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Kiosque arabe
Le Nil, ce n'est pas oued El-Harrach !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 11 - 2017


Par Ahmed Halli
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Le Nil est un fleuve sacré, aussi sacré sinon plus que le Gange, mais tout aussi pollué, puisqu'en contrepartie du limon de ses crus, il charrie toutes les déjections des Egyptiens. Les hindouistes vénèrent le Gange, ils s'y baignent, s'y purifient, et en ressortent miraculeusement intacts ou indemnes, c'est du moins ce qu'on nous répète sans cesse et qu'on veut bien croire. Les Egyptiens vouaient jusqu'ici un culte sincère et sans éclat particulier au Nil, un culte basé sur une reconnaissance de ses bienfaits, au rang desquels l'existence même de leur pays. Depuis Hérodote, tout le monde sait que sans le Nil, il n'y aurait pas d'Egypte, ni de civilisations égyptienne, et poussons plus loin, il n'y aurait pas eu de pharaons, ni de Joseph, ni de Moïse. Imaginez un peu ce que serait devenue l'humanité, et le polythéisme avec elle, sans l'exode du peuple de Moussa, le passage de la mer Rouge, le brasier ardent, le veau d'or, etc. Sans oublier le nez de Cléopâtre, ce fameux nez de la tumultueuse reine d'Egypte, un appendice qui aurait, dit-on, changé la face du monde s'il avait été plus long ou plus court, selon les points de vue. Cléopâtre a subjugué Antoine, et croyait en avoir fait autant du calculateur César, un moment séduit, mais beaucoup plus obnubilé par les sortilèges du pouvoir. Chassez le naturel...
Cléopâtre n'était plus là, mais les femmes d'Egypte avaient toujours autant de charmes que les richesses du pays, puisque les deux réunis auraient suscité la convoitise du conquérant arabe Amr Ibn Al-Aas. Quoiqu'ils ne soient pas tous d'accord sur ce point d'histoire, les Egyptiens n'en aiment que plus ce fleuve sur les rives duquel est née la plus fabuleuse civilisation de l'Histoire. Le Nil, ce n'est pas encore le «Kawthar», mais c'est loin d'être l'oued El-Harrach, ce cours d'eau malodorant, sur lequel se déversent, outre les détritus, les plaintes et les sarcasmes des Algérois. Avec la construction du barrage d'Assouan, du temps de Nasser, l'Egypte a encore plus de raisons d'aimer le Nil, puisqu'il lui permet d'échapper aux sécheresses. Depuis, le pays triche moins avec lui-même et avec la foi, en se passant de l'entente cordiale, manifeste et cyclique, entre les services météorologiques et les faiseurs de pluies. Mais avec la construction par l'Ethiopie du barrage de la «Renaissance» sur le Nil bleu et les revendications des autres pays riverains, les Egyptiens ont beaucoup de soucis concernant l'avenir. En 2015, l'Egypte, qui consomme près des deux tiers des eaux du Nil, a conclu un accord avec l'Ethiopie et le Soudan pour un nouveau partage des eaux, sans pour cela calmer l'anxiété ambiante.
Aussi, les Egyptiens sont-ils devenus hyper-sensibles à tout ce qui touche de près et de loin à leur fleuve chéri, et donnent-ils libre cours à leur colère, au moindre prétexte, à la moindre futilité. La chanteuse-star Shirine Abdelwahab est en train de l'apprendre à ses dépens, puisqu'elle vient de déclencher la furie populaire à cause d'un trait d'humour très mal reçu et apprécié. Un avocat égyptien, Samir Sabri, célèbre pour ses attaques contre tout ce qui bouge, a déposé la semaine dernière une plainte contre la chanteuse pour avoir porté atteinte aux symboles et aux intérêts de l'Egypte. Selon le plaignant, les faits auraient eu lieu lors d'un concert à Beyrouth : alors qu'une spectatrice avait demandé à Shirine de chanter un de ses succès «As-tu bu de son Nil ?» Ce à quoi Shirine aurait répondu : «Fais attention, l'eau du Nil donne la bilharziose. Bois de l'eau d'Evian, c'est mieux.» Selon les attendus de la plainte, Shirine n'a pas seulement insulté son pays, mais elle a aussi porté un sérieux coup au tourisme. Un journal a même titré que les propos de la chanteuse sur l'eau du Nil avaient «suscité la terreur chez les étrangers», c'est-à-dire qu'elle a dissuadé les touristes potentiels. Immédiatement, le tout-puissant syndicat des artistes a décidé d'interdire les concerts de la chanteuse, qui passera en justice le 23 décembre prochain.
D'ores et déjà, certains médias et réseaux sociaux ont fait état d'un mandat d'arrêt international qu'aurait lancé la justice égyptienne contre la chanteuse, actuellement en tournée dans le Golfe. Bien que n'étant pas blonde naturelle, Shirine Abdelwahab est connue pour ses dérapages verbaux, mais elle dérange surtout les milieux puritains pour ses tenues de scène jugées impudiques. La chanteuse s'est défendue d'avoir voulu nuire à son pays, et a déclaré qu'elle ne se souvenait plus d'avoir prononcé de telles paroles, et ce, d'autant plus que le concert incriminé a eu lieu l'année dernière (!!). Cependant, son démenti accompagné d'une vibrante déclaration d'amour pour son pays n'a pas suffi à calmer la tempête, que chroniqueurs et rivaux jaloux ont aggravée. C'est ainsi que tout le Landerneau médiatique s'est déchaîné contre une artiste, au succès indéniable, et qui n'a pas eu l'heur de plaire aux milieux conservateurs. Plus étrange encore est le silence des personnalités égyptiennes engagées en faveur de la liberté d'expression et des droits de l'Homme, et qui semblent ignorer totalement l'évènement. Il est vrai que certains intellectuels peuvent demander où était Shirine lorsqu'ils étaient poursuivis, voire emprisonnés, pour leurs prises de position et pour la défense de leurs idées.
Toutefois, la tournure qu'a prise l'affaire Shirine rappelle un peu trop les méthodes utilisées auparavant dans des pays comme l'Egypte, où l'on se soucie très peu de la non-rétroactivité des lois et où l'on défère devant la justice sous le moindre prétexte. Encouragé par le climat ambiant, l'avocat et plaideur enragé a cru devoir en rajouter en affirmant à la télévision que Shirine Abdelwahab «était sous l'effet de la drogue lorsqu'elle a nui à son pays». Comme une touche finale pour accentuer la culpabilité de l'artiste aux yeux de son public et de l'opinion en général. Le mot d'ordre semble être donc d'en finir avec Shirine Abdelwahab, après l'avoir réduite au silence : les médias sont en train de dresser l'échafaud, il n'y a plus qu'à attendre le moment où la justice, ou ce qui en tient lieu, actionne le bourreau.


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