Par Kader Bakou La 2e Semaine de la cuisine italienne dans le monde, qui se déroule en Algérie du 20 au 26 novembre, a fait ressusciter des souvenirs dans notre mémoire. A la fin du siècle dernier, la salle El-Mouggar, mitoyenne de l'ex-hôtel Aletti, programmait une projection d'une série de courts-métrages italiens, la plupart tournés dans les régions rurales de la Sicile et de la Sardaigne et dont les histoires se déroulent au début du siècle dernier. Deux de ces films racontent des histoires humaines très émouvantes. Un paysan montre à une femme, certainement une citadine, un homme au loin : «Il est très malheureux !» Cet homme «très malheureux» est rejeté et chassé par sa mère qui ne peut même pas le regarder. Pourtant, c'est un homme bon, qui n'a jamais fait de mal à sa maman et qui ne l'a jamais abandonnée. L'homme vient chaque semaine, ramène de l'argent, des vêtements et de la nourriture, les pose près d'une pierre dans un champ, puis s'éloigne. Ce n'est qu'après son départ que sa mère vient prendre ce que lui a laissé son fils. «Mais pourquoi cette mère se comporte ainsi avec son fils ?» demande la citadine. «Cette mère a été victime d'un viol traumatisant et son enfant, devenu grand, ressemble trop à son père le violeur», lui répond le paysan. La deuxième histoire parle d'un fils qu'on dit mort en exil, en Amérique, et de sa maman qui refuse d'accepter cette évidence. Depuis des années, la mère, analphabète, va chaque mois demander à une jeune fille de lui écrire une lettre à son enfant. La jeune fille, qui sait que «l'italiano vero» est mort, n'écrit plus de vraies lettres. Elle fait semblant d'écrire juste pour faire plaisir à la femme. Plus tard, elle déchire en cachette la lettre qu'elle estime inutile de remettre à la poste du village. La mère, qui n'a jamais reçu de réponse de son fils, s'obstine. Un jour, elle demande à la jeune fille de lui donner la lettre déjà écrite et l'enveloppe fermée. Plus tard, elle l'ouvre et la montre à une autre personne pour, lui dit-elle, ajouter quelque chose. «Mais ce n'est pas une vraie lettre, il n' y a que des gribouillages et il n' y a pas d'adresse», s'étonne cette personne qui n'habite pas le village. La mère, au début en colère contre la jeune fille, éclate de joie. Si son fils ne lui a pas répondu, c'est parce qu'il ne recevait pas ses lettres. Il est donc bien vivant dans sa ville aux Etats-Unis. K. B.