Le pr�sident fran�ais Jacques Chirac descend dans l'ar�ne alors que le "non" � la Constitution europ�enne s'enracine en France, pour tenter de renverser la tendance dans un "talk show" tr�s contest�, jeudi soir � la t�l�vision, avec des jeunes tri�s sur le volet. A six semaines du r�f�rendum sur la Constitution europ�enne du 29 mai, 53% des Fran�ais disent vouloir voter "non", selon le dernier sondage de l'institut Ipsos publi� lundi, confirmant la tendance d�sormais install�e par une dizaine d'autres enqu�tes intervenues depuis la mi-mars. "Ce n'est plus un non d'humeur, c'est un non de conviction", a estim� hier le directeur g�n�ral de l'Ipsos Pierre Giacometti dans le journal conservateur Le Figaro. Il souligne que l'hostilit� au trait� europ�en gagne du terrain � gauche, o� elle est partag�e m�me par une majorit� des sympathisants du Parti socialiste malgr� la campagne active de la direction du PS pour le oui, mais aussi � droite, en d�pit de la mobilisation du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Les Fran�ais paraissent de m�me insensibles aux arguments de la paralysie de l'Union europ�enne r�guli�rement avanc�s par leurs partenaires. Le ministre allemand des Affaires �trang�res, Joschka Fischer, avertissait encore lundi que l'avenir de l'Europe "d�pendait de la d�cision" des Fran�ais. Pour tenter de stopper cette dynamique, le pr�sident Chirac a choisi de r�pondre � l'Elys�e aux questions de 80 jeunes Fran�ais de 18 � 30 ans, tri�s sur le volet par l'institut d'opinion Sofres, devant quatre journalistes et animateurs-vedettes, lors d'une �mission t�l�vis�e. Intitul�e "R�f�rendum : en direct avec le pr�sident", l'�mission qui devrait durer quelque deux heures abordera trois grands th�mes, l'enjeu du r�f�rendum, les perspectives pour la France et l'Europe et la place de l'Europe dans le monde. Aussit�t annonc�e, l'�mission a soulev� de vives protestations, portant sur la cha�ne choisie (TF 1, priv�e), le format de l'�mission, la confusion des genres entre animateursproducteurs et journalistes, l'absence des contradicteurs politiques, la s�lection du panel de jeunes... Les soci�t�s de journalistes, d�non�ant le choix du journaliste-vedette de TF1, Patrick Poivre d'Arvor, entour� d'animateurs-producteurs Marc-Olivier Fogiel, Jean-Luc Delarue et journaliste et producteur Emmanuel Chain, pour mener l'�mission, ont d�plor� un "triomphe du marketing politique et de l'information- spectacle", protestant contre la "confusion entre information et divertissement". La pol�mique a �t� saisie au bond par les tenants du non � gauche comme � droite. Le socialiste Henri Emmanuelli, farouche opposant � la Constitution jug�e trop lib�rale, a stigmatis� une "mise en sc�ne humiliante" pour les Fran�ais. A droite, le souverainiste Philippe de Villiers a accus� Jacques Chirac de ne pas "se sentir d'attaque pour dialoguer avec des adultes", d'autres parlant de "talk-show", "mascarade" ou "paillettes". Beaucoup ont fait valoir qu'en 1992, avant le r�f�rendum sur le trait� de Maastricht, le pr�sident socialiste d'alors, Fran�ois Mitterrand, n'avait pas h�sit� � affronter ses contradicteurs, notamment Philippe S�guin, un proche de M. Chirac. L'Elys�e a cherch� � justifier ses choix par le souci du "dialogue direct avec les Fran�ais", ajoutant que le pr�sident "ne d�battra pas avec les leaders politiques" au cours de d�placements en province et d'autres �missions t�l�vis�es pr�vus d'ici le 29 mai. M. Chirac, qui a mis tout son prestige dans la balance pour l'approbation du trait� qu'il avait lui-m�me sign�, "a l'obligation de r�ussir ce rendez-vous, sous peine de saborder le r�f�rendum", r�sumait hier le quotidien r�gional L'Alsace, Le Figaro parlant d'un "rendez-vous de derni�re chance".