il m'arrivait souvent d'accompagner le pr�sident dans ses multiples voyages � l'int�rieur du pays, mais je n'avais pas eu l'honneur de le conna�tre personnellement ! Pourquoi est-il silencieux ? Pourquoi cet air grave ? Myst�re et boule de gomme. Mais il faut vous dire que tout cela ne me paraissait pas anormal, car les r�ves ont aussi cette particularit� de rendre communes les situations les plus extravagantes et acceptables les id�es les plus �tranges ! Vous rentrez dans le r�ve comme on entre dans une autre vie. D�barrass�s de vos habits de la veille, vous endossez un uniforme qui a la capacit� de vous transformer totalement, d'effacer tous vos rep�res et de modifier radicalement votre perception du monde et votre mani�re de penser. Donc, toutes les questions que j'ai pu me poser apr�s ce r�ve, ne m'effleuraient m�me pas � ce moment pr�cis et j'ai trouv� presque normal que des soldats arm�s jusqu'aux dents viennent vers nous d'un air mena�ant. Je n'avais rien compris � la situation, mais je la trouvais presque normale. Les soldats sont maintenant � une centaine de m�tres de nous. Boumedi�ne m'interpelle. Il n'avait pas du tout parl� auparavant. Il me lance : � Vite, � la cabane ! � Je ne comprenais toujours rien, mais devant l'insistance du pr�sident, je presse le pas, avant de courir carr�ment, emport� par le rythme de mon illustre compagnon. Au moment o� les feux claquent dans le silence nu de cette plage, nous ne sommes pas loin de la cabane : � peine une dizaine de m�tres. A l'instant o� je m'engouffre dans le cabanon par une porte b�ante, je m'aper�ois que je cours tout seul. Derri�re moi, sur le sable dor�, le sang de Boumediene a dessin� un mince filet qui coule doucement vers la mer. L'homme a rendu l'�me… Les brouillaminis extravagants de cet absurde monde relativisent le temps et l'espace au point de vous faire oublier de r�agir normalement. Vous ne comprenez pas, mais vous savez que vous ne comprenez pas pour une raison qui vous �chappe et dont vous ne percevrez jamais le secret. Et la situation la plus cocasse pour un gars qui r�ve serait d'avoir la lucidit� de s'apercevoir qu'il r�ve, tout en sachant qu'il ne peut pas y mettre un terme! Cela m'est arriv� parfois, mais pas cette fois-ci. L'aberrant voyage me transporte quelques instants plus tard dans un palais blanc qui surplombe une magnifique crique. Il ne s'agit pas de la m�me plage. Il y a du monde. Point de militaires, mais des civils bien habill�s, polis, qui m'accueillent bien. La sc�ne pr�c�dente s'efface de ma m�moire � ce moment pr�cis. On me fait rentrer dans un salon aux baies grandes ouvertes sur l'oc�an. Le temps est doux, le d�cor somptueux, la musique charmante. Un bol�ro fait valser des dames richement v�tues. Je remarque leurs longs gants blancs tout en dentelles. On m'emm�ne vers une table o� quatre joueurs disputent �prement une partie de dominos. L'un d'eux s'appelle Chadli Bendjedid. La premi�re chose qui me frappe chez lui, ce sont les cheveux blancs… Il m'invite � m'asseoir et bavarde avec moi… Quelques mois apr�s ce r�ve, le pr�sident Boumediene meurt � Alger. La bataille pour sa succession opposait deux candidats qui avaient les meilleures chances de l'emporter : M. Yahiaoui, un cacique du FLN et le ministre des Affaires �trang�res, plus lib�ral, M. Abdelaziz Bouteflika. J'avais fait part de mon r�ve � quelques amis et parents. Mais, � chaque fois que je pronon�ais le nom de Bendejdid, on ne me prenait pas au s�rieux. Mais d'o� sort-il celui-l� ? Faut pas rigoler ! Un r�ve ? Mais tu d�raisonnes Ma�mar ! Bof, l'histoire de la plage est une simple co�ncidence. Pourtant, le jour o� Krimo, notre t�lexiste sortit de son minuscule bureau en brandissant une d�p�che et en criant : � �a y est, ils ont d�sign� le nouveau pr�sident ! �, quelque chose me disait que ce n'�tait ni Yahiaoui, ni Bouteflika… Il y a deux jours, j'ai fait un autre r�ve, mais sans drame. Juste un gouvernement qui change, des ministres qui partent, d'autres qui arrivent. Rien de banal, sauf que le gouvernement inaugure un cycle de r�unions en dehors de la capitale ! J'ai m�me vu Moum�ne Khalifa d�barquer � Alger � bord d'un avion civil. Ce qui a choqu� ses amis qui s'attendaient � le voir descendre de son jet priv�. Mais je ne vous dirai pas plus, car vous me traiteriez de barjo, d�j� que ce genre d'article sur un songe d'une nuit d'�t� ne rentre pas dans les normes du journalisme bien pensant. Mais apr�s tout, ce n'est qu'un jeudi… Apr�s, ce n'est qu'une chronique libre… Apr�s tout, vous allez jeter ce journal sur la vieille table du salon, en vous disant que si chacun commen�ait � raconter ses r�ves et ses cauchemars, cela rendrait les choses plus absurdes qu'elles ne le sont d�j�. Apr�s tout, le monde est peut-�tre plus laid dans la r�alit�. Et si le cauchemar �tait bien r�el ? Mais, tant pis, nous savons que cette nuit, dans notre sommeil, nous nous �r�veillerons � sur un monde bien meilleur o� le gouvernement Ouyahia aura autre chose � faire qu'� nous rendre la vie impossible. Entre grossir les affaires de l'ANEP, monopole d'un autre �ge, tuer les petites agences de publicit� et augmenter les prix de tout, il se d�m�ne comme un diable pour abattre nos derni�res illusions Apr�s tout, ce n'�tait qu'un r�ve et, apr�s tout, ce soleil blanc et vieilli tapait peut-�tre trop fort sur ce morceau de paradis o� le sang de Boumediene a certainement s�ch� depuis. M. F.
P.S. :
Si Benchicou �crit une lettre du fond de sa cellule, elle sera certainement censur�e comme l'exige la r�glementation en vigueur. Mais si Benchicou r�ve, ils seront dans l'impossibilit� de le censurer. Alors, r�ve, Mohammed ! R�ve aux grands espaces de nos r�ves de jadis, d�ploy�s comme les ailes de l'espoir sur le monde des petites gens qui ne r�vent plus ! R�ve comme un grand canard sorti des tripes de la nuit, du ventre de la rotative, enfant� par tant de combats, fils l�gitime du g�nie et du courage. R�ve au Matin de ceux qui attendent la lev�e du jour et qui savent qu'il se l�vera t�t ou tard ! Le Matin est fait pour vivre dans la premi�re lueur de l'aurore, � l'heure o� les petits travailleurs arpentent les rues pour porter la galette chaude aux enfants. R�ve en majuscules et en couleurs pour oublier la hideur de ce monde minuscule et gris !


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