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ECOLE
A quoi servent les examens scolaires ? (1re partie)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 14 - 06 - 2017


Par Ahmed Tessa, pédagogue
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Henri Piéron (docimologue – au sujet de l'objectivité des examens scolaires à la française) : «Pour connaître sa note, vaut mieux connaître l'examinateur qui corrige la copie.»
Dans son programme de candidat à la présidence de la République française de mai 2017, Emmanuel Macron propose de réformer l'examen du baccalauréat en emboîtant le pas au système anglo-saxon. Dans ces pays anglo-saxons et scandinaves (Finlande), les modalités de passage à l'université sont plus démocratiques et de loin plus efficaces et moins anxiogènes : l'admission à l'université se fait sur des concours organisés par cette dernière. Dans ce cas de figure, le lycée ne fera que délivrer un certificat de fin d'études secondaires accompagné de fiches d'évaluation (profil de l'élève, son assiduité). Lors de ces concours, les épreuves sont moins nombreuses (qu'au bac français). Elles sont en adéquation avec la filière sollicitée. Ainsi, moins d'angoisse et de pression — les nouveaux étudiants sont mieux motivés. Les décrochages et les redoublements sont pratiquement inexistants.
Il y a de cela deux ans, feu l'ancienne ambassadrice de Finlande en Algérie disait : «Chez nous les élèves ne connaissent pas la compétition scolaire ou le stress des examens. Ce n'est qu'à l'entrée à l'université qu'ils la découvrent.» Il est vrai que lors des évaluations ponctuelles, la nature des épreuves élimine tout recours au bachotage/parcœurisme. Elles sont élaborées de façon à solliciter les fonctions intellectuelles supérieures (analyse, synthèse, esprit critique, créativité), ce qui empêche la triche et la fraude. D'ailleurs, lors des épreuves d'évaluation, les élèves sont autorisés à consulter de la documentation (par Net) pour construire leurs réponses.
Valorisée au même titre que les filières scientifiques et littéraires, la filière professionnelle et l'apprentissage y attirent jusqu'aux meilleurs élèves de fin de collège ou de lycée. Au finish, dans ces pays, le chômage est en baisse et l'économie se fortifie avec l'apport de jeunes cadres épanouis, motivés et bien formés. Dans ces pays il n'y a pas d'overdose de diplômés dans les filières «à chômage», la préparation de l'élève à l'orientation est enclenchée dès le primaire. D'ailleurs, en France, bien des diplômés des filières «à chômage» se rabattent vers des formations en apprentissage pour apprendre un métier. Avec de beaux succès ! Il paraît que cette tendance fait son chemin en Algérie : de quoi revisiter notre système éducatif dans son ensemble (scolaire, professionnel et universitaire).
Constat
De son côté, le système du bac, version franco-algérienne, ne connaît que des déboires. Heureusement qu'il y a de belles réussites et des étudiants qui font de brillants parcours universitaires. Mais à quelle proportion ? La première année d'université est placée sous le signe des abandons et des redoublements (statistiques françaises). En Algérie, depuis plus d'un quart de siècle, c'est la bérézina : certaines universités affichent des taux de redoublement effarants – de 50 à 70%. Plus grave est ce chiffre officiel : lors de l'édition du bac 2016, pas moins de 90 000 bacheliers ont demandé la filière «charia islamique» comme premier choix. Plus du tiers des nouveaux étudiants !
A défaut d'une société de scientifiques, l'Algérie va doucement vers une société d'imams – avec tout le respect que l'on doit à cette profession. Ce phénomène de rejet des filières scientifiques est récurrent depuis de nombreuses années. Cela doit interpeller les autorités politiques et l'opinion publique. Les raisons d'un tel choix massif ne peuvent provenir que de dérives pédagogiques couplées à des orientations politico-idéologiques – le tout cumulé depuis des décennies. Et c'est très grave ! Sans oublier les dépenses en argent, en temps et énergie générées par l'organisation hyper-militarisée de ces examens de fin de cycle. Des centaines de milliards de centimes engloutis chaque année pour les piètres résultats que l'on sait : taux de redoublement anormaux avec une hausse qui va crescendo en 1re année de collège, en 1re année de lycée et en 1re année d'université. La réquisition des établissements scolaires et des enseignants, ainsi que la traditionnelle semaine de préparation des candidats (en Algérie ce sont deux mois pleins dans beaucoup d'établissements des grandes villes) font que les élèves du pays sont, officiellement, en congé d'apprentissage à partir de la mi-mai. Il n'y a pas que les grèves qui amputent l'année scolaire de l'élève algérien de cinq à sept semaines de cours chaque année (un déficit en leçons/apprentissages de plus dee deux années entières cumulées sur une scolarité). L'organisation des examens de fin de cycle participe grandement à de cette amputation. Quant au plan Orsec déclenché dans chaque wilaya à chaque échéance, il dénote un état d'esprit contraire aux lois de la psychopédagogie. Tout le monde est mobilisé : l'armée, la gendarmerie, la police, les sapeurs-pompiers, les agents de la santé publique – et, depuis quelques années, les imams et les spécialistes en rokia sollicités via les écrans de certaines TV pour... donner la recette du succès.
Un autre phénomène est constaté ces deux dernières décennies. A côté du cancer des cours payants clandestins tous azimuts (caves, garages, établissements scolaires, maisons de jeunes, bibliothèques municipales, locaux d'association) et qui ont envahi jusqu'aux classes de 1re année primaire, nos élèves n'assistent pas à la correction de l'examen blanc. Face caméra, certains élèves de 3e AS affichent fièrement leur refus de le passer, lui préférant l'achat de cours clandestins. Tout comme est boudée la correction de la composition du troisième trimestre. Le tout dans une impunité totale ! Inimaginable, mais vrai !
Héritier du système scolaire de la France coloniale, le système scolaire algérien n'arrive pas à se départir de certains aspects archaïques de l'école française dans sa version ancienne. C'est le cas des examens nationaux et du contrôle des connaissances dont le baccalauréat est le symbole. C'est donc à l'aune d'une lecture historique de cet examen dont le mode opératoire est typiquement français (et francophone) que nous allons parler du bac algérien.
Cet examen est — avec le brevet et la 5e AP (la sixième), malheureusement réintroduit à des fins de sanction/sélection en 2005 — le signe évident d'une contradiction de taille qui mine la réforme de l'école algérienne.
- D'un côté, la réforme préconise (en théorie) un nouveau paradigme, axé beaucoup plus sur l'apprentissage et non plus sur l'enseignement/transmission. Il met l'élève au cœur du dispositif pédagogique. Ce paradigme postule une nouvelle approche de la pédagogie scolaire soutenue par une évaluation formative et formatrice de l'esprit critique. Ou l'école de l'excellence pour tous. La notion même de réussite – jusque-là perçue sous le prisme de la note/sanction — est chamboulée. La philosophie qui sous-tend le principe de la réussite pour tous place cette notion (la réussite) au cœur de la dynamique/synergie créée par les éléments suivants : l'évaluation/orientation, l'éducation/information aux métiers, la réhabilitation de la filière professionnelle et l'éducation globale avec un même statut pour les activités intellectuelles, artistiques, socio-éducatives et sportives.
De l'autre, et dans la pratique quotidienne, un système de contrôle des connaissances (et non d'évaluation) qui est l'émanation de l'enseignement traditionnel basé sur «la mémorisation»/bachotage et la restitution par réflexe pavlovien lors du contrôle. Ou quand la note devient, pour l'élève, le salaire de la peur... du redoublement, de l'exclusion et de l'échec à l'examen/couperet.
La thématique de l'examen de fin de cycle – s'inscrit dans une problématique plus large, irriguée – entres autres — par un concept-clé : l'évaluation du travail des élèves. Cette dernière, confondue avec l'archaïque contrôle des connaissances mémorisées, est devenue la seule raison d'être de nos élèves. Pour le petit Algérien (y compris chez certains étudiants) mais aussi chez ses parents, aller à l'école c'est seulement pour avoir de bonnes notes par tous les moyens – y compris au détriment de la morale. Il est loin d'être conscient des exigences et des objectifs éducatifs des apprentissages que l'institution lui dispense. Ainsi, il développera une relation purement commerciale avec le savoir. Dans cette course sans retenue à la bonne note, il est encouragé par des attitudes d'adultes. Certains sont mal intentionnés, c'est le cas des maquignons des cours payants ou d'ouvrages parascolaires frelatés : les partisans du statu quo. D'autres, parce qu'ils sont profanes en matière d'éducation scolaire. Dans cette dernière catégorie nous retrouvons les parents qui adhérent à cette relation commerciale au savoir que développent leurs enfants. Ont-ils le choix? diront certains. La logique du système basée sur le mérite scolaire via la note et les examens/couperets sert de carburant à toutes les dérives constatées jusque-là. Nous sommes loin des professions de foi d'une institution qui affiche, dans ses finalités éducatives, l'épanouissement global de la personnalité des élèves. Point ou peu de sport, d'activités artistiques, culturelles et socio-éducatives. Non ! la logique encyclopédique de la fin du XIXe siècle ne le permet pas : elle enferme l'élève dans les quatre murs de la classe la journée durant. Le Tout à Mémoriser et la «pédagogie de la salive» règnent en maîtres avec leur cortège de mutilations/dévitalisation d'ordre intellectuel et psychoaffectif. Nos enfants souffrent de ne point vivre leur âge, ni à l'école, ni en dehors. L'institution leur impose des horaires scolaires et une charge de travail démentiels : plus que le travailleur adulte. Faites le calcul des heures de travail accomplies par ces forçats de l'école : burn-out (= surmenage et dépression) garanti ! Espérons seulement que la stabilité du secteur, perceptible depuis peu, soit au rendez-vous afin que la stratégie mise en place depuis 2015 puisse porter ses fruits. Avec un tel constat, des questions s'imposent qui cassent des idées reçues, voire des tabous. Ces examens — dans leur forme actuelle hyper-sécurisée — sont-ils compatibles avec l'évaluation pédagogique au sens moderne du terme, laquelle sollicite chez l'élève les fonctions intellectuelles supérieures et stimule en lui la motivation intrinsèque ?
Prenons le cas du bac. Doit-il être l'unique étalon de la réussite scolaire et l'unique voie d'accès à l'université ? Pour répondre à ces question, il y a lieu de revenir aux sources originelles du baccalauréat, dans sa mère-patrie, la France.
A. T.


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